Tsugi parie sur… Tei Shi, l’interview
Avec l’EP Saudade, l’Américaine d’origine colombienne Tei Shi a sorti l’un des sommets de la fin 2013, entre R&B, dream-pop et expérimentations vocales. Elle revient pour nous sur ses origines.
D’où viens-tu ?
Je suis née à Buenos Aires, puis j’ai déménagé à Bogota, en Colombie, d’où ma famille est originaire, quand j’avais deux ans. J’ai vécu là-bas jusqu’à ce que ma famille déménage à Vancouver, à mes 8 ans. J’y ai passé la majeure partie de mon temps jusqu’à la fin du lycée, hormis une année de retour à Bogota. Et depuis j’ai vécu à Montréal, Boston et maintenant New York ! Ça a toujours été très speed autour de moi et très éclectique. Et j’ai une famille élargie donc il se passait toujours plein de choses. Même mon environnement musical était très varié.
Cette famille cosmopolite a influencé ton goût pour la musique ?
En tant qu’auditrice, évidemment, j’ai été encouragée par ma famille, qui toute entière est passionnée par la musique. Mes parents m’ont exposé à beaucoup de choses formidables dès le plus jeune âge donc mes goûts étaient peut-être un peu plus sophistiqués et variés que la plupart des enfants. Ma famille a des gênes musicaux, mes sœurs aussi ont chanté. Ma grand-mère était une chanteuse et musicienne magnifique dans sa jeunesse. Mais je suis la seule à en faire quelque chose de professionnel.
Comment t’es-tu mise à la musique ?
J’ai commencé à écrire des chansons très jeune. J’ai commencé à réellement m’enregistrer, au piano, et à créer des pièces plus construite en fac, je devais avoir 19 ans. Le projet Tei Shi en lui-même n’a vraiment commencé qu’en début d’année, même si je réutilise du matériel des deux ou trois années précédentes. La première chanson dont je me souvienne clairement date de mes 8 ans, j’avais écrit les paroles dans mon journal intime. Je ne savais pas écrire ou lire la musique mais je connaissais les notes alors j’écrivais des “do”, des “re” et des “mi” sur papier pour m’en rappeler. Ça parlait d’amour, ce donc je ne connaissais évidemment rien. Je demandais à mon amoureux pourquoi il m’avait menti et trahie et je lui demandais de me revenir. J’étais une enfant mélancolique (rires). La chanson est hilarante, mais bon pour mon âge ce n’était pas si mal.
Quelles sont tes grosses influences ? On ressent le R&B mais elles semblent plus diversifiées.
Elles sont très très larges. De Bob Dylan à D’Angelo en passant par James Blake. D’ailleurs la diversité est probablement ma plus grosse influence, mélanger des sons éclectiques. Tout part des émotions que je veux peindre, je structure les paroles et la musique pour arriver à cela.
Tu as travaillé avec un producteur qui a beaucoup compté sur l’EP. Qui est-il ?
C’est Luca Buccellati qui a produit l’EP, on a travaillé ensemble sur les arrangements, l’enregistrement et le mix. Mes démos étaient entièrement arrangées à la voix, c’est lui qui m’a aidé à rajouter des instruments. Mes idées à moi sont vocales, je parle d’harmonies et de rythmiques avec ma voix. On était à l’école ensemble, mais on ne s’est rencontrés qu’au tout dernier semestre, durant lequel on s’est rapproché grâce à la musique. Il est doué, il joue de tous les instruments, écrit sa propre musique, produit aussi. Il a plein de projets en même temps, dont son duo, Yellerkin. C’est le premier avec qui je me suis sentie assez à l’aise pour partager mes chanson, il m’a beaucoup encouragé à prendre la musque au sérieux.
Faire une musique aussi minimaliste et qui repose autant sur la voix doit demander une sacrée confiance en son travail. Comment l’as-tu acquise, cette confiance ?
C’est intéressant parce que la confiance, c’est justement ce dont j’ai gravement manqué, concernant ma musique et je crois que j’y travaille toujours. Je n’avais dit à strictement personne que j’écrivais des chansons, jusqu’à ma rencontre avec Luca. J’ai commencé à me sentir moins vulnérable avec son aide. On travaille ensemble vite et bien et depuis que ça a commencé les retours sont incroyables, dès le premier morceau. Tout a commencé à bouger si vite, je n’ai plus le choix je dois suivre le train et travailler sur ma timidité au fur et à mesure.
Ta première video a été tournée par Mac Boucher, le frère de Grimes. Comment est-ce arrivé ?
Mac est un très bonne ami à moi depuis longtemps, il a fait des photos pour moi pendant que j’enregistrais l’EP, un moment pendant lequel j’étais très penchée ciné, alors on a commencé à parler de vidéo. On a tourné ça dans leur jardin, à eux deux, pourtant je n’ai jamais vraiment rencontré Claire (Grimes, ndlr), juste une fois à un de ses concerts à Vancouver. Elle a relayé la vidéo ce qui m’a bien aidé. J’espère qu’on pourra se croiser bientôt.
Tu t’es amusée à décrire ta musique comme de la « mermaid music », de la musique de sirène , ce que chaque media reprend même si ce n’était probablement qu’une blague. Tu commences à regretter cette accroche ?
J’avais écrit ça au moment où j’ai crée ma page Facebook, je ne savais pas franchement quoi mettre dans la case “description”. Tu as raison c’était plutôt une blague, même si je pense que ça colle assez bien, finalement. J’ai toujours aimé l’idée que les sirènes existent, cette créature si belle et éthérée. Je voulais que ma musique sonne comme une sirène. Je ne m’attendais pas à ce que qui ce soit soit d’en accord avec ma vision ceci dit. Mais c’est drôle qu’on puisse l’imagine comme un sous-genre musical.
Il y a un étrange côté spirituel dans ta musique. Tu es spirituelle toi-même ?
Oui je me considère comme quelqu’un de spirituel, pas dans un sens structuré ou religieux, mais j’ai toujours été connecté à une dimension spirituelle. Je pense que toute musique, par nature, est spirituelle, de par l’étrange connexion qui se crée entre une personne et un morceau, le lien est au-delà et la logique et de la raison. La musique a toujours été très importante dans la sphère religieuse, ceci explique peut-être cela.
Es-tu religieuse ?
Pas vraiment. J’ai grandi dans une famille juive, je m’identifie comme tel, mais plutôt pour toutes les connexions culturelles que pour l’aspect religieux du judaïsme.
Quels sont tes plans pour les prochains mois ?
Les mois qui arrivent seront consacrés au live, le planning commence à se remplir pour l’année prochaine. Je dois aussi commencer à travailler sur de nouveaux morceaux et j’ai aussi quelques pistes de collaborations. Tournée plus EP ou album, voilà ce que sera 2014.
Quelle est ta chanson préférée ?
Aussi difficile que soit la question, je crois pouvoir dire que c’est “Beautiful Child” de Fleetwood Mac.
Le morceau que tu ne cesses d’écouter ces jours ci ?
“BTSTU” de Jai Paul, on repeat !
Le morceau qui n’aurait jamais du exister ?
“The Song That Never Ends” (une comptine pour enfant constitué d’un refrain répété potentiellement à l’infini, ndlr), particulièrement la version de l’émission de marionnettes Lamb Chop’s Play Along. Elle me hante depuis toujours.