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crédit : Ollie Trenchard
7 août 2020

Dreamland, de Glass Animals : le rêve, l’enfance et les doutes

par Alix Odorico

On les avait quittés avec How to Be a Human Being en 2016. Glass Animals est de retour avec Dreamland, leur 3ème album plus étoffé que jamais, où les sonorités hip-hop et RnB s’ajoutent à l’insouciance de leur pop. Un album qui évoque le rêve, l’enfance, et les grands moments de doute de la vie de Dave Bayley, chanteur et leader du groupe. 

Glass Animals

artwork de l’album

À l’évocation de Dreamland, Dave Bayley ne cache pas sa nostalgie : « Lorsque j’avais huit ans, j’avais une enseignante qui me disait toujours : « Réveille-toi, tu rêves encore, Allons ! ». Aujourd’hui encore, je rêve constamment et cette image est toujours ancrée en moi, surtout lorsque j’écrivais l’album. Je rêvassais beaucoup et ressassais ses mots dans ma tête durant tout le processus ».

Si Dave Bayley (chant / guitare), Drew Macfarlane (guitare / claviers), Edmund Irwin-Singer (basse) et Joe Seaward (batterie) sont d’inlassables rêveurs, leur troisième album n’en reste pas moins mature. Déjà, sur ZABA (2014), les jeunes d’Oxford avaient surpris par leur audace, une pop fraîche et novatrice empruntée à leurs aînés de la scène pop / indé britannique. Citons Alt-J. Pourtant, ils jugent ZABA trop timide, « trop réfléchi » disent-ils aux Inrocks. Derrière, leur expérience de la scène (Glastonbury Coachella, Lollapalooza) rendra How to Be a Human Being davantage construit, tout en gardant une part d’insouciance.

Une carapace enfin percée. Sur Dreamland, le ton est rapidement donné. À leur pop psychée s’ajoutent des sonorités hip-hop déjà croisées sur How to Be a Human Being, mais aussi des touches néo-RnB directement osées en début de LP, sur le futur banger « Tangerine », puis sur l’envoutant et sexy « Hot Sugar ». Des influences enracinées en Dave : « J’ai grandi en partie au Texas en écoutant du hip-hop. Dans ma ville, il n’y avait que deux stations de radio qui diffusaient soit de la country, soit du rap… J’ai choisi Dr. Dre et Eminem (rires) ». Caché au fond du sac, son hip-hop semble enfin s’affirmer au fil de la lecture de Dreamland, avec « Tokyo Drifting » – point culminant –  en feat avec Denzel Curry. Cette vibe apportée par l’auteur de  « Ultimate » a en partie révélé donne aussi de la longueur et du culot à l’album. Un style que Dave a pourtant eu du mal à manifester plus jeune : « Je me sentais comme un petit kid blanc d’Amérique, donc je n’étais pas à l’aise avec ça. J’avais besoin de plus de confiance en moi pour produire ce genre de musique ».

« Dans ma ville, il n’y avait que deux stations de radio qui diffusaient soit de la country, soit du rap… J’ai choisi Dr. Dre et Eminem »

 

Glass Animals

crédit : Pooneh Ghana

Si le virage hip-hop semble aussi net, c’est peut-être aussi parce qu’un malheureux accident est venu entacher la production de Dreamland. Le 9 juillet 2018, Joe Seaward, batteur du groupe, est renversé par un camion en plein Dublin. Il s’en sortira avec plusieurs fractures au crâne. Les trois amis annuleront tous leurs concerts jusqu’à la fin de l’année, et par la même occasion, devront se passer de lui pour la production de l’album : « L’idée de l’album est venue pendant des moments de chaos et de doute. Mon meilleur ami se trouvait à l’hôpital et je ne savais pas s’il allait s’en sortir. L’avenir me paraissait assez sombre et totalement incertain. J’ai éprouvé énormément de mal à penser au futur, mais malgré tout, lorsque nous faisions l’album, il se remettait et nous envoyait ses encouragements et ses bonnes vibes ». Un album construit dans la douleur donc, mais les trois comparses ont de la ressource. Hip-hop et versants RnB explorés, l’auto-tune s’invite aussi sur le projet avec le track « Melon And The Coconut ». Tout comme les relents synthpop de « It’s All So Incredibly Loud ». Le groupe n’oublie pourtant pas ce qui a fait son sel : sa pop punchy que l’on retrouve par exemple sur « Waterfalls Coming Out Your Mouth ».

 

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Évidemment touché comme beaucoup d’artistes par la crise sanitaire, les quatre amis n’ont pu, et ne pourront pas jouer de sitôt (à priori) les tracks de Dreamland sur scène. Un rêve confiné pour Dave qui trouve néanmoins d’autres moyens de s’occuper : « Nous devions jouer l’album en live dans plusieurs salles, comme à Red Rock (Colorado) mais nous avons dû nous retirer. Pour pallier à l’annulation des tournées, on essaie de trouver d’autres façons de faire de la musique et de produire ». Dave a fait le clip de Dreamland seul chez lui durant le confinement, période qu’ils ont mise à profit avec leur Quarantine Covers, des reprises de Nirvana, Lana Del Rey, Bill Whiters ou Drake partagées sur la toile. Une réussite. Selon Dave, Internet a été un moteur pour garder le moral : « C‘est ainsi que je passe mon temps : j’essaye de trouver un moyen de remplacer nos dates tout en continuant d’interagir avec notre public. Nous avons beaucoup produit grâce à Internet où nos fans peuvent aller en ligne et télécharger des sons. Nous essayons en quelque sorte de recréer certaines vibes que nous aimons dans la musique live à travers l’écran bien que ce soit délicat ». Pour la suite, Dave Bayley et sa bande ne semblent pas vouloir rester les bras croisés : « Nous sommes en train de travailler sur la réalisation d’un concert en streaming. Nous essayons de tirer au maximum profit que ce qu’internet peut nous offrir, je ne sais pas si ça fonctionnera, mais en tout cas, ce sera vraiment cool ! Avec un peu de chance, on pourra se produire en décembre prochain. Nous avons déjà quelques possibilités ». Dreamland nous fera patienter d’ici là. 

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