Years & Years: « J’essaye plus de choses »
Leur future tournée aux UK est déjà archi-complète, leur dernier EP Take Shelter cartonne, ils sont nominés aux Brit Awards 2015 : les petits gars de Years & Years n’ont décidément pas fini de faire parler d’eux. C’est qu’ils en ont fait du chemin depuis l’année dernière, quand Kitsuné les avait justement repérés et que leur single « Real» nous avait fait espérer une montée en puissance imminente. Maintenant passés chez Polydor, Olly, Mikey et Emre nous offrent ce nouvel EP, aux accents plus pop, qui ne nous laisse pas de marbre. Et le moins qu’on puisse dire c’est qu’Olly Alexander, chanteur poignant du groupe -on l’avait auparavant remarqué pour ses apparitions au cinéma et dans la série Skins- semble manifestement avoir gagné en aisance et maîtrise vocale. On a donc rencontré les Years & Years en toute décontraction lors de leur dernier passage à Paris : humbles, drôles, doués, on ne peut que leur souhaiter le meilleur pour la suite.
Comment vous êtes-vous rencontrés, et avez décidé de former un groupe ?
Olly : Mikey a déménagé d’Australie jusqu’à Londres, et voulait jouer dans un groupe. Il a mis une annonce sur internet pour un guitariste et Emre a postulé : c’est comme ça que lui et Emre se sont rencontrés. Et Mikey bossait avec quelqu’un avec qui je vivais, et du coup on s’est rencontré lors d’une fête chez moi. On voulait tout simplement faire de la musique et on a formé un groupe à nous trois !
Et toi, Olly tu te destinais déjà à être chanteur ?
Olly : Avant j’étais acteur, mais j’avais déjà fait partie d’un groupe quand j’étais à l’école, et je voulais vraiment faire de la musique.
Comment vous en êtes arrivés à signer en premier lieu sur Kitsuné ?
Olly : Nos amis de Citizens! étaient déjà chez eux, et on partageait notre studio avec eux à l’époque, c’est comme ça que Kitsuné a entendu parler de nous je pense.
Et maintenant vous avez changé de label…c’est mieux ?
Olly : On a signé avec Polydor en mars, oui. Mais on ne peux pas dire que c’est mieux, c’est différent ! Les labels indépendants et les majors, c’est complètement différent. Tout est plus grand maintenant, les salles dans lesquelles on joue, les gens qui nous soutiennent comme Sam Smith…
La musique de vos débuts était un peu différente de celle que vous faites aujourd’hui. Dans quelle direction souhaitez-vous aller ?
Olly : On aimerait avancer c’est sûr… mais on ne s’est jamais assis pour en discuter en fait.
Mikey : Ca change tous les jours, je pense !
Olly : Ca nous a pris trois ans à faire le genre de son qu’on voulait vraiment faire au final.
Emre : Personnellement, j’aime découvrir de plus en plus de nouvelles technologies !
Mikey : Au début on écoutait un peu de tout, et puis on a commencé à écouter un peu de musique club, de la house, et ça a fait son chemin…c’est un processus très organique.
Club music, house, ce sont vos inspirations du moment ?
Mikey : J’écoute toujours plein de choses différentes.
Emre : J’ai écouté beaucoup de Caribou, toute la semaine. Le nouvel album (Our Love, ndlr), est fantastique !
Olly : J’en écoutais beaucoup quand j’allais pas mal en boîte, mais je n’ai plus trop le temps en ce moment. J’écoute pas mal de R’n’B, de R’n’B alternatif du coup.
Au niveau de ta voix, on sent un peu cette influence, tu as un peu changé de façon de chanter depuis tes premiers morceaux…
Olly : Oui, il me semble. C’est comme jouer de la guitare : tu ne joueras plus de la guitare de la même façon que tu en jouais trois ans auparavant. C’est la même chose sur le chant, je suis plus à l’aise, j’essaye plus de choses. La voix c’est une partie de ton identité et quand tu grandis, ta voix évolue avec toi !
Et vous Emre et Michael, vos spécialités ?
Michael : La basse !
Emre : Moi je fais beaucoup de synthé, tout ce qui est électronique. Les atmosphères… Avant je jouais de la guitare !
Olly : Qu’est-ce qu’on entend là ? Flight Facilities, non ? J’adore ce son.
Olly, on t’a vu jouer dans plusieurs films (Bright Star, Enter The Void…), tu arrives toujours à concilier ta carrière d’acteur et de musicien ?
Olly : Non, pas du tout, maintenant c’est uniquement la musique ! J’ai arrêté de jouer il y a un an environ. J’ai décidé que je voulais uniquement faire de la musique. Je suis plus satisfait sur le plan créatif !
Pourquoi cette réprise de Sean Paul, « Breathe » ? Vous êtes fan ?
Emre : C’est juste une chanson super.
Mikey : C’était une idée d’Olly je crois. C’est une chanson que tout le monde aime bien, enfin on s’est toujours demandé si c’était un phénomène aussi gros qu’on le pensait…
Emre: Si quand même, c’était un gros truc.
Olly: Ok…mais elle a été un peu oubliée depuis, et surtout, je pense que les gens qui ont à peu près notre âge adorent les morceaux R’n’B comme on les faisait il y a dix ans.
Emre : Moi, je n’en avais pas trop écouté !
Mikey : Quand même… et puis c’est la production de Dr Dre à la base, et sur cette version ils chantent par-dessus. Moi j’ai plus été convaincu par le fait que c’était Dr Dre originellement.
Et Atu, qui a remixé votre « Take Shelter », vous le connaissez bien ?
Olly : C’est venu du label. Mais j’adore le remix, il est super bon.
« L’électronique », ça signifie quoi pour vous?
Olly : Difficile à dire. Mais quand tu peux jouer une chanson « unplugged », quand elle n’use aucun artifice et qu’elle fait encore son effet, c’est important, pour moi.
Vous avez un album de prévu ?
Emre : Sans doute l’année prochaine. On a déjà quelques chansons en préparation, on est très souvent en studio.
Vous vivez à Londres, est-ce que c’est excitant de vivre là-bas ?
Olly : En fait, je n’ai jamais trop connu d’autre ville. Mais pour moi il y a beaucoup de gens super qui font de la super musique. London c’est une super ville aussi parce qu’il y a des concerts en veux-tu en voilà.
Mikey : Je pense qu’ailleurs tu n’as pas forcément la même quantité de musique.
Olly : Mais l’inconvénient, c’est qu’il y a beaucoup de musiciens et de groupes…et donc on se sent un peu mal à l’aise parfois devant cette possible concurrence.
On a même un peu l’impression que toute l’effervescence autour de Berlin se décale progressivement à Londres, la UK bass continue son ascension…
Olly : La Grande-Bretagne a toujours eu cette belle scène underground qui arrive à exister à travers le mainstream, comme le garage par exemple.
Vous avez publié un nouveau rework il y a peu, l’originale était « I Wear You » de All We Are.
Olly : Notre manageur les manage aussi, alors on les connait bien. Ils nous ont demandé si on était motivés pour le faire et on a accepté, ça s’est fait simplement.
Emre : On va à un Karaoké de Noël avec eux. Je vais chanter « Under The Sea ».
Olly : Et moi Beyoncé. (Rires)
Emre : On a fait un karaoké à Tokyo récemment, c’était fantastique. Tu devrais y aller un jour.
Une petite anecdote de la dure vie de groupe ?
Mikey: On en a une très drôle avec Emre. (Rires)
Emre : Non, mais celle-là on ne va pas la raconter !
Allez, on ne jugera personne.
Emre : C’est plutôt une histoire honteuse, alors non. Arrêtez de me regarder comme ça ! Je ne dirai rien.
Olly : J’en ai une sinon. Une fois, on a fait une fête après un concert, et j’étais pas mal arraché. Je suis donc rentré tôt, dans mon appartement, pour être tranquille. J’étais en train de manger des Super Noodles (nouilles chinoises, nldr) en pyjama. Et là, des filles, qui étaient à la fête avant et qui ne pouvaient pas rentrer chez elles parce qu’il était trop tard, se sont pointées. En même temps que Mikey. Mikey était tellement ivre qu’il ne comprenait même pas ce qu’il était en train de se passer.
Emre : Je me souviens d’un texto de toi disant « S’il te plaît, ne laisse pas Mikey ramener ces filles à la maison ».
Mikey: Je suis désolé !
Olly : Et les filles voulaient rester à l’appart, j’ai du leur demander de partir…Ce qui était effrayant c’était qu’elles m’avaient suivi quand j’étais allé retirer de l’argent pour prendre le taxi, comme ça, sans rien dire, et qu’elles avaient essayé de monter dans mon taxi, toujours sans un mot.
Tu es un monstre !
Olly : Je sais, mais je ne suis pas une auberge ! (« I’m not a shelter », nldr)
Emre : Take shelter ! (Rires)