Superpoze nous a raconté la génèse de son live accompagné d’un orchestre et de Dream Koala
Il paraît que tu as développé un nouveau projet live, spécialement pour les Transmusicales, tu peux nous en parler un peu ?
Avec Dream Koala on a monté une création spéciale. On est tous les deux très fans de post rock alors que nos projets respectifs sont plutôt axés électronique. L’idée a donc été d’incorporer une dimension plus portée sur l’émotion dans notre musique pour renforcer les sensations qu’elle peut procurer au public. On sera accompagné sur scène par l’orchestre code, mais ils ne feront pas de la figuration, ce n’est pas un live de Superpoze accompagné par Dream Koala et code, mais des morceaux réinterprétés spécialement par cet agrégat de personnalités et de compétences. Je dis souvent que les morceaux de mon album n’ont un début et une fin que parce que j’ai voulu les enregistrer, les figer. Je les envisage réellement comme des « parties », des « mouvements » dont les versions, peuvent être multiples alors au final, confier des morceaux de mon album à un ensemble classique pour proposer une nouvelle version c’est quelque chose de naturel.
Du coup, comment va se passer le live ?
Sur scène, il y a aura Dream Koala et moi aux machines et instruments – guitares, séquences, piano et percussions – et évidemment l’ensemble code avec des cuivres et des cordes. Nous avons sélectionné des morceaux de mon album, des morceaux de Dream Koala et imaginé ce live avec un objectif clair : dépasser le simple medley et proposer un nouveau cadre de lecture pour nos morceaux, tout en évitant le grand piège des ensembles classiques alliés aux musiques actuelles : celui de la grande forme sans fond.Au final, ce live est à envisager comme une nouvelle contextualisation de notre musique. Ce sont les nouvelles salles d’expositions de nos morceaux
Ce live accompagné d’un orchestre classique, c’est un peu tes années de conservatoire qui ressortent ?
Je ne sais pas, en tout cas ce n’est pas conscient. J’ai toujours écouté de la musique dite classique. Comme pour un musicien de folk, je pense qu’une chanson est vraiment forte quand on peut la jouer en piano voix ou en guitare voix sans qu’elle ne perde en intensité. C’est là que tu vois qu’elle a de la “substance” ou pas. C’est un peu cette démarche que l’on exploite avec ce projet, on se dit que l’on peut adopter n’importe quel arrangement pour rechercher de la “substance”.
Tu crois que tous les producteurs electro et techno qui se mettent à créer des lives accompagnés d’orchestres recherchent également cette “substance” ?
Je trouve que cette recherche d’un arrangement différent est toujours intéressante alors elle doit certainement motiver une partie d’entre eux. Je suis en grand fan d’artistes comme Jon Hopkins ou Kils Frahm qui ont à la fois une culture classique, mais aussi un gros background électronique et qui mêlent les deux sur scène et sur disques. Mais c’est vrai que ça peut très vite tourner en rond et que les concepts qui sont beaux en théorie peuvent vite devenir lisses. Après je n’analyse pas la musique que j’écoute pour savoir ce qui vient de l’électronique ou du classique, je m’attarde davantage sur la construction narrative. Il y a un truc dans la techno qui est très similaire avec la musique classique c’est le concept de fugue, de développement de thème. C’est un truc qui me touche beaucoup et je comprends tout à fait que ce point commun puisse pousser des producteurs techno vers le classique et inversement. On peut même penser que ces genres ne sont pas très éloignés l’un de l’autre.
Ça vient d’où à ton avis cet engouement qu’ont les producteurs techno pour le classique ?
Je ne sais pas, peut-être une sorte de folie des grandeurs. Il y a beaucoup plus de producteurs techno que ceux que l’on croit qui ont une culture classique, qui ont été au conservatoire. Peut-être aussi que pour certains c’est une manière de légitimer la musique électronique, mais je pense que c’est une mauvaise raison. L’idée de sortir de l’isolement doit aussi jouer. Ça doit être un mélange de tout ça.
Tu joues aussi en Dj set, mais j’aic crue comprendre que tu étais plus à l’aise en live.
C’est vrai, je suis plus à l’aise en live, mais j’aime de plus en plus les dj sets. Je commence à comprendre l’intérêt qu’il y a derrière. C’était quelque chose que je n’avais pas avant parce que ce n’est pas ma culture, que je viens d’une petite ville et que les deux pauvres clubs que l’on avait ne passaient pas de la musique qui nous touchait. Puis on m’a demandé de faire des dj sets, et aujourd’hui je m’inspire pas mal de ça pour créer mes lives. Avant j’étais dans une démarche plus pop, avec des coupures entre chaque morceau alors que maintenant tout est enchainé, quasiment d’un bloc comme dans un set.
Tu racontais il y a quelque temps à Sourdoreille que la première fois que tu étais entré dans un club c’était pour y jouer. Aujourd’hui encore tu ne vas dans les clubs que parce que tu y es programmé ?
Franchement ? Oui. Je vais au Worldwide festival en temps que festivalier, mais je crois qu’à part quand c’est un ami qui joue, je ne vais jamais en club. J’ai été voir Jon Hopkins à l’after de Pitchfork, mais je jouais ce soir-là avec Kuage. Même si ça n’avait pas été le cas j’y aurais sans doute été, mais voilà je il faut se rendre à l’évidence, je ne vais pas en club. Je joue presque tous les week-ends alors je n’ai pas forcément le temps d’y aller non plus. En revanche j’écoute beaucoup de mixes quand je suis chez moi, je digge beaucoup sur Soundcloud et ça m’aide à construire mon live.