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26 mars 2014

Yukimi Nagano (Little Dragon) : « le confort est trop dangereux »

par rédaction Tsugi

Quand on rencontre Yukimi Nagano, on découvre un bout de femme qui a grandi à droite à gauche, entre le Japon, la Californie et la Suède. Elle et ses copains de Little Dragon viennent d’arriver à Paris, et ils doivent repartir le soir même pour Berlin. Fatiguée, mais forte, c’est notre première impression. Forte, car artistiquement la jeune femme s’est fixée une véritable ligne de conduite. Et puis il faut dire que, petite fille, elle était un vrai tyran…

Tsugi : Commençons par le commencement. Le nom du groupe serait un surnom que l’on t’a donné…

Yukimi Nagano : Oui, c’est un très vieux surnom. En gros mon père avait un fort tempérament, comme tous les pères japonais de manière générale – ma mère n’est pas japonaise – et je crois que je tiens ça de lui. Il me disait souvent d’être forte, et j’ai grandi avec ça.

Quelle genre de petite fille étais-tu ?

J’étais très autoritaire justement, j’aimais donner des ordres. J’avais mes propres règles et je disais à mes amis ce qu’ils devaient faire.

Le Dragon s’est calmé depuis ?

Oui, maintenant il est très calme ! (rires)

C’était quoi ton rêve de petite fille ? Tu as toujours voulu faire quelque chose en rapport avec la musique ?

Oui, j’ai toujours été attirée par la scène, c’est ce que j’aimais. La musique m’a permis de m’échapper de la réalité, c’était un exutoire.

J’ai pu lire que tu avais été influencée par Janet Jackson…

J’aime toute sorte de musique, mais c’est vrai que j’ai toujours eu un petit faible pour Janet, d’autant plus qu’elle a toujours su s’entourer. J’aime la production, j’aime la voix, j’aime la mélodie… On passe par plusieurs émotions avec elle.

C’est de là que vient cette touche r’n’b dans le son de Little Dragon ?

Complètement.

Tu as vécu dans plusieurs endroits : au Japon, en Californie, et en Suède. Lequel de ces trois considères-tu comme ton « chez toi » ?

Les États-Unis, c’est en Californie que je me sens vraiment chez moi, à la maison.

Que signifie Nabuma ? (cf : Nabuma Rubberband le titre de l’album ndlr)

Nabuma est un nom populaire en Ouganda. Je trouvais que le mot Nabuma était bizarre, et je me suis dit qu’il ferait un bon titre d’album. Sur la pochette de l’album il y a cette petite fille en robe blanche qui saute dans les airs, elle est la représentation parfaite de notre disque.

Pendant l’enregistrement, tu as été influencée par la météo ? Erik (le batteur ndlr) me disait qu’il y a des jours où le soleil n’apparaît que quelques heures en Suède…

Peut-être. Je ne sais pas à quel point le temps peut avoir son impact, et je ne pense pas être lunatique. Après, c’est vrai que le soleil peut me rendre heureuse…

Je dis ça parce que les paroles de l’album sont mélancoliques, voire très sombres… Elles proviennent de ta propre expérience ?

Parfois oui. Je m’inspire de mon passé bien sûr, mais aussi de ce que je lis, de ce que je vois… Ce sont plein de choses qui se rencontrent.

Après trois albums comment parvient-on à se renouveler encore ?

Je pense qu’il ne faut pas trop se laisser engourdir par son propre confort. Je pense que le confort est trop dangereux. Tu ne dois pas te reposer sur ta confiance non plus. Si tu choisis de faire de la musique, tu dois toujours expérimenter, toujours aller plus loin. Parfois c’est difficile, quand par exemple tu ressens que tu veux exprimer tel sentiment de telle manière. Tu essayes plein de trucs, mais ça peut ne pas rendre comme tu le voulais.

C’est la même chose pour les concerts ?

Oui, on essaie de toujours se renouveler, même si parfois c’est compliqué. Quand tu joues beaucoup, il y a forcément des fois où tu sens que c’est juste normal. Il faut donc réussir à transformer les choses, trouver quelque chose de nouveau pour éviter toute situation confortable justement.

Penses-tu que l’on te verra avec un projet solo un jour ?

Je ne pense pas à ça, ce n’est pas mon rêve. Mon rêve est d’être avec le groupe. Bien sûr on ne sait jamais ce que la vie nous réserve, mais aujourd’hui cela ne fait pas partie de mes ambitions. J’aime enregistrer et jouer avec les garçons, faire mon truc.

Il faudrait que tu m’expliques comment est né le titre « Paris ». Il commence avec une femme qui grommelle au volant de sa voiture : « Oh mon dieu avance ! Le feu est vert ! »

(Rires) J’étais avec une amie en fait, et elle est devenue complètement folle ! Je l’ai enregistrée avec mon smartphone, je me suis dit qu’il fallait que ce soit dans l’album.

C’est si parisien, non ?

Oh oui ! (rires)

Album : Nabuma Rubberband, sortie prévue pour le 12 mai.

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