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© ARTHUR WILLIAMS
9 août 2023

Tom McFarland, de Jungle : « notre amour pour la musique et le jeu n’a pas changé »

par Corentin Fraisse

Comme bien d’autres groupes, l’histoire de Jungle débute dans une chambre d’adolescent, à Londres . Mais la proposition qui en découle, elle, est unique : un duo électronique, imprégné par des vibes disco et hip-hop, repoussant toujours plus loin les limites de leur son. On a pu discuter avec Tom McFarland, moitié du duo londonien.

 

Jungle duo

Joshua Lloyd-Watson et Tom McFarland © ARTHUR WILLIAMS

Selon la presse, entre Josh et toi, tu serais le plus taiseux, le plus timide. T’es d’accord avec ça ?

Plutôt d’accord oui, surtout en interview ! Josh a toujours beauuuucoup à dire. Moi aussi mais plus calmement, à ma manière. Je pense que je communique mieux que lui, tout simplement (rires). 

 

Bientôt dix ans depuis la sortie du premier album de Jungle. Qu’est-ce qui a changé depuis ? 

Une certaine confiance en nous. Quand tu commences dans la musique, tu as parfois l’impression que les autres cherchent à trouver ce que tu fais mal, à pointer tes erreurs, à te critiquer. En particulier en Grande-Bretagne. J’avais l’impression qu’on essayait de nous coincer. C’est d’ailleurs très différent avec la presse étrangère, notamment en France. La presse française a toujours été cool avec nous. Alors merci, j’espère que ça va continuer (rires).  Je sens vraiment qu’au fil des années, on est de plus en plus calmes, plus sereins, confiants dans ce qu’on fait.

 

Justement, avec la sortie de ce nouveau projet Volcano, vous sentez que vous n’avez plus rien à prouver ?

C’est très facile de penser que tu dois impressionner les gens. Aujourd’hui on est assez vieux pour se rendre compte que ce n’est qu’un mythe. La plus grosse satisfaction vient de ton cœur, de toi, et pas des autres. L’important c’est ce que tu fais, ce que tu accomplis et le fun que tu en tires. Ce que tu arrives à faire de ta vie, avec les cartes qu’on t’a donné.

Tu vois, si je regarde les dix dernières années, objectivement… On est hyper chanceux. Deux mecs ont passé dix ans à jouer leur musique autour du monde, avec ses potes… J’ai une famille géniale. J’ai acheté une maison. Je me sens chanceux.

 

 

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Au contraire, pendant ces dix ans, qu’est-ce qui n’a absolument pas changé pour Jungle ?

Notre amour pour la musique. La passion pour « le jeu ». Mon amour pour Josh, même si évidemment il a été testé un bon nombre de fois. Je pense que parfois, tu n’es pas forcément en phase émotionnellement, même avec des personnes dont tu es très proche. Vous en êtes à des moments différents de vos vies. Et tu peux vite te dire « merde, avant on était tellement liés, proches« . Mais le lien entre nous ne s’effritera jamais.

 

Est-ce que c’est toujours simple de travailler avec quelqu’un que tu connais depuis si longtemps ? 

Oui, c’est même plus simple en fait ! Avec Joshua, on se connait depuis qu’on est enfants, donc ça aide.

 

Parce qu’avec le temps, ça peut devenir de plus en plus difficile de surprendre l’autre

Oui, et c’est d’ailleurs pour ça qu’on s’est sentis bloqués à un moment. Parce qu’on avait l’impression qu’on ne s’inspirait plus mutuellement. Dès que tu perds cette confiance de proposer de nouvelles idées, de nouvelles compos… C’est compliqué. On a eu une longue période comme ça, où on n’avait plus confiance en nos idées. Parce que c’était devenu si facile de se critiquer. Alors naturellement, chacun cachait ses trucs : « non, je ne vais pas te montrer ça, parce que je te connais et je sais que ce n’est pas assez bon ». Alors que ça n’a pas toujours été comme ça. Avant, quand il n’y avait aucune notion d’ego dans l’équation, on arrivait à partager nos idées et à savoir dire très rapidement « oui/non/oui/non ». Et puis au fil du temps, dès que l’un d’entre nous disait « non », l’autre le prenait comme une attaque personnelle.

 

Et aujourd’hui, vous avez réglé ça ? Vous semblez plus libérés sur la question.

Maintenant c’est réglé ! On est arrivés à un point où on peut être super critiques envers nous-même ET c’est constructif. C’est la seule raison pour laquelle je te donne mon opinion : c’est pour le bien de la musique qu’on crée ensemble.

Jungle Live

Joshua Lloyd-Watson et Tom McFarland sur scène © Luis Aviles

 

 

Comment avez-vous travaillé sur votre nouvel album ? Quelle était l’idée directrice du projet ?

L’énergie, la vitesse. C’est certainement la période la plus courte qu’on ait eue entre deux albums.

 

Et oui, deux ans ! Un laps de temps plus court, ça vous évite aussi de sur-réfléchir au moment de composer ?

Exactement ! On a même sorti deux singles l’an dernier, ce qui était nouveau pour nous : « GOOD TIMES » et « PROBLEMZ », un titre qu’on a gardé pour Volcano. 

On a voulu travailler plus vite, pour éviter d’être trop critiques envers nous-même. Pour essayer de ne pas tuer nos idées trop vite. Parce que c’est très facile de lancer une idée, et de l’éditer-mixer trop tôt. Imagine que tu écris un livre : tu finis le premier paragraphe, et avant d’écrire le reste du bouquin, tu commences par reprendre ton premier paragraphe. Ça ne marche pas, tu penses forcément que c’est de la m**de. Alors tu supprimes ce que t’as fait, et au final tu n’as rien écrit. Alors que si t’avais continué à écrire pour finir le livre, pour faire une deuxième lecture, tu aurais pu améliorer ton premier jet. Si tu jettes directement ton premier paragraphe, tu n’as pas de bonnes fondations pour ton travail.

Donc ce qu’on a voulu faire dans Volcano, c’est bâtir des fondations assez vite. Pas d’editing, juste de la création. Création, création, création. Et puis on s’est mis trois ou quatre semaines dans un studio pour faire tout l’editing d’un seul bloc. Parce qu’on avait l’idée générale, et tous les titres en tête

 

 

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L’un des singles sortis avant l’album, c’est le très efficace « I’ve been in love« . De quoi parle exactement la chanson, quelle était l’idée ?

Cette chanson c’est simplement la joie ! La première idée qui est venue c’est le « I’ve been in love »[il chante]. C’est juste nostalgique, romantique. Mais c’est aussi « I’VE BEEN in love » : donc « j’étais amoureux », sans contexte. Il y a toujours cet élément de mystère sur ce que ça veut vraiment dire. J’aime que ça soit simple et compliqué à la fois, en quelques mots.

 

 

Jungle entretient un lien fort avec la danse, que ce soit dans vos clips ou vous-même sur scène. Vous avez beaucoup travaillé avec la chorégraphe Nat Zangi, on peut en parler ?

Bien sûr, avec plaisir ! Elle a travaillé avec notre groupe Jungle sur les clips du second album. Et puis elle est carrément venue chanter avec nous en live, partir en tournée avec nous. Elle nous a ouvert pas mal de portes, nous a fait rencontrer ceux avec qui on bosse encore aujourd’hui. Maintenant elle est chorégraphe pour de gros artistes, elle est « movement director » pour développer l’aisance scénique des artistes sur scène. Elle est vraiment incroyable.

 

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Et pourquoi Jungle est si attaché à la danse ? 

C’était si évident pour nous : si on fait de la musique pour que les gens dansent, alors la plus belle chose c’est de regarder quelqu’un danser dessus. Pour nos clips, on ne voulait pas créer des histoires compliquées. On voulait trouver un style qui soit unique, qui nous rende identifiable : des danseurs, un seul plan-séquence, pas de montage.

 

 

En fait, c’est comme ça que vous avez mis votre album en avant. Vous n’aviez pas encore montré vos visages, certains spectateurs vous confondaient même avec vos danseurs. L’idée, c’était que l’auditeur se concentre seulement sur le côté artistique ?

Très simplement, oui ! Je pense qu’on a aussi grandi avec le fait que les artistes, avant, gardaient un certain côté invincible, inaccessible. On a mis longtemps à savoir qui était Daft Punk. Et même, on ne savait pas vraiment qui était David Bowie, qui sont Justice, les Strokes etc. Parce que ces groupes-là ne postent que rarement sur leur compte Instagram (s’ils en ont), parce qu’ils n’ont pas grandi dans l’ère des réseaux sociaux.

 

Alors vous avez voulu vous inspirer de ça, dans un sens ? 

Pour nous, ne pas tout savoir à propos des artistes que tu aimes, ça te permet de créer une image d’eux dans ta tête. Et je pense que ça crée un attachement plus fort avec eux. Comme avec les livres : quand tu lis un roman, tu ne sais pas à quoi ressemblent les personnages. Donc tu te crées une image d’eux. Et quelque part, tu t’attaches plus à eux émotionnellement qu’en regardant un film. On voulait que le public puisse retrouver ça avec Jungle.

 

Tout le monde ne le sait pas mais vous jouez régulièrement en DJ set, comme au Bois de Vincennes pour la Fête de la Musique par exemple. Quel genre de musique jouez-vous ?

[Il ouvre son PC et fait écouter les titres qu’ils ont joués à Vincennes. On passe de Kaytranada à Alan Dixon en passant par Tom Santa et Bicep

Juste des trucs ‘funs’ : un peu de house, de disco, de garage house… Un peu de Kaytranada, de Bicep, quelques remixes de nos titres… Ça c’est vraiment cool par exemple : « Make Me » de Borai & Denham. Bref des morceaux cools, entre joie et excitation, qui donnent envie de danser ! C’est ça aussi Jungle.

 

Avec Josh, vous avez les mêmes références en termes de musiques électroniques ?

Finalement, oui ! On aime juste quand ça sonne bien, et on s’accorde souvent sur les mêmes choses. On a évidemment grandi en écoutant la French Touch. Ça a représenté une ééééénorme part de ma vie. Tout ce qui sortait d’Ed Banger. J’adorais Cassius… C’est tellement simple de dire Daft Punk et Justice ! Mais ils sont stupéfiants. J’ai eu la chance de voir les deux groupes en live, et à chaque fois… [il mime sa tête en train d’exploser] Des artistes incroyables, qui avaient LEUR truc, et faisaient les choses à leur manière. C’était fou de vivre ces moments, enfant, d’écouter leur musique avec tous mes amis.

Jungle Studio

Joshua Lloyd-Watson et Tom McFarland au studio © LYDIA KITTO

 

Rapidement, c’est quoi une bonne chanson de peak time ?

Mmmmh… Je vais dire « I Wanna Be Your Lover » de Prince. Parce que c’est ma chanson pop préférée.

 

Et une très mauvaise chanson, pour vider le dancefloor ? 

C’est tellement subjectif… Mais quand même, n’importe quelle compo par Louis Tomlinson ou Zayn Malik (deux ex-One Direction). Le seul bon membre des One Direction, c’était Harry Styles ! Aujourd’hui c’est un roi (rires).

 

Rappel : Volcano, le nouvel album de Jungle, est sorti vendredi 11 août :

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