Skip to main content
5 mai 2014

Spot Festival : le résultat des courses

par rédaction Tsugi

On peut toujours chercher, la France ne possède aucun réel équivalent au Spot Festival dans son panorama événementiel. Peut-être parce que l’utilité d’une telle initiative est discutable dans un pays déjà riche en festivals dans lesquels on peut tomber sur moult jolies découvertes, mais pas uniquement. Le patchwork artistique européen étant ce qu’il est, la France, de fait, “pousse” moins ses artistes à se donner des opportunités de jouer à l’étranger, et semble faire preuve de moins de volontarisme politique que le Danemark sur ce sujet. Leçon à prendre ?

À ce titre, le Spot Festival impressionne et déroute à la fois : Situé à Aarhus, seconde ville du Danemark, il aligne ce que ce pays de 5 600 000 habitants a à proposer en matières de musiques actuelles en mettant tout le monde sur le même plan. Le minot qui pond une copie proprette de la nouvelle vague indie-R’n’B ricaine, le groupe de hard rock du cru qui a des envies de tournée européenne, le producteur électro novateur ou le big band de musique demi-tradi. Ne cherchez pas nécessairement de direction artistique, là n’est pas la question : on vient ici pour taper dans ce qui a des chances de nous plaire, tout goûts confondus. Et ce, que l’on soit simple mélomane ou professionnel de la musique, toute cette petite machinerie étant évidemment destiné à promouvoir la “danske musik” en dehors de ses frontières, le réseau événementiel du pays étant nécessairement vite bouclé pour les groupes indés qui fonctionnent. On croise donc, dans les travées des dizaines de lieux mis à contribution pour le festival (Aarhus possède un parc hallucinant de salles de spectacle de toutes sortes pour une ville de cette taille), des programmateurs, des patrons de labels, des bookers et des journalistes, venus “networker” et repérer la perle rare. Et comme vous l’avez saisi, nous avons eu la chance de vous dénicher quelques projets bien croustillants.

 

On a adoré…

Reptile Youth

Vous pleurez encore la disparition de The Rapture ? N’en faites pas trop, et puis on a de quoi vous consoler. Le duo Reptile Youth, vous en avez peut-être déjà entendu parler, notamment dans nos lignes. Ce que vous ne savez peut-être pas, c’est que Esben et Mads sont de véritables bêtes de scène qui, accompagnés de leurs trois wingmen de scène et en moins de 45 minutes (le Spot propose très rarement de plages horaires plus longues), ont gentiment allumé un public visiblement au courant de ce qu’on s’apprêtait à vivre. Pour marcher dans les pas de feu LCD Soundsystem, il faut déjà un minimum de tripes, mais pour transcender l’héritage avec singularité, on pourrait appeler ça du génie. À confirmer en juin prochain à Paris ou lors d’une tournée plus fournie chez nous à l’automne.

Interview bientôt en ligne

 

Sekuoia

Rappelez-vous, on vous en a parlé pas plus tard que le mois dernier, quand on les avait croisés au Stereolux lors d’un week-end dédié à la scène de Copenhague. Rebelote, Sekuoia, projet individuel mais fantastique trio sur scène, a prouvé encore une fois qu’il est possible de rendre le beatmaking sexy sur scène : il suffit de dénicher un batteur complètement habité, qui gère le coté off-beat du rythme tout en battant la mesure avec le bas droit lorsqu’il ne lui sert à rien. Ces jeunes capucheux ont prouvé qu’il y avait bien un pont à tisser entre les univers électroniques ludiques de Cashmere Cat et Superpoze et celui, plus sérieux, de la scène post-rock du coin.

Interview bientôt en ligne

 

Broke

On va être franc avec vous : ce groupe était le dernier truc possiblement visible de la soirée du samedi (avant l’after ou le casse-dalle pré-dodo), c’était donc ça ou rien, on a donc tenté à l’aveuglette. On espérait un plan un peu feel good et pas trop intello, on nous a servi exactement l’inverse : Broke nous a craché au visage un punk-funk bruitiste et digital nourri aux vocoders, traversé de mélodies tendineuses à souhait, à un volume bien plus élevé que l’extrait ci-dessous. Respect. Et recroiser le chanteur de Reptile Youth visiblement éméché qui nous éructe dans l’oreille “ T’as tout vu, hein ? C’était le meilleur truc du week-end !” tout en nous serrant le bras avec toute la conviction du monde, c’était Nutella.

 

Fossils

On sait, vous êtes plutôt du genre à nous attendre sur le créneau revival deep house de Bristol, mais on va tout de même devoir vous parler de ce duo basse-batterie qui semblait balancer sa sauce noise-punk comme si c’était le dernier concert de sa vie. Votre lundi est un peu difficile ? Remerciez-nous.

 

Ça nous a plutôt branché…

Sleep Party People

Un type un peu rêveur nommé Brian, le visage caché par un masque de lapin aux oreilles élastiques, une petite tribu de comparses également anonymes, un univers musical assez fourmillant qui oscille entre le franchement dreamy et les envolées électriques… Sleep Party People est assez inclassable, en fait. On avait francement aimé les images mentales qui émanaient de toutes parts à l’écoute des différents albums (le dernier en date, bien plus organique, possède des paroles qui guident l’imagination en ce sens), et c’est évidemment un peu moins évident en live. Mais bon, le côté Donnie Darko a carrément son charme.

Interview bientôt en ligne

 

The Malpractice

Des deux fois où ce groupe a croisé notre route, on aura préféré la première fois, impomptue, dans un bar du centre-ville à une heure avancée de la nuit. Malpractice, tassé dans la cuisine de l’établissement, a jonglé entre le grunge chanté avec un tigre dans la gorge, la pop brute de décoffrage et les paires de baffe à la limite d’un sludge à la Godflesh. Avec une caisse claire sèche et claquante, qui sonnera moins fort le lendemain, avec une vraie sono.

 

Sea Change

Pop électronique ou électronica vocale ? Si cette question peut sembler futile, sa réponse peut tout de même donner des indices sur les structures de morceaux et les atmosphères proposées. Sea Change, pour le coup, navigue constamment entre les deux bords du fleuve, et même si les sonorités cristallo-polaires nous ont parfois paru un peu trop kitsch pour nous séduire complètement, ce projet dégage quelque chose de réellement envoûtant, et doit donc être testé.

 

On en cauchemarde encore…

Nous avons eu l’occasion de comprendre quelque chose en trois jours passés à déambuler entre les scènes du Spot : au Danemark, exactement comme la France, possède ses propres casseroles artistiques. Nous, c’est Shaka Ponk, eux, c’est plutôt tout ce qui touche à la pop et au R’n’B, souvent englués dans quelques couches de glaçage.

Mads Langer

Il est jeune, beau, beaucoup trop bronzé pour l’époque de l’année, sa coupe de cheveux est aussi impec’ que son jean aux 24 déchirures. Rien qu’avec ce portrait, vous pouvez déjà deviner ce que nous sert Mads Langer, qui semble emprunter autant aux heures sombres de Coldplay qu’à la variétoche larmoyante (la pire, donc). Point positif, cependant : notre nouvel ami a joué dans un auditorium impressionnant, au son quasi-parfait et à une jauge à quatre chiffres bien tassés. Une bague en plastoc a toujours plus de gueule dans un écrin de haute bijouterie, vous nous direz.

 

Scarlet Pleasure

Un ado qui ressemble au roi Joffrey, les cheveux plaqués en arrière, 45kg à tout péter, affublé d’un short baggy avec collants à motifs et d’un maillot de basket, accompagné de deux types à peu près aussi bloqués dans Parker Lewis. Le résultat ? Une copie 2010’s ratée de copie 2000’s ratée de Michael Jackson, version descente.

 

Habadekuk

Folk-tradi-ratatsoin du cru. Il nous manque clairement quelque chose pour apprécier, on ne sait pas trop s’il s’agit d’une éducation musicale locale ou de quelques bières en plus.

 

On a carrément raté…

Là, c’est vraiment pas de notre faute. Le Spot comptant une quinzaine de scènes purement musicales, sans compter les conférences, les projections et le “off”, à moins de venir avec un effectif d’équipe de rugby, il est tout bonnement impossible de tout voir (et c’est pas plus mal, la partie précédente vous aura convaincu). Pour cause de non-ubiquité et parce qu’on ne maîtrise pas la vitesse supra-luminique, quelques artistes dont nous avions souligné le nom sur notre programme du week-end n’auront pas eu l’immense privilège de nous avoir dans le public. Que justice leur soit faite ici-même.

Go Go Berlin

Ratés car on aimait décidément bien les oreilles de lapin de Sleep Party People. Très pop, très catchy, avec ses côtés Kings Of Leon première époque, le genre de chose qui a du éveiller la grande salle du Scandinavian Center. Salle qui, avec ses 3289 mètres de hauteur de plafond, était un peu complexe à électriser, alors même qu’elle constituait le centre névralgique du Spot.

 

SNAVS

Qu’on se le dise, on espérait davantage de musique électronique au Spot. Nous avons donc été un poil frustrés de louper le set de ce producteur trap qui, comme vous le constatez, ne fait pas trop dans le glamour, mais qui a le mérite de sentir un peu la sueur. Erreur fatale, nous nous sommes précipités sous les coups de boutoir inspides et les strobes éprouvants du duo Iberia, qui a collé davantage de paupières qu’il ne les a fait s’ouvrir.

 

Dad Rocks!

On file en interview, les compatriotes programmateurs ont un truc apparemment mortel à aller voir aux HeadQuarters, dans le “off” du festival. À notre sortie, tout le monde avait la banane, et Dad Rocks! semblait squatter les tops 3 personnels de toute la team. God damn it.

 

Meilleur moment : 4h du mat’, King Shawarma, les galettes sont faites à la main et on peut même prendre deux sauces.

Pire moment : Rejouer le derby Rennes – Guingamp au baby foot avec les Bretons de la délégation française. Ne pas changer le destin, mais alors pas du tout.

Photo : le « rainbow panorama » du ArOS, le musée d’art moderne de Aarhus, au sein duquel un concert du Spot Festival était également proposé.

Visited 7 times, 1 visit(s) today

Leave a Reply