14 mai 2014

Tsugi Podacst 333 : Flore

On attribue à Flore des étiquettes bien souvent breakbeat et hip-hop mais elle fait partie de ces artistes complets qui n’ont pas peur de jongler avec les univers. On compare d’ailleurs son éclectisme à ceux d’artistes prestigieux comme M.I.A ou Diplo. En 2010, Flore sortait son premier album Raw, sur lequel des personnalités comme Rodney P des Dub Pistols ou Shunda K de Yo!Majesty avaient collaboré. Aujourd’hui pas de nouvel album à l’horizon mais elle reste toujours active et diffuse sur son SoundCloud de nombreuses productions, des remixes et des mixtapes.

Si vous suivez bien, le puzzle que Flore s’est appliqué à construire depuis le début de sa carrière manquait d’une pièce maîtresse : le live. La Lyonnaise s’apprête à ajouter cette corde à son arc en présentant un nouveau projet intitulé RITUAL en collaboration avec le collectif de designers scnéniques WSK, et dont elle nous parle ci-dessous lors d’une interview sur ce projet précis. C’est à cette occasion qu’elle a concocté ce podcast, qui semble loin d’être linéaire au vu de la tracklist qu’elle nous a concocté. De Daniel Avery à Björk, des Chemical Brothers à John Cale en passant par Animal Collective, Flore fait la part belle aux grosses pointures qui ont structuré le paysage indé durant ce dernier demi-siècle (on remonte rarement aussi loin dans cette rubrique) mais aussi aux figures montantes de la musique électronique et du hip-hop. Mais une fois passé l’effet name-dropping, Flore ne tape pas dans la facilité et déroule cette playlist iconoclaste avec une extrême propreté en se jouant des conventions habituelles du mix.

Si vous ne la connaissez pas encore et qu’elle se situe dans votre agenda de festivals, voici une excellente entrée en matière à ce que vous allez vivre en grandeur nature.

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Tsugi : Comment as-tu souhaité construire ce mix ? Y a-t-il un fil conducteur ?

Flore : Ce mix risque de surprendre pas mal de gens, car je l’ai pris comme un exercice de style. J’ai souhaité présenter la bande-son qui m’a accompagné lors de mon travail sur RITUAL, le live A/V que je défends en ce moment. Le fil conducteur ? Les morceaux qui m’ont inspiré, les artistes qui m’ont influencé, soit dans leur proposition artistique, soit dans leur méthode de composition et leurs outils.

Un conseil au lecteur de Tsugi.fr qui ne te connaît pas encore et qui souhaiterait écouter ce mix, pour qu’il l’apprécie à fond ?

Avec ce podcast j’ai essayé de créer un pont entre les styles qui constituent mes fondations musicales, comme le rock psychédélique ou la drum’n bass, et des découvertes musicales plus récentes qui m’habitent en ce moment comme la musique africaine. Le résultat est assez atypique, dansant, plutôt sauvage et plaira, je l’espère, à des gens qui ne sont pas forcément hyper mordus de musiques électroniques.

Qu’est-ce qui t’a donné envie de « switcher » de ton style habituel à quelque chose de plus techno ?

Je ne considère pas avoir switché personnellement, mes influences sont toujours tribales, mais ce coup-ci, je montre mon coté sombre. RITUAL est le projet le plus personnel que je n’ai jamais fait, comme une espèce de synthèse de toutes ces années à jouer de partout, à écouter toute sorte de musique. On y retrouve par exemple mon goût pour le son « rave », j’ai découvert la musique électronique par le biais du happy hardcore anglais, puis de la drum’n bass, et bien après la techno ou l’électro. On retrouve également mon affection toute particulière pour la « transe » dans son sens premier, que ce soit le rock psychédélique, ambient ou la musique « world ». Ce projet est également plus sombre car il est plus près de mon état d’esprit de ses dernières années, je suis une jeune femme en colère 🙂

Avec qui as-tu bossé l’aspect vidéo de ton nouveau projet ? Quelles étaient tes désirs en la matière ?

J’ai collaboré avec un collectif lyonnais qui s’appelle WSK, très connu pour ses stages design aux festivals Electron de Genève,à Nordik Impakt ou au Rumble Festival à Lyon. J’avais envie de me lancer dans un projet qui bouscule mes habitudes de travail, développer un projet sur du long terme, avec d’autres artistes, sur des thèmes et des formats dans lesquels j’étais complètement novice.
J’aimais leur boulot, on a parlé du projet et on s’est mis à échanger des idées. Il nous a fallu une bonne grosse année de recherche et de préparation, mais le résultat en valait vraiment la chandelle. Ils ont réussi à retranscrire l’univers que je voulais voir se dégager lors du spectacle: fantastique & primitif. Nous avons beaucoup travaillé sur le thème du symbole par exemple.

On doit s’attendre à ce « nouveau toi » pour tes prochaines dates ?

En partie oui, nous jouons par exemple le live au Festival des Nuits Sonores le 29 mai au Transbordeur, ainsi qu’au Festival Démon D’or le 28 juin. Mais je continue également à jouer en DJ set et à organiser mes soirées POLAAR, entre Lyon & Paris.

Vas-tu jouer l’équilibriste entre tes différentes facettes à l’avenir ?

Bien sur ! Mais je préfère le mot « multicarte » au mot « funambule ». J’aime apprendre et essayer des choses. J’aime également être libre et autonome. Pouvoir jouer en live est une corde de plus à mon arc et enrichit incontestablement mon travail de DJ. J’aime beaucoup mon métier et plusieurs des ses facettes, comme par exemple l’organisation de soirées, et j’ai d’ailleurs un nouveau projet en cours, la création du label POLAAR, qui ira dans la continuité du travail accompli lors des soirées du même nom, prévue pour la rentrée. Encore une casquette de plus ! On en reparlera…