Hier soir, le Trianon accueillait Tricky. La veille, c’Ă©tait Johnny Halliday (information recueillie auprĂšs du vendeur de hot-dog du boulevard BarbĂšs, c’est toujours dĂ©gueu mais ils sont sympas). Si la salle du 18Ăšme aime bien les chanteurs Ă  longue carriĂšre, inutile de prĂ©ciser qu’on a sĂ©chĂ© un des deux soirs. Et c’est tout content qu’on est allĂ© revoir la lĂ©gende Adrian Thaws. 

Mais tout d’abord, les Glass Animals officient en premiĂšre partie. Leur style est tout Ă  fait adaptĂ© Ă  la tĂȘte d’affiche et ils sont trĂšs chaleureusement reçu par le public de trentenaire massĂ©s devant la scĂšne. Parfois, les quatre Anglais se frottent Ă  une ambiance plus tropicale voire dub. Mais on est loin des cocotiers niais et autres vamos a la playa. Avec des bruitages de goutte d’eau, ils installent une atmosphĂšre lourde et humide. Et tant mieux. A mi-chemin entre Massive Attack et Alt-J, ils rĂ©ussissent Ă  sĂ©duire, en partie grĂące au jeu de scĂšne du chanteur David Bayley: avec son tee-shirt imprimĂ© vert et ses mouvements possĂ©dĂ©s, on dirait un petit farfadet sous MD (et c’est trĂšs rigolo Ă  voir, promis). Le batteur, par contre, aurait pu ĂȘtre un chouia plus prĂ©cis. On pardonne.

L’attente avant Tricky n’est pas bien longue. AccompagnĂ© par Francesca Belmonte, sa muse depuis 2009, Adrian Thaws tombe vite le tee-shirt: Ă©moi dans la salle, couplĂ©s Ă  quelques regards jaloux (45 ans tout de mĂȘme!). Pendant 1h30, ils enchaĂźneront les titres, des plus anciens (comme « Pumpkin », tirĂ© de Maximquaye) aux morceaux extraits de son dernier disque, False Idols. De quoi ravir les fans de la premiĂšre heure comme les nouveaux venus. Entre deux hymnes trip-hop, une reprise rock de « Do You Love Me Now » des Breeders. Nor-mal.

Mais en dehors du rĂ©pertoire -somme toute assez classique-, le plus surprenant dans l’histoire est la maniĂšre qu’a Tricky d’apprĂ©hender un live. Au final, il n’a pas Ă©normĂ©ment participĂ© Ă  ce concert, vocalement du moins. Parce que Tricky a dĂ©passĂ© le stade de musicien: il se fait chef d’orchestre, construisant les morceaux au fur et Ă  mesure, dirigeant ostensiblement ses musiciens. Et il Ă©coute son public. Au bout d’un quart d’heure de show, un jeune homme gueule des gradins: « On ne t’entend pas!! ». Personne ne sait s’il a compris, petit flottement dans la salle. Finalement, Tricky se dirige vers Belmonte, et donne de la voix dans les deux micros en mĂȘme temps. HabituĂ©s Ă  ses chuchotements, cela sonne comme un cadeau. Évidemment, il fait monter des gens sur scĂšne, joue avec les crescendos, secoue compulsivement ses mini-dreads. Et quand, d’un large geste de la main, il fait signe aux musiciens de monter en puissance, l’ambiance explose. Puis retombe avec le decrescendo. Tout en retenu.

Meilleur moment: Dix minutes d’une merveilleuse version de « Vent » (tirĂ© de Pre-Millennium Tension). Intense!

Pire moment: Pas assez de lumiĂšre, que ce soit pendant Glass Animals ou Tricky.