Sexy Sushi : « Être un groupe pour faire la fête n’a jamais été notre but »
Cyril, dit Père Boule, Rebeka Warrior et Mitch Silver ne se contentent pas d’accumuler les pseudonymes pour brouiller les pistes. Forts du potentiel provoc’ et délirant de Sexy Sushi, les trois sont en interview comme ils sont à la scène : sur une dimension pas très loin de la nôtre… Mais un peu ailleurs quand même.
Tsugi: Il s’est passé dix ans depuis le premier album de Sexy Sushi, J’en veux j’en veux des coups de poing dans les yeux. Les perruques, les lunettes, tout est resté un peu comme à l’époque… Pas lassés ?
Rebeka : Non. Et puis je n’ai plus de cheveux, et Mitch n’a pas de perruque, ce sont ses vrais cheveux (Faux ! ndlr) donc non. Je pars du principe que c’est comme une histoire d’amour, j’aime bien quand ça dure. Ça reste passionnément intéressant. C’est vachement la mode des groupes qui font un titre qui dure 4 mois, c’est difficile de durer dans le paysage musical. C’est plus intéressant d’essayer d’être encore là plutôt que de faire un tube, de gagner du pognon et de se barrer.
En quoi Sexy Sushi a évolué durant ces dix ans ?
Rebeka : On fait des morceaux peut-être plus graves… Mais c’est plus une perception extérieure, on est trop impliqué dans le projet pour être objectif. On fait ce qu’il nous plait en tout cas. Mais le truc de faire un groupe pour faire la fête n’a jamais été notre but. Même si les gens font la fête en nous regardant, c’est assez déprimant ce qu’on raconte.
Si ce n’est pas l’envie de faire la fête, qu’est-ce que vous voulez faire passer à travers Sexy Sushi ?
Mitch : L’émotion.
Rebeka : La transe aussi. On se rapproche vachement des rituels, via des répétitions de mots, de la techno.
Quoi de prévu pour votre concert aux Electropicales ?
Rebeka : On a prévu quelque chose, mais c’est secret. Une grosse surprise.
Mitch : Du jamais vu.
Vitalic est également programmé aux Electropicales… Ce ne serait pas ça la surprise ?
Rebeka : Non, puisqu’il ne joue que demain, on ne peut pas faire quelque chose ce soir (Faux ! Vitalic rejoindra les Sexy Sushi pour le dernier morceau de leur concert, ndlr). Quant à demain, on ne pourra pas non plus, on part au Mexique.
Vous revenez d’Asie, avez atterri hier à la Réunion et repartez demain au Mexique…
Et pas fatigués avec tout ça ?
Mitch : On est bien reçu, dans de bonnes conditions pour être bien tendre, comme de la viande.
Rebeka : C’est ça qui a changé en dix ans, on est devenu plus tendre, comme des petits civets. Mais là un peu trop, j’ai pris un coup de soleil, je suis raplapla…
S’en suit une conversation entre eux sur les médicaments à prendre en cas de coup de pompe, ainsi qu’une auscultation express. Normal !
Et si c’est le public qui est tout raplapla ? Ça vous est déjà arrivé ?
Mitch : On a connu toutes les situations de guerre.
Rebeka : Dernièrement, on a fait des concerts assis, dans un théâtre. Mais en fait j’aime bien quand les gens s’emmerdent et restent assis. Si les gens ce soir pouvaient ne pas danser, c’est mieux.
Comment ça se passe un concert assis de Sexy Sushi dans un théâtre?
Rebeka : On a fait une introspection et on jouait la situation de jouer. Les gens étaient assis derrière, et dans le noir. On jouait notre propre rôle, comme une performance.
Mitch : C’était pour un spectacle de Théo Mercier à la Maison des Arts de Créteil.
Rebeka : On va le refaire au Théâtre des Amandiers (Nanterre) cet hiver. J’ai adoré à Créteil. J’ai fait un slam, mais du coup il n’y avait personne. Un grand moment de PMU.
Aïe… A ce qu’il paraît, tu te blesses souvent sur scène ?
Rebeka : C’est arrivé, oui.
Cela dit, c’est compliqué de démêler le vrai du faux dans vos déclarations. C’est quelque chose que vous aimez faire, les interviews ?
Mitch : Non, je déteste. Mais c’est une expérience.
Rebeka : Il y a des interviews que je ne peux pas blairer : celles qui commencent par « Sexy Sushi, pourquoi votre nom ? » ou « Mais vous trouvez vraiment qu’un sushi c’est sexy ? ». Mis à part ça, j’aime bien, c’est sympa de rencontrer des gens.
Vous revenez de Pékin, mais le « coucou report » (petites vidéos postées sur le Facebook du groupe pour raconter leur tournée) n’est pas encore sorti. Ça s’est passé comment ?
Rebeka : Pékin, ça s’est très bien passé. Il ne faut pas croire tout ce qu’on dit sur les Chinois. En fait, c’est un peuple très libre. Ils étaient nus, certains m’ont embrassée, d’autres s’embrassaient entre eux… Ce n’est pas du tout l’Asie qu’on nous avait décrit, timide et timorée. Plutôt relax. Et on a mangé une jambe d’agneau le lendemain ! Quant aux coucou report, oui, je suis vraiment à la bourre… La semaine dernière, j’ai fait la Pologne alors qu’on est revenu depuis plus de trois mois.
Mitch : Mais on les fait plus pour nous, pour avoir des souvenirs.
Votre meilleur souvenir du coup ?
Mitch : Les Eurocks, un des premiers gros festivals qu’on ait fait.
Rebeka : J’ai fait un de mes plus grands slams…
Mitch : Oui, je t’attendais, j’étais pas content !
Rebeka : J’étais à la régie, à au moins 30 mètres, les gens étaient ravis de me ramener vers la scène mais ça prend du temps… Tu pestais !
Mitch : Mais oui, j’avais démarré le morceau, ça prenait trois plombes.
Et le pire ?
Mitch : Il n’y a jamais eu de pire.
Rebeka : Ah bon ? Pour moi il n’y a eu que des pires… Sûrement la fois, à Morlaix, où j’ai renversé du liquide sur l’ordinateur, et j’ai pété l’ordinateur, au début du concert. En attendant que ça remarche, j’ai comblé le vide en chantant « Il est venu le temps des cathédrales » pendant peut-être un quart d’heure… Et je ne connais que le début, donc je le faisais en boucle. Les gens craquaient ! Et puis on a fini par partir. Ce n’était peut-être pas le pire concert, mais c’était le plus court !
Quand ça tombe sur « banqueroute », ça peut être court aussi… (pendant un temps, les concerts de Sexy Sushi s’accompagnaient d’une « roue de la fortune » choisissant quel morceau allait être joué. La case « banqueroute » arrêtait purement et simplement le concert)
Rebeka : Aujourd’hui, on n’utilise plus la roue, on l’a revendue plaque par plaque. Mais bien pire que « banqueroute », il y avait la case Olivia Ruiz : il fallait l’écouter pendant 2 minutes.
Ça n’a jamais posé de problème vis-à-vis des gens qui avaient payé leur place de concert pour le voir s’arrêter avant la fin ?
Rebeka : C’est le jeu !
Mitch : On ne sait jamais ce que nous réserve la scène. Tu aimes bien aller à un concert et toujours voir la même chose ? C’est un spectacle vivant.
Votre dernier album, Vous n’allez pas repartir les mains vides ?, se compose de deux CDs identiques, mixés de manière très légèrement différente. Pourquoi ?
Rebeka : Parce qu’on n’était pas d’accord sur les versions à sélectionner. On ne voulait pas faire de concession.
Mitch : En plus c’est pratique, comme ça tu peux avoir un CD pour chez toi et un pour ta voiture.
Rebeka : Et puis beaucoup de gens achètent des CDs et divorcent. Chacun peut en garder un, c’est plus pratique pour tout le monde.
En fait, vous êtes plutôt bien élevés en interview…
Mitch : Toujours ! Par contre, on va te demander de te mettre nue. Parce qu’on est gentil mais naturiste. On reçoit habillé, et on repart à poil…
S’en suit des réflexions probablement désapprouvées par le CSA et par les Stups réunionnais, un débat pour savoir si Valérie Trierweiler est une MILF, Rebeka affirmant vouloir arrêter Sexy Sushi pour aller dans l’espace, un refus catégorique (mais toujours ironique) de parler d’un prochain album… Bref, les deux en ont marre. Et finissent par un merci made in Pékin : Xiexie !