Tsugi Podcast 604 : Apollo Noir
Il signe le podcast 604 : Apollo Noir. À l’occasion de la sortie de son album WEAPONS le 27 novembre, l’artiste auvergnat et boss du label Santé Records nous livre un mix hybride, métallique et puissant.
Remi Sauzedde alias Apollo Noir a grandi dans les bois noirs d’Auvergne. Adepte du punk hardcore et construisant au fil des années une culture musicale transversale, nourrie par l’achat de synthétiseurs analogiques qui lui permettent d’assouvir ses ambitions musicales, il nous livre aujourd’hui un mix sombre et puissant, entre brutalisme et minimalisme.
Petit prodige et lauréat de plusieurs prix ces dernières années, dont le prix du jury du Printemps de Bourges en 2018 ou plus récemment lauréat ADAMI “arts et technologies” en juillet dernier, il évolue sur le label Tigersushi du producteur éponyme, et a créé il y a un an le label Santé Records avec le producteur Botine.
Parle nous de ce podcast, qu’as-tu voulu faire ici ? Qui sont certains des artistes pour toi ?
J’ai voulu d’une part présenter des artistes que j’ai écouté pendant la création de WEAPONS. Et d’autre part, j’ai souhaité présenter quelques travaux inédits d’Apollo Noir ainsi que quelques sorties déjà parues ou à venir sur mon label Santé Records (Serguei Spoutnik, Colin, HV$VH, Peanuts, A_P + A_N, Glass). La plupart des titres qui se trouvent sur ce mix proviennent d’artistes que je connais et qui sont des proches. Cette dimension humaine est d’ailleurs très importante pour moi, bien que je sois une personne assez solitaire.
“Il y a une vraie scène alternative super ouverte d’esprit où beaucoup de personnes différentes se rencontrent et créent.
Dis nous en plus sur ton prochain album WEAPONS, que tu sors le 27 novembre…
WEAPONS va sortir sur Tigersushi avec qui je bosse depuis mes débuts mais également sur mon label Santé Records (fraîchement créé avec mon ami Botine). Plus on est de fous, plus on rit. J’ai commencé à bosser sur ce disque en 2018, en même temps que je finissais CHAOS ID. Mais je ne savais pas trop ce que je faisais (rires). Ensuite, j’ai beaucoup produit pour d’autres artistes et je n’avais pas eu le temps de me concentrer sur ma musique. Début 2020, j’ai pu me dégager un peu de temps et je suis revenu sur ce qu’allait devenir WEAPONS. En trois semaines, le disque était terminé : une grosse dose de spontanéité et de liberté m’ont permis de produire cet album super vite. J’adore bosser comme ça. Ça m’avait fait pareil pour mon premier LP A/N. Puis une fois le disque produit, j’ai proposé à Joakim Bouaziz s’il voulait mixer le disque (JK est le boss de Tigersushi, un artiste que j’adore et que je respecte énormément). C’est la première fois que je faisais mixer mes titres par une autre personne… Je sentais que j’avais besoin d’un regard extérieur sur ce projet. Joakim a accepté de suite et m’a proposé un mix 100% analogique sur sa superbe console. Pas de recall possible, histoire d’être direct et pur. Cette démarche m’a totalement plu. Côté sonique, je crois que le disque est plus agressif que mes précédents. J’avais une certaine colère à lâcher je crois , un peu comme quand j’avais 20 ans et que je jouais dans mes groupes de hardcore. J’ai d’ailleurs écouté beaucoup de rock/noise/hardcore les derniers mois (Swans, Daughters, Melvins, Jesus Lizard, Minor Threat, Metz, Black Cobra, Shellac, etc.). Je pense que ça a marqué WEAPONS dans le son mais aussi dans la démarche de création.
“Je crois que WEAPONS est plus agressif que mes précédents disques »
Quel est ton sentiment sur la scène électronique française aujourd’hui ? Et où te situes-tu dedans, si tu te situes quelque part ?
Comme je l’ai dit plus haut, je suis une personne assez solitaire et je sors très peu. J’aime aussi être en marge et me créer mon propre univers. Mais de ce que je vois, constate et ressens : j’ai l’impression qu’il se passe des tas de choses et que musique électronique ne rime plus seulement avec « techno » ou « club music ». On sent une véritable ouverture d’esprit. On peut voir cohabiter ambient, drone, jungle, expérimental, techno, indus, noise, garage etc. Je trouve ça vraiment génial. Il y a une vraie scène alternative super ouverte d’esprit où beaucoup de personnes différentes se rencontrent et créent. C’est passionnant, cette mixité permet au genre » musique électronique » de ne pas s’essouffler. Et c’est super important de la conserver et même de la pousser encore plus loin en offrant notamment plus de place aux femmes, mais aussi aux personnes plus défavorisées ou isolées. Pour ma part, je ne sais pas du tout où me situer (rires). Mais je me sens proche de certains artistes amis notamment à travers la pratique du synthé modulaire et autres geekeries (Controlrandom, Canblaster, Peanuts, Claude Violante, Botine, Adrien Pallot, Glass ou HV$VH).
Maintenant, c’est quoi la suite pour toi ?
Je suis sur beaucoup de projets en ce moment. Déjà, WEAPONS qui va sortir de le 27 novembre. Je réalise moi même deux clips qui vont accompagner la sortie. Je bosse avec Thomas Pons sur un projet de live à la fois AV, performance et expo. C’est un illustrateur de génie qui m’a fait un clip de malade pour mon titre « Unrelated To God ». C’est un projet vraiment excitant car c’est la première fois que je vais pouvoir présenter ma musique avec une partie visuelle. Jusque là, je me l’étais un peu interdit, je voulais mettre l’accent sur la musique uniquement en live . Mais j’ai cédé quand l’occasion s’est présentée de bosser avec Thomas. C’est un humain adorable et extrêmement talentueux. Nous allons mixer nos médiums durant les performances, je suis très impatient. Avec Adrien Pallot, nous avons produit un album ambient qui va sortir début 2021 sur Santé Records. Je monte un groupe entre hardcore, noise et expérimental avec mon ami artiste Serguei Spoutnik. Beaucoup de projets vont sortir sur Santé Records, ce qui me prend aussi pas mal de temps. Je continue évidemment à produire et mixer pour d’autres artistes plus « pop ». C’est d’ailleurs une facette que j’adore dans mon travail. Apollo Noir étant un projet très niche, c’est vraiment épanouissant de pouvoir en parallèle produire des musiques beaucoup plus ouvertes et accessibles, tout en utilisant des techniques assez expérimentales afin d’offrir aux artistes avec qui je bosse des sons inédits. Et puis j’ai quelques projets top secrets sur lesquels je suis, mais je ne peux rien dire à l’heure qu’il est. Enfin, mon gros objectif serait de faire une musique de film. Pas de plan encore, mais j’espère que ça va venir !
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Tracklist du podcast 604 :
- Apollo Noir – STILLS’ Excerpt I
- Nebulo – ASCII SNAKE
- Glass – crY
- Lanark Artefax – Live at No Bounds 2019
- Apollo Noir – Couteau (To be released November 27th via Tigersushi & Santé Records)
- Peanuts – Blemished Stain
- DLGHT – EXP_Inmotion
- Priscilla Ermel – Cristal De Fogo
- A_P+A_N-LXXX (To be released via Santé Records in 2021)
- Apollo Noir – STILLS’ Excerpt II
- Serguei Spoutnik – A World in A Grain Of Sand (To be released via Santé Records in 2021)
- Apollo Noir – American Spirit (Previously Unreleased from 2017)
- COLIN JOHNCO – Alyosia feat Eat Gas & Renart (To be released via Santé Records in 2021)
- Lorem x De Santis Shabara – A Thousand Steps
- Billie Eilish – Ocean Eyes (Apollo Noir Melt Remix)
- Bobby Krlic – Gassed – Midsommar OST
- Me playing Twist Of Men with an acoustic guitar while Ian MacKaye is talking about on the Power of Punk
- 18 – HV$VH – A smo be nema