Saul Williams – Martyr Loser King
Extrait du numéro 89 de Tsugi (février 2016).
Saul Williams partage avec le regretté David Bowie un penchant pour la théâtralité. Ce coup-ci, il choisit un vernis résolument électronique (époque oblige ?) tranchant nettement avec Volcanic Sunlight (2011). Allergiques aux déclamations tristounes et aux bidouillages mélancoliques de Ghostpoet, passez votre chemin, le père Saul arpente ici les mêmes ruelles crépusculaires – avec l’aura qui le caractérise, toutefois. Les deux parties de « The Bear Coltan As Cotton », la première éclairée par la lune, l’autre, rappée et nourrie d’une atmosphère de cave à vampires, constitueraient une parfaite porte d’entrée dans le monde de ce quadra qui semble avoir tout vu. « Down For Some Ignorance », d’une intimité et d’une froideur impressionnantes, ainsi que les mélodies dézinguées au piano qui tapissent « Horn Of The Clock-Bike » sont les deux moments les plus iconoclastes d’un disque-surprise, orchestré par un personnage de plus en plus incontournable de la musique moderne. Pas de bol pour les derniers résistants, persuadés de ne voir en Williams qu’un troubadour déclamateur, il se réveille ici en véritable tisseur d’ambiances. (Mathias Riquier)
Martyr Loser King (Fader Label/Caroline/Universal), sorti le 22 janvier.