tINI : entre Berlin et Ibiza, DJ avant tout
Tignasse bouclée, accent allemand et renommée internationale : discrètement, la DJ partagée entre Berlin et Ibiza a su imposer son style porté vers l’underground, via notamment ses soirées « tINI And The Gang ». On a profité de la fin de saison d’Ibiza pour discuter avec tINI de sa résidence à Cocoon, de ses folles soirées au Rex ou de l’absurdité actuelle qui oblige les DJs à s’improviser producteur pour être plus souvent bookés.
Comment se passe ta résidence à Cocoon ?
C’est incroyable, j’ai joué avec Ilario Alicante, avec Sven Väth, et pour la première fois j’ai été programmée dans la Main Room de l’Amnesia, où je mixais pendant trois heures et demi. C’était une des plus grosses nuits de l’été à Cocoon je pense : il y avait Richie Hawtin et Sven Väth sur la terrasse, et Dubfire, KiNK en live et moi dans la Main Room. Je n’avais jamais vu l’Amnesia aussi plein je crois, avec une très bonne vibe. Je jouais en même temps que Sven, alors j’avais peur de jouer devant une salle vide… Mais au final il y avait tellement de monde que c’est allé ! (rires)
Tu as sorti un album, Tessa, sur lequel on entend une jeune femme parler en français, sur le titre « Blond Galipette ». Pourquoi ?
J’ai enregistré la majorité des vocaux de cet album avec un iPhone. J’étais toujours en train d’enregistrer mes amis. Je crois qu’on sortait du Rex Club à Paris quand j’ai enregistré ces phrases en français. Mes amis parisiens m’appellent « Blonde Galipette » parce que je suis un peu hyperactive, je saute toujours un peu partout et cette nuit-là j’ai fait des galipettes devant l’entrée du Rex… C’est resté !
Tessa date de 2011, et depuis, plus rien…
Oui, il est sorti il y a un certain temps… Je produis toujours pas je ne sors pas les morceaux. J’ai un studio à la maison avec tout ce qu’il me faut pour composer, mais ça bloque toujours au moment de sortir les titres : je ne suis jamais vraiment satisfaite de ce que je fais, j’ai toujours envie de changer un petit détail, ça n’en finit pas !
Et si un jour cet album sort enfin, ce serait sur quel label ?
Il y a beaucoup de labels géniaux, mais l’idée si j’arrive enfin à finir cet album serait de le sortir sur un label que j’irai créer pour l’occasion. C’est aussi pour ça que je n’arrête pas de repousser ce disque, parce que c’est un gros chantier…
C’est compliqué aujourd’hui d’exister en tant que DJ sans produire à côté, non ?
Dieu merci, on peut encore réussir en étant « seulement » DJ. Je trouve ça complètement con que ces derniers temps il faille absolument produire pour se faire un nom et être booké. Quelqu’un peut ne pas être un très bon producteur mais être excellent en set, comme quelqu’un peut composer super bien mais ne rien y connaître au Djing – sauf que ces derniers vont se faire booker car ils ont sorti des morceaux. Il y a tellement de DJs aujourd’hui, que c’est vrai que d’avoir un bon titre qui tourne partout est un moyen pour se faire connaître. Mais encore une fois, tout le monde n’est pas bon à produire, alors il y a des ghosts-producers qui font le morceau à leur place pour que des DJs peut-être moyens fassent le tour du monde. Heureusement, j’ai des amis très bon en DJ-set, qui n’ont jamais rien sorti et qui tournent tout de même un peu partout – ça devrait être tout le temps comme ça selon moi.
Tu as essuyé un coup dur cet été : tINI And The Gang, tes fêtes gratuites de fin d’après-midi, ont dû être déplacée en soirée à l’Underground car le No Name ne pouvait finalement plus les accueillir…
Nous avons déjà eu des problèmes l’année dernière, c’est toujours une histoire de licence. Le lieu qui devait nous accueillir n’avait pas les bons papiers, alors la police a commencé à tout contrôler. Je ne vais pas leur reprocher quoique ce soit, ils font juste leur travail. Alors bien sûr je suis un peu déçue, mais l’Underground nous offre une bonne consolation, c’est un de mes endroits préférés à Ibiza et il correspond bien à l’ADN de tINI And The Gang. En tout cas ça ne m’est pas venu à l’idée d’abandonner et de ne plus faire de tINI And The Gang après ces deux étés un peu compliqués.
Il y a eu beaucoup de problème cet été à Ibiza, avec notamment des perquisitions à la chaîne dans de gros clubs. Quelle est l’atmosphère là-bas ?
Ibiza a toujours été un endroit où tu peux t’attendre à ce genre de scandales… Le genre de trucs où la police trouve de l’argent dans les murs… (rires) (c’est exactement ce qu’il s’est passé à l’Amnesia, ndr). Mais bon, j’étais quand même assez surprise quand j’ai lu ce qu’il s’était passé. Quant à l’ambiance sur l’île, elle n’a pas changé : show must go on !
Ce 20 septembre, tu vas jouer pour la fermeture du Space, le club fétiche de Carl Cox… Ça fait quoi ?
Depuis sept ans c’est une peu une tradition avec les gens du Space que de m’inviter à jouer à la closing de la saison… Alors forcément, celle-ci, où je vais mixer pour la dernière fois là-bas pour la toute toute toute dernière soirée de Carl, ça va me rendre un peu triste. Et puis la première fois que je suis venue à Ibiza, avant que je sois DJ, c’était pour aller au Space ! J’ai tellement de souvenirs là-bas, c’est super triste que ça se termine comme ça. C’est assez représentatif des changements que l’on voit à Ibiza depuis quelques années, même si l’île regorge encore de fêtes géniales. Certains changements sont bons, d’autres moins, je n’ai pas envie d’être trop radicale. Mais j’ai l’impression que, dans l’ensemble, Ibiza devient de plus en plus snob, et c’est en tout cas ce qu’on m’a dit du « futur Space ».
Et quels sont tes projets après cette saison ?
Je vais continuer à tourner, notamment en Amérique du Sud pour mes soirées Tini and the gang, et je vais prendre quelques semaines cet hiver pour travailler sur mon album – peut-être que je vais enfin réussir à le finir !
Les fêtes tINI And The Gang ne sont gratuites qu’à Ibiza…
C’est difficile de maintenant le concept gratuit partout… Mais on essaye de faire en sorte que les places soient aussi peu chères que possible, on essaye de trouver des lieux en extérieur, pour que ça représente au mieux l’esprit que l’on a à Ibiza. Peut-être qu’on va accepter de faire de plus en plus de soirées en intérieur, car beaucoup de clubs et de gens le demandent… Mais le concept sera toujours le même : faire venir de bons DJs, pas forcément des têtes d’affiche, pour proposer à de nouveaux artistes une plateforme déjà bien installée pour se faire connaître.
Quand est-ce qu’on en aura une en France ?
J’aimerais bien ! Mais pour l’instant, rien de « concret »… Même si Concrete serait un super lieu pour ça !
La closing de tINI And The Gang se tiendra à l’Underground le mardi 13 septembre. Elle sera également au Space pour la dernière soirée du club, avec Carl Cox, le 20 septembre, tandis que sa dernière résidence à Cocoon sera le 26 septembre.