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3 juin 2021

Comment devenir la pire DJ du monde, par la joueuse de tennis Andrea Petkovic

par Tsugi

À l’occasion du supplément du magazine Society, Suzanne, impulsé par Mastercard et qui met le tennis féminin à l’honneur, Tsugi dépoussière un article du print Roland édité par la FFT en 2018 à propos d’Andrea Petkovic. Joueuse atypique dotée d’un grand sens de l’humour, l’Allemande est également une adepte de bon son. Elle a voulu livrer ses secrets de DJ. Ceux qui lui permettent, selon elle, d’être « peut-être une des pires DJ du monde ».

« Si tu ne connais pas les Smiths, tu devrais, donc je vais te mettre six morceaux de suite… C’est nul, hein ? »

©Christian Mesiano

« Quand j’arrive à Roland-Garros, je regarde des films et j’écoute de la musique en français pour progresser, mais aussi parce que j’aime bien croire que je peux être un bon DJ partout où je vais. Je ne sais pas si j’ai une recette pour être un bon DJ, mais j’en ai une pour en être un très mauvais : quand je mixe dans des soirées avec mes amis, j’impose ma musique, je ne m’adapte pas à leur humeur et à leurs envies. Je suis un DJ qui éduque, je pense que les gens devraient écouter ce que j’aime ! D’ailleurs, je les force à aimer, ce qui est le pire truc à faire parce qu’au contraire, il faut se mettre à leur place. Genre : « Tu as hâte que le week-end commence ? Je vais te donner ce que tu veux… » Bref, pour ça, je suis nulle. Si tu ne connais pas les Smiths, tu devrais, donc je vais te mettre six morceaux de suite… C’est nul, hein ?

Ce qui marche bien, c’est la musique serbe, les gens se mettent rapidement à danser. Bon, d’accord, ce sont mes amis, mais quand ce n’est pas le cas, le truc consiste à servir des shots. Pas du vin ou de la bière, non. Des shots de ce que tu veux. Et tout le monde dansera. Mon truc, c’est que j’adore balancer une musique super mélancolique quand personne ne s’y attend, pour que les gens se lâchent enfin. Je ne veux pas qu’ils se suicident non plus, mais qu’ils sortent leurs vraies émotions, qu’ils ne trichent pas en faisant semblant de s’éclater.

« Je pense que je serais une super DJ dans un bar de 20 personnes ultra prétentieux à East Village, à New York. »

©NAPARAZZI

En tant que DJ, personne ne m’embauchera, jamais, alors que j’ai fait une playlist « Dance, dance, dance… » qui est super : deux chansons des Strokes, The Cure, Bloc Party, Arctic Monkeys et j’ai aussi inséré des morceaux funk des années 1970. Et puis Stevie Wonder. Je pense que je serais une super DJ dans un bar de 20 personnes ultra prétentieux à East Village, à New York. Récemment, j’ai lu un essai sur pourquoi la France a des groupes de rock pourris, et c’est plutôt limpide : comme la France a eu des succès en littérature et au cinéma, les gens les plus créatifs ont mis leur énergie là-dedans pour avoir du succès, et pas dans le rock. Ou alors sinon, j’ai une théorie : comme les gens sont beaux en France, si tu fais partie d’un groupe, il est forcément nul. Parce que pour faire du bon rock, tu dois être un vrai loser.

L’autre truc qui m’intéresse, c’est la manière dont se crée le goût musical. J’ai lu un livre qui s’appelle Let’s Talk About Love avec Céline Dion : un voyage dans la fin du goût. Ça parle de comment le goût se développe, comment ton cerveau réagit quand tu passes d’un groupe à l’autre. J’ai fait l’expérience, je n’ai écouté que la radio, sans rien écouter d’autre. Trois semaines. À la fin, Rihanna et Drake, j’ai trouvé ça pas mal. J’ai détesté The Weeknd ; j’ai aimé quelques passages de Zayn Malik et Harry Styles de One Direction… Mon problème, je crois, c’est que j’analyse trop, donc je fous tout en l’air. Bref, voilà comment on arrive à ne jamais être pris nulle part comme DJ. Pas mal, non ? »

 

 

 

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