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©Flavien Prioreau
4 juin 2020

Un album, un livre, un film : les inspirations du génial Chassol

par Tsugi

Chassol s’amuse. Se référant toujours à son ultrascore, méthode de composition se basant sur l’harmonisation des sons du quotidien et leur synchronisation avec l’image, il livre un nouvel objet artistique avec Ludi. À la fois film, album et objet de réflexion sur l’activité du jeu, on a surtout affaire ici à une musique tout à fait accessible, faisant le pont entre expérimentation et pop, dans la lignée de ses artistes favoris.

Article issu du Tsugi 131, toujours disponible à la commande en ligne.

  • Son disque
    Don Sebesky, Giant Box (CTI) 

C’est du third stream (genre qui mélange musique savante et jazz, ndr), un genre que je trouve ultime. On y trouve des stars du jazz comme Billy Cobham, John McLaughlin, Freddie Hubbard, et un orchestre symphonique en plus. Ils reprennent en même temps l’Oiseau de feu de Stravinsky et Birds Of Fire de Mahavishnu Orchestra (composé par McLaughlin, ndr), en mélangeant les thèmes. J’adore Sebesky, j’ai étudié l’arrangement avec son livre de 1975, The Contemporary Arranger. Il a arrangé beaucoup de disques pour le label CTI, un super label de jazz des années 70, avec des albums iconiques de Freddie Hubbard ou Hubert Laws.

Hermann Hesse, Le Jeu des perles de verre

 

  • Son livre
    Hermann Hesse, Le Jeu des perles de verre

J’ai l’impression que c’est un livre qui a été écrit pour moi. C’est la biographie fictive d’un mec qui, tout petit, a une révélation par la musique en jouant des fugues, et qui arrive à lier le monde des esprits et le monde rationnel grâce à la musique. C’est le genre de bouquin qui te renverse, et une des références principales pour Ludi.

 

  • Son film
    Sergio Leone, Le Bon, la brute et le truand

Pour la musique de Morricone, pour la synchro, pour les personnages, pour l’attitude de Clint Eastwood, pour la beauté plastique du film. Je ne crois pas avoir aimé un seul film dont la musique n’était pas bonne.

 

  • Sa dernière œuvre
    Ludi
    (Tricatel)

Après Big Sun (2015), je cherchais ce que je voulais faire ensuite. Et je me suis dit que j’allais travailler sur le jeu, parce que c’est un thème où il y a énormément de choses à filmer, qui sont hyper bien à voir comme à entendre. Donc je me suis mis à bosser dessus en 2016, j’ai lu des sociologues, et j’ai relu Le Jeu des perles de verre d’Hermann Hesse. Ce roman d’anticipation qui me bouleverse, qui contient un jeu imaginaire. J’ai voulu en figurer une partie en musique, en album et en film. Je suis allé filmer pas mal de situations de jeu, une cour d’école durant la récréation, une partie de basket, les jeux d’arcade et les montagnes russes à Tokyo, et j’ai filmé un cadavre exquis avec des amis chanteurs. Pour me préparer, en guise d’entraînement, j’ai mélodifié tous les Jeux olympiques de Tokyo et Mexico. Et après avoir filmé, il fallait trouver des grilles d’accords pour relier tout ça. Donc à partir des séquences, j’ai fait un travail de couture: répéter les images, les superposer, les étirer, donner une cohérence au tout, et aboutir à un album et un live.

Article issu du Tsugi 131, toujours disponible à la commande en ligne.

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