Sarcus Festival : le premier festival à bannir les téléphones portables
« No phones, no fun » ? Le Sarcus Festival ne semble pas être de cet avis. En pleine nature – à 30 minutes de Tours -, il va entrer dans l’histoire en devenant le premier festival de musique à bannir officiellement les téléphones portables. Après s’être vus refuser l’entrée des concerts d’Alicia Keys, The Lumineers ou plus récemment Jack White à l’Olympia, ces petits objets n’auront pas le droit de profiter de la beauté de l’Abbaye de la Clarté-Dieu. En effet, le mot d’ordre de cette troisième édition est « connexion aux autres, à l’inconnu, à soi-même ». Pour en apprendre un peu plus, nous avons interrogé Noé Thoraval, président du festival :
Sur votre événement Facebook, on peut lire « Déconnecté des portables, interdits dans l’enceinte du festival ». D’où vous est venue l’idée ?
Sur les premières éditions, on n’y avait pas du tout pensé. Mais avec notre organisation familiale, on n’avait pas prévu de prises pour charger les portables, comme il peut y avoir dans les gros festivals. En plus, dans les deux endroits – en Picardie pour la première et dans les Yvelines pour la deuxième -, il n’y avait pas de réseau. Pour arriver à avoir une barre, il fallait se mettre debout sur une chaise. On a remarqué que le premier jour, les gens étaient encore un peu sur leurs portables, ils prenaient des photos, des vidéos. Puis, le samedi et le dimanche, ils se retrouvaient sans batterie et se perdaient. C’est comme ça que les groupes d’amis se sont mis à se mélanger et se tourner vers les autres, retrouvant le vrai esprit d’un festival. On a également été inspirés par un TED Talk de Tristan Harris, ancien de Google, parlant d’une étude comparant les fils d’actualité des réseaux sociaux à des bols de soupe. Une expérience a été faite : une personne avait un bol de soupe banal, une autre avait un bol qui se remplissait automatiquement. La première a terminé son bol de soupe normalement pendant que l’autre en a bu trois ou trois et demi. Comme le deuxième bol de soupe, nos fils d’actualité se rechargent en permanence, provoquant une déconnexion du réel.
Comment allez-vous procéder alors ?
On a fait appel à l’entreprise Yondr : en arrivant, les festivaliers mettront leurs portables dans un étui, verrouillé grâce à un système magnétique. Ils ne pourront pas y accéder mais le garderont quand même sur eux, éloignant tous les risques potentiels de sécurité ou de vol. Jack White a été l’un de leurs premiers clients lors de sa dernière tournée. Au concert de l’Olympia en juillet, tous les membres du personnel ont été surpris de retrouver quelque chose qui avait disparu depuis des années : le brouhaha avant le concert. Avant, les gens se rencontraient et se parlaient. Maintenant, tout le monde profite de l’attente pour consulter ses derniers mails ou faire un tour sur Facebook. C’est notre but à nous aussi : recréer le bruit humain.
Comme au concert de Jack White, est-ce qu’il y aura une zone spéciale pour déverrouiller les étuis dans l’enceinte du festival ?
Bien sûr. On a eu pas mal de messages à ce propos d’un policier de garde par exemple, qui devait rester joignable. Tout d’abord, dans l’étui, le portable pourra rester allumé, en mode vibreur ou sonnerie afin de toujours recevoir les appels. Ensuite, à tout moment, chaque personne pourra aller à l’entrée et déverrouiller son étui pendant quelques minutes.
On parlait tout à l’heure de connexion aux autres mais vous prônez également celle à l’inconnu et à soi-même. Avez-vous prévu des moyens en particulier ?
On valorise surtout la connexion aux autres en verrouillant les portables dans les étuis Yondr mais aussi en vendant uniquement des pass 3 jours. La plupart des festivaliers arrivent le vendredi soir et repartent le dimanche. Le premier soir, ils commencent à sympathiser avec les autres. Le lendemain, ils se retrouvent, ils discutent. Le dimanche, quasiment tout le monde se connaît. On a une capacité de 1 500 personnes, une sorte de communauté se forme. La connexion à soi-même se fait aussi quand tu te retrouves seul, sans batterie et que tu te vois obligé de réfléchir. C’est important d’arriver à être neutre dans son activité, sans être forcément en train de faire quelque chose, afin d’avoir l’esprit libre et détendu. Enfin, l’inconnu, c’est surtout pour le côté mystérieux et aventurier du lieu avec ses vieilles pierres dans une abbaye du XIIIème siècle entourée d’une énorme forêt.
Au niveau de la programmation, il y aura aussi beaucoup d’inconnu, notamment sur la scène Indri.
La programmation du festival est assez orientée musique électronique mais on essaie de proposer des choses nouvelles. Déjà, sur les deux premières scènes, il n’y aura que des lives ou des DJ-sets vinyle d’au moins trois heures. Puis, sur la troisième scène, la scène Indri, il y aura des performances totalement différentes. Même en étant fan de musique, c’est bien de pouvoir faire des pauses pour aller voir une pièce de théâtre, une performance de danse. Il y aura aussi un projet de théâtre itinérant au milieu des festivaliers.
Plus d’informations sur l’événement Facebook.