« Sauvons la fête », une pétition appelle le gouvernement à se réveiller
Alors que le milieu de la fête n’a toujours aucune connaissance sur ce qui l’attend pendant l’été, plusieurs professionnels ont lancé une pétition adressée au gouvernement et visant à sauver le secteur. Elle en appelle notamment à l’organisation d’événements en plein air respectant au maximum les règles sanitaires.
La colère monte. Alors que la situation des boîtes de nuit et salles de concerts reste très floue, le secteur de la fête et de la nuit fait entendre sa voix. Près de soixante professionnels, organisateurs ou artistes, ont lancé la semaine dernière une pétition nommée « Sauvons la fête. Agissons ! ». Adressée au Président de la République, au premier ministre et ministre de la culture, elle appelle notamment à « la reprise du travail pour les corps de métier de la scène « live » et au rétablissement du droit à l’expression de nos cultures dans des conditions sanitaires satisfaisantes. » À cette heure, 3845 personnes ont signé cette pétition.
Dans un communiqué, les initiateurs de cette tribune détaillent leurs demandes. Ils attendent notamment la création d’un pôle de coordination nationale, sous la direction partagée de plusieurs ministères compétents, exigeant « une coordination et une coopération immédiate des cabinets ministériels ». L’objectif est de prévenir au mieux les risques sanitaires, afin d’éviter l’organisation d’événements non autorisés, et donc moins bien encadrés.
La tribune avance également des pistes pour la reprise des lives : organiser des événements en plein air, avec une jauge réduite, ou bien favoriser la co-réalisation d’événements afin de réduire les frais, notamment entre agents publics et privés. « Ce projet veut également s’inspirer de l’été apprenant proposé par le Gouvernement » soulignent les auteurs.
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Ils réclament également une aide urgente aux patrons de discothèques. Nos confrères de Trax ont en effet indiqué le 24 juin que, selon un sondage du Syndicat National des Discothèques et des Lieux de Loisirs, 31,2 % des 317 patrons de clubs interrogés envisagent de définitivement fermer leurs portes. « Sans aide urgente, il sera impossible d’empêcher une inévitable destruction de l’écosystème de la Fête et des musiques électroniques et urbaines » déclarent les auteurs de la tribune.
Enfin, les représentants du secteur de la fête et de la nuit appellent à la création d’un observatoire de la fête. Alors que les organisateurs sont multiples, et répartis dans plusieurs secteurs (restauration, spectacle vivant, jeunesse…), « aucune étude approfondie n’a pu encore donner à ce jour un périmètre socio-économique de la Fête et de la Nuit en France » déclarent-ils, évoquant néanmoins une étude de 2004 menée à l’échelle parisienne. « La nuit a besoin de son Plan de relance. La Nuit doit rouvrir au plus tard le 10 juillet » concluent-ils.
Un sentiment d’incompréhension
Ce n’est pas la première pétition adressée au gouvernement par le secteur culturel. Le 17 avril, le collectif nantais Année Noire 2020 et le metteur en scène de théâtre Jean-Claude Fall lançaient chacun une pétition appelant, entre autres, au renouvellement automatique des droits des intermittents du spectacle. Les deux pétitions ont appelé à fusionner, cumulant désormais plus de 250 000 signataires, issus des milieux du théâtre, de la musique ou de l’audiovisuel. Une tribune publiée le 30 avril dans Le Monde, signée par de nombreuses célébrités du cinéma, du théâtre ou de la musique, a renforcé cet appel. L’obtention d’un report des droits à l’intermittence à l’année 2021, annoncée le 6 mai par Emmanuel Macron, a été saluée par les signataires, bien qu’étant jugée insuffisante pour aider le secteur culturel.
Dès le 31 mars, le collectif Technopol appelait le ministre de la culture Franck Riester à ne pas annuler la totalité des événements de l’été 2020. Cet appel, rejoint par 12 000 signataires, faisait suite à une suggestion d’Olivier Darbois, président du Prodiss (principal syndicat du spectacle privé), vivement critiquée, et sur laquelle Darbois était lui-même revenu.
Cette nouvelle pétition, par son caractère nécéssaire, montre une fois de plus que le gouvernement ne semble pas saisir la gravité de la situation dans laquelle sont coincés les artisans de la musique depuis trop longtemps.