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16 septembre 2013

Yoann Gourcuff – Agoria : Rencontre à domicile

par rédaction Tsugi

Yoann Gourcuff et Agoria. Par Xavier Courraud

Footballeur talentueux mais controversé, le meneur de jeu de l’Olympique Lyonnais ne donne jamais d’interviews. Pour Tsugi, Yoann Gourcuff fait une exception pour parler deep house avec Agoria. 

Même si le football a autant d’intérêt pour vous qu’un exposé sur les normes européennes de béton précontraint, impossible d’ignorer qui est Yoann Gourcuff. Labellisé successeur de Zinédine Zidane lors de ses brillantes années bordelaises, Gourcuff coule avec l’équipe de France lors de la Coupe du monde en Afrique du Sud en 2010. Ce qui ne l’empêche pas tout de suite après d’enchaîner les records. Pas sportifs, mais financiers. Son transfert de Bordeaux à Lyon a été le plus gros transfert franco-français (22 millions d’euros) et c’est le footballeur français le mieux payé du championnat de France (6,64 millions d’euros pour la saison 2012-2013). Tout cela pour des performances transparentes (même s’il s’est repris lors des derniers matchs) en raison notamment de blessures à répétition. Le footballeur est donc très controversé, l’homme souvent raillé pour son côté « gravure de mode » (depuis quand on est responsable de son physique?). Ca, c’est pour le côté face, car il y a aussi le côté pile, celui qui nous intéresse et qui nous conduit un après-midi orageux du mois de mai à nous déplacer dans la campagne lyonnaise pour rencontrer le soi-disant souffre-douleur de Franck Ribéry. 

 

APRES LE MATCH

Au départ, il y a bien sûr Agoria, fan de l’Olympique Lyonnais depuis son plus jeune âge et aujourd’hui encore supporter assidu du club de son enfance, n’hésitant pas à se rendre à l’étranger pour soutenir son équipe: « Je suis allé les voir en Ligue des champions à Manchester en 2008. Lyon avait perdu, mais j’avais adoré l’ambiance. J’étais assis à côté de trois types qui étaient l’archétype du hooligan anglais: bombers, crânes rasés, ventres gonflés par la bière. Je n’en menais pas large mais finalement, ils se sont avérés très cool. J’étais avec deux amis et après le match, on s’est retrouvés dans un club black où nous étions les trois seuls Blancs. On nous regardait avec une tête genre : mais vous vous êtes trompés d’endroit les gars? On se faisait chambrer, mais c’était bon enfant. » Avec Agoria, le dancefloor n’est donc jamais très éloigné du ballon rond. L’inverse étant également vrai puisque certains joueurs de l’OL viennent régulièrement assister à des sets du néo-Milanais. C’est le cas du plus célèbre d’entre eux: Yoann Gourcuff.

« Mon frère qui a cinq ans de plus que moi allait dans des raves, il possédait des platines et tout jeune, je le regardais mixer très admiratif. Je ne comprenais pas à quoi servaient tous ces boutons, ça m’intriguait. C’est lui qui m’a initié aux musiques électroniques », nous raconte Yoann, très timide mais décontracté, en sirotant un expresso sur la terrasse de sa maison des monts du Lyonnais. Un goût pour l’électro qui dénote dans un vestiaire plus porté sur le hip-hop, et pas forcément la crème du genre. « Avant les matchs, les gars branchent leur lecteur MP3 sur les enceintes. C’est le rap qui domine: Booba, LaFouine. Tout ce qui est bien commercial. Je ne suis pas certain qu’ils connaissent N.E.R.D ou Kanye West et je ne vous parle même pas d’Azealia Banks que j’aime beaucoup, nous explique-t-il en connaisseur. Moi, je les laisse faire, je mets mon casque et je me passe Agoria bien sûr (rires), et surtout Paul Kalkbrenner, j’adore tout ce qu’il fait et particulièrement son dernier album. J’aime bien les trucs qui bougent avant de rentrer sur le terrain. Quand on est à la recherche de certaines émotions, la musique permet de se mettre assez facilement dans l’état d’esprit qu’on désire. C’est une des raisons pour laquelle la musique est importante pour moi. »  

 

UNE BELLE SELECTION

Pendant ce temps là, Agoria a subtilisé l’iPad de Yoann pour scruter ce qu’il y a dans le ventre de la bête. Comme on pouvait le presssentir, le numéro 8 de l’OL a des goûts plus proches de ceux du lecteur de Tsugi que de ses camarades de vestiaire. Sébastien se met à énumérer ce qu’il découvre : « Radiohead, N.E.R.D, MGMT, Santigold, Arctic Monkeys, Bashung, Metronomy, une belle sélection. »Sympa, Agoria fait l’impasse sur les Goldman, Dido ou Eros Ramazzotti que l’on a aussi repérés du coin de l’oeil. Tout le monde a droit à son jardin secret, non ?

Nous ne sommes pas au bout de nos surprises, Gourcuff se révélant être un grand fan de deep house: « J’adore ça. C’est le genre de son que je passe tout le temps chez moi. C’est un copain qui m’a fait connaître les labels Hot Creations, Crosstown Rebels. J’apprécie particulièrement Miguel Campbell et Infinity Ink. » ça tombe bien, nous aussi. Pourtant, cette salutaire ouverture musicale contribue largement à alimenter l’image répandue déun Gourcuff mal aimé et isolé au sein du groupe. Ce qu’il avoue à demi mots : « Le foot est le sport le plus individuel des sports collectifs. C’est aussi le sport populaire par excellence, il y a une grosse médiatisation. Beaucoup d’enjeux économiques et financiers. Ca engendre beaucoup de choses… » Il laisse la phrase en suspens, le regard perdu au loin. Le temps est venu de nous éclipser. Agoria promettant de lui envoyer des playlists pour lui faire découvrir Innervisions, Art Department, James Holden ou Daphni. Bravo Seb, ça va encore l’aider à se faire des copains. 

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