Tsugi Parie Sur : SOHN, l’interview
Nous avions mis un gros billet sur SOHN dans notre numéro 57, en novembre 2012. L’occasion était parfaite pour faire le point sur son début de carrière.
Dans quel environnement as-tu grandi ?
J’ai grandi dans une famille d’amoureux de la musique, mais pas dans une famille de musiciens. Mes parents avaient toujours la radio allumée et chantaient par-dessus à longueur de temps. Je crois que mon cerveau se nourrissait directement de musique à toute heure de la journée.
Tu as vécu entre Londres et Vienne, comment ces différentes villes influencent ta musique ?
Elles ont toutes les deux leurs avantages et inconvénients. Londres est rapide, agressive même d’une certaine manière et il faut se battre pour tout : pour le succès, pour ne pas qu’on se serve de toi. Je crois que c’est une condition normale pour une ville aussi grande et bizarrement ces attitudes aident beaucoup les musiciens, ils se battent avec plus d’ardeur, ils travaillent plus leur art et pousseront plus. Ça produit très souvent de la musique très intéressante. Vienne est calme, mais la ville a une confiance en elle-même de par sa stature dans la région. Ça peut te rendre paresseux. Ce calme a sans nul doute déteint sur ma musique, et cette confiance aussi se retrouve dans mon son. Quand je commence à me sentir paresseux, je retourne à Londres pour retrouver de l’inspiration.
Quels étaient tes premiers artistes fétiches ?
Je ne sais pas. Quand j’étais plus jeune je me contentais de ce que j’entendais à la radio, la musique alternative est venue plus tard.
Comment en es-tu venu à faire de la musique ?
J’ai toujours chanté et j’ai commencé à jouer de la guitar dès mes 6 ans. J’ai acheté un 4-pistes surlequel j’ai enregistré pendant toute mon adolescence, avant de commencer à travailler sur un ordinateur de bureau et d’utiliser des millions de plug-in. Maintenant je suis revenu au hardware, aux synthés et aux drum machines.
Comment décris-tu ta musique ?
Émotionnelle, spacieuse et isolée.
Ta musique est très intime, tu veux à tout prix faire profil bas sur qui tu es malgré le buzz. Comment vis-tu cette agitation ?
J’étais terrifié par le feedback, les critiques, ce que les gens pouvaient penser de moi en tant que personne. Maintenant j’ai fait la paix avec cela. Ma musique c’est mon art, que mes gens n’aiment ou n’aiment pas mon art est acceptable. Ils ne me connaissent pas moi, ce que je cherche à prolonger. Ils ne me connaitront jamais personnellement, alors les critiques et louanges ne sont pas liées à moi directement. S’ils aiment ce que je fais c’est une bonne nouvelle j’imagine. S’ils n’aiment pas… Peut-être que je n’aime pas ce qu’ils font non plus !
Tu as fait ton premier concert en tant que Sohn au festival Eurosonic. Tu étais angoissé ?
Ma musique et mon son naissent d’une atmosphère de confiance, de calme. Je dois être en paix avec moi-même pour écrire. Jouer en live est une extension de cet état. Le show était génial, parfait et j’étais totalement calme. Je crois que ça ne peut marcher que comme ça.
D’autres concerts prévus ?
J’espère pouvoir annoncer quelque chose très vite mais rien n’est encore confirmé. Je devrais jouer une ou deux dates en France cette année.
En Angleterre il y a une vague de soul électronique depuis James Blake, avec par exemple Glass Animals ou Stubborn Heart. Des groupes dans lesquels tu te reconnais ?
Il va falloir que j’aille me renseigner parce que je n’ai aucune idée de ce qui se passe en musique dans le monde en ce moment. Je suis comme contrit dans un champ de force ici à Vienne, à faire mon truc dans mon coin. Mais j’imagine que pour qu’il y ait un tel engouement pour ma musique, c’est logique qu’il y ait un mini-mouvement du même style.
Quels sont tes plans pour la suite ?
Je veux juste laisser la vague me porter, me rouler sous la houle et m’emporter au loin.
Ton morceau préféré de tous les temps ?
Il y en a trop… Aujourd’hui c’est “Long, Long Day” de Paul Simon, pour la façon parfaite dont les paroles expriment un genre d’épuisement mélancolique finalement assez satisfaisant.
Le morceau que tu n’arrêtes pas d’écouter en ce moment ?
“Before I Ever Met You” de Banks, écoutez-le.
Le morceau dont tu es le plus fier ?
Je ne suis pas sûr de ressentir de fierté à propos de ma musique. Étrangement je ne m’en sens pas toujours responsable. J’ai toujours une sensation bizarre quand je vois qu’on décerne des prix pour la musique ou l’art, et ressentir une fierté au simple fait de lâcher l’art qui est en toi (qui n’est simplement que le produit d’une somme d’influences) me semble mauvais. Je peux aimer des choses que j’entends, et toutes ces choses se fraieront un chemin pour ressortir dans ce que je produis.
Le morceau qui n’aurait jamais du exister ?
“Scream and Shout” de Will.I.am et Britney Spears, écoutez-le et vous verrez…