Röyksopp : « Nous voulons que chaque album soit aussi familier que surprenant »
Cette semaine, nous rencontrions le duo norvégien Röyksopp à l’occasion de la sortie de Profound Mysteries III. Un dernier volume d’une trilogie électronique parsemée d’artistes locaux et internationaux, confirmant encore une fois l’intemporalité du groupe composé de Svein Berge et Torbjørn Brundtland, et sa direction artistique ultra-singulière.
Vous venez de dévoiler Profound Mysteries III, troisième volume d’une trilogie débutée en avril dernier. Pourquoi avoir choisi ce format de sortie?
Avec Profound Mysteries, on avait beaucoup trop de choses à dire, et tout cela ne pouvait pas tenir sur un seul album. C’est pour ça qu’on a décidé de le diviser et d’en faire une trilogie. Nous avions besoin de place pour faire trente chansons ! Dix titres par album, tout simplement.
Et vous les avez enregistrés les uns après les autres ?
Pas vraiment… Les trois albums ont en fait été enregistrés en même temps. On a vraiment voulu croiser les trois formats avec des chansons produites et enregistrées de manière totalement simultanées. Une chanson pour la partie III, une chanson pour la partie II, une chanson pour la partie I et ainsi de suite. Tout le procédé artistique, de l’écriture à l’enregistrement au séances studio, s’est confondu entre ces trois parties de Profound Mysteries.
Malgré cette proximité et fusion créative, en quoi sont-ils différents les uns des autres?
Dès le début du processus, nous voulions que la première partie s’apparente à une introduction, avec un rythme plutôt lent, voire très lent. La deuxième partie de Profound Mysteries est plus prononcée, plus permanente. La troisième partie, comme une sorte de final et de conclusion, combine et accumule les parties I et II. Après il y a beaucoup d’éléments, qui au contraire, rapprochent les trois volumes !
Notamment la présence de mêmes artistes qu’on retrouve dans chaque partie du projet ?
Oui exactement ! Pour les trois volumes de la trilogie Profound Mysteries, il s’agissait de trouver des artistes que nous trouvions intéressants, mais aussi des gens qui ont une voix capable de s’intégrer dans le morceau que nous avons en tête. Quand nous écrivons une chanson, nous l’écrivons avec un certain chanteur ou une certaine chanteuse, déjà ancré(e) dans notre esprit. La façon dont nous décidons avec quel artiste nous voulons travailler est une combinaison de beaucoup de choses : dans un premier temps la personnalité de l’artiste, et ensuite l’intérêt que nous lui trouvons en tant qu’être humain et performeur.
Vous avez également porté un très grand intérêt aux clips accompagnant le projet.
Oui, chacune de ces trente chansons a un visualiser et un film ou clip, qu’importe comment vous l’appelez. Les visualisers sont réalisés par l’artiste Jonathan Zawada. Ce que nous voulons, c’est que ce soit un objet qui souligne à quel point notre perception de la musique est hautement subjective. C’est tellement clair et évident pour nous. Ce qui nous amène à l’artefact que Jonathan a fait pour chacun des morceaux : quand on regarde le visualiseur pendant un certain temps, on voit certainement beaucoup de choses. Mais il est difficile de dire ce que c’est : un objet, un alien ? Est-il intelligent, est-il mort ? Charnu ? Nous voulions que chaque chanson de cet album ait la même importance. Nous ne voulions pas juste choisir trois ou quatre chansons et y consacrer toutes nos ressources. On voulait signaler au monde que chaque partie individuelle de ce projet est aussi importante qu’une autre. C’est pourquoi il n’y a pas de différences dans le film ou le visualiseur de chaque piste.
Votre approche de la musique a-t-elle évolué depuis votre premier album, Melody A.M (2001) ?
C’est sûr qu’on ne fait pas toujours les mêmes choses quand on fait de la musique… Quand vient la façon dont nous travaillons, beaucoup de choses diffèrent, comme l’équipement du studio, également différent à chaque fois, les endroits de création … Et bien sûr, nous changeons beaucoup les personnes avec lesquelles nous travaillons, en termes de chanteurs et chanteuses. C’est aussi toujours cette idée que nous devons absolument nous remettre en question. Chaque album a quelque chose de familier, qui est au cœur de Röyksopp, mais aussi une surprise, quelque chose que nous n’avons jamais fait auparavant.
Votre musique a également évolué grâce à votre label indépendant Dog Triumph ?
C’est, bien sûr, toujours un avantage d’être indépendant. Vous pouvez définir votre propre tempo et faire les choses comme vous l’entendez. Nous ne voyons pas vraiment d’inconvénients à avoir notre propre label, c’est juste une bonne chose qui rend la vie plus facile.