Caribou, Nicolas Jaar, Richie Hawtin et 22 autres artistes posent leurs questions à Aphex Twin
On connaissait Aphex Twin peu loquace – il nous en avait d’ailleurs donné la preuve en 2011, avec une interview à l’efficacité hilarante. Pourtant, depuis la sortie de Syro, le mystérieux Richard D. James semble plus enclin à donner de sa personne. Après une interview-roman accordée à son pote du blog Noyzelab (interview depuis disparue des archives du net), il se prête à nouveau au jeu du question-réponse pour les 25 ans du magazine allemand Groove, dans une interview repérée par Sourdoreille.
25 questions posées par 25 artistes, parmi lesquels Tim Sweeney, Apparat, Richie Hawtin, Caribou, Ben Klock, Ricardo Villalobos, DJ Koze, James Holden, Nicolas Jaar, Miss Kittin, Tale Of Us et autres stars plutôt habituées à être de l’autre côté du micro. Et Skrillex.
On y parle de son nouvel album, ses anciens, de machines, de fantômes et de paysages. On vous a sélectionné le meilleur. L’interview est disponible en intégralité et en anglais sur le site de Groove.
DJ Koze: Es-tu curieux de savoir comment les gens vont réagir à ton nouvel album, étant donné que ça fait un si long moment depuis ta dernière sortie ? Est-ce que ça te rend nerveux ?
Aphex Twin : D’une certaine manière, oui, mais je pense que je le connais si bien. Je suis vraiment objectif maintenant, donc personne ne pourrait me dire dire quelque chose que je n’ai pas déjà pensé. Si tu fais quelque chose de créatif, tu dois être ton pire critique si tu veux être bon ou si tu veux que ça marche. Il faut pouvoir te dire que tu es nul pour devenir meilleur. La seule chose qui pourrait me blesser est si quelqu’un me critique, que c’est vrai et que je n’y avais pensé avant. J’ai sélectionné les pistes de mon album et les ai rendues plutôt accessibles. C’est l’un de mes albums pop, donc je sais à peu près quels genres de réactions je vais avoir.
Fritz Kalkbrenner: As-tu sorti ce nouvel album pour l’argent ?
Non. Je fais ça pour fermer un chapitre. Quand tu finis un album, c’est comme tirer un trait et tu peux continuer avec de nouvelles choses. Je sens que j’ai atteint un certain point dans ma vie. Maintenant, je peux probablement me concentrer sur certaines choses. La musique de cet album vient d’une longue période, certains de ces morceaux ont six ans.
Marcel Dettmann: Où en est Rephlex et es-tu toujours impliqué dans le label ?
C’est terminé, ça a fermé il y quelque mois. C’est donc un autre chapitre également. C’est quelque chose qu’il fallait faire depuis longtemps. Moi et mon ami nous étions éloignés, mais le label nous gardait proches. J’en suis arrivé à un point ou je préfèrerais être son ami plutôt que d’être en business avec lui. Je préfère jouer des disques de Chicago, être stoned, et ne pas parler business.
Nicolas Jaar: Un fantôme ou un esprit est-il déjà venu te parler à travers ta musique ou pendant que tu faisais de la musique ?
Oui, j’ai toujours senti une présence ou quelque chose, je ne sais pas que c’est, peut-être que c’est juste une condition humaine mais on dirait que les dieux nous regardent et font : « ah, faisons le faire ça ». Et c’est vraiment étrange, parce que l’autre jour j’étais défoncé et je suis allé au lit, et j’ai eu un énorme et intense sentiment que quelqu’un m’observait.
Caribou : Es-tu ambitieux ? Si oui, quels buts veux-tu atteindre ?
J’essaie de faire le meilleur truc imaginable – c’est ça mon ambition. Et j’essaie ça en faisant de la musique. (…)
Tale Of Us: Nous somme de grands fans de ton morceau « IZ-US ». A qui est la « big face » mentionnée au début du morceau ?
C’est mon visage. C’est mon neveu qui me parle. Il avait environ quatre ans à l’époque. Je le suivais et essayais d’avoir des samples mais il ne disait rien. Donc j’ai commencé à faire toutes ces stupides grimaces et il a dit ça. Il a 20 ans maintenant, et il connait le morceau.
Kristian Beyer (Âme): Est-ce que certains des morceaux de ce lecteur MP3 que tu as perdus ont refait surface sur internet ?
Heureusement, non! Mais cette histoire est totalement vraie, je l’ai laissé dans l’avion. Je crois qu’il y avait 80 morceaux inédits de Squarepusher aussi. Je me suis senti vraiment mal.
Luciano: Que penses-tu de l’explosion de l’EDM et de tout ces shows de lumières avec un seul mec sur scène ?
Ça va. En fait, je m’en fout de ce que les gens font. Je m’intéresse seulement à ce qu’ils jouent. Ça n’a pas de lien avec ce que je fais. Ce mec, Skrillex, j’en ai entendu parlé parce que mes enfants jouent ses morceaux. Il a l’air d’avoir bien compris la technologie. C’est plutôt pop, n’est-ce pas ? Trop pop pour moi.