Theophilus London : « J’ai déjà réussi, juste en étant moi »
Chapeau rouge et veste ton sur ton, Theophilus London nous reçoit attablé avec un grand verre pétillant d’aspirine : il enchaîne les interviews et les shootings depuis ce matin et paraît ne faire plus qu’un avec le canapé cramoisi de l’hôtel Amour. La journée – et particulièrement la nuit dernière – semble avoir été longue. Quelques mots donc sur un deuxième album réussi, album teinté de soul, jazz, hip-hop et inspirations diverses et qui sort aujourd’hui: Vibes. Mais surtout sur sa vibe à lui.
Comment ça va ta tête ?
Comment tu sais ? Toute ma vie personnelle est exposée ici alors ! Mais je n’ai pas bu hier soir, c’était pour le travail et des trucs comme ça. Je devais être là, sourire et promouvoir mon album.
Le travail… Kanye West est le producteur de ton album, comment c’est arrivé ?
Par hasard. J’aurais jamais pensé qu’il aime ma musique, et maintenant on fait de la musique ensemble…c’est un peu un rêve.
Comment ça s’est passé, il t’a juste contacté ?
Oui, il m’a contacté pour qu’on aille trainer un peu ensemble. J’étais dans un bar avec lui et il m’a dit simplement « je veux t’aider ».
Il s’est passé la même chose avec Brodinski, qui a collaboré sur Vibes ?
Brodinski était la première personne avec qui je voulais travailler sur cet album, j’ai tout de suite pensé à lui. Je ne me souviens pas vraiment comment on s’est rencontré, en me baladant à Paris certainement. Et d’ailleurs j’aime beaucoup sa musique, ce qu’il fait.
Tu as aussi fait un featuring avec Soko sur ‘Smoke Dancehall’?
J’ai passé deux semaines un peu folles avec elle. Elle est très tendue comme fille… pour elle il y avait un temps pour tout : manger, faire du yoga, enregistrer en studio. Je lui ai dit que ça ne marchait pas comme ça, qu’on devait s’écouter entre musiciens, s’écouter raconter des histoires. Mais elle nous pressait toujours : « Allez les gars, c’est bien joli de faire la fête, mais il est temps d’aller travailler ». Mais c’est la seule fille qui est sur l’album, on a voulu faire un truc à la Serge Gainsbourg…
…en effet, on l’entend dire « fais-moi mal, aime-moi» sur l’interlude de ‘Smoke’…
Oui voilà, « aime-moi, baise-moi » !
Depuis ton premier album, qu’est-ce qui a changé dans ta vie, dans ta musique ?
Je suis plus heureux, et ma musique est meilleure, tu as remarqué ?
On dit souvent que les élèves dépassent leurs maîtres, qu’est-ce que tu en penses ?
Oui, j’espère qu’un jour je pourrai être aussi bon que Karl Lagerfeld par exemple, ou même meilleur. Mais maintenant, je suis encore un élève de la vie !
Tu parles de Karl Lagarfeld – qui a d’ailleurs fait l’artwork de ton album -, ça signifie que tu veux réussir dans la mode plutôt que dans la musique ?
L’industrie de la mode c’est cool, mais je suis plus dans la direction artistique. Et de toute façon, je n’ai pas besoin de réussir dans la mode puisque je suis la mode. J’ai déjà réussi, juste en étant moi. Regarde-moi bien, bébé. Je suis la vibe, tu le sens ?
Oui. Et tu as un super chapeau, comme d’habitude.
Et mes yeux, ils sont super aussi ? Tu les aimes ?
Revenons-en à Karl…
C’est un génie, il est au top. C’est un maître spirituel, c’est l’homme des hommes.
En parlant de spirituel, Vibes est un peu plus soulful que ton précédent album.
Je voulais juste être plus honnête avec moi-même. La soul, c’est un peu mon contexte musical à la base. Mais il y a d’autres influences, « Tribe » par exemple est une chanson qui a trait à quelque chose de très ethnique, de très primaire… Si Dieu m’aide, je ferai encore un album l’année prochaine ! Je pense que si je ne faisais pas de musique je ne pourrais pas être en vie. Toute ma vie n’a été qu’une expression, et la musique a été un moyen de m’exprimer. Maintenant j’aimerai que ma « life vibe » soit plus mystique.
Qu’est-ce que tu désires le plus au monde ?
Plus de sexe. Avec cet album, j’ai un peu moins eu le temps, parce que je devais me donner presque tout entier à l’album.
Dure la vie de rapstar…
Haha. Je ne suis pas une rapstar, je suis une rockstar !