Personne n’Ă©tait inquiet, mais elle parvient tout de mĂŞme Ă ĂŞtre rassurante. RosalĂa avait un temps dĂ©laissĂ© son traditionnel flamenco. En mars, sa collaboration avec le Colombien J Balvin liait les accents de deux continents, mĂ©tissant une langue commune autour d’un tube reggeaton imparable, « Con Altura ». Deux mois plus tard, la chanteuse catalane flirtait avec le R’n’B sur « Aute Culture ». Avec sa nouvelle sortie, rassemblant deux titres sous une pochette vert bouteille (ou plutĂ´t billet de banque) et l’efficace adage « Fucking Money Man », la jeune femme de 25 ans renoue avec ses racines les plus profondes. « MilionĂ ria » est chantĂ© en catalan – une première pour la Barcelonaise – et affiche, de manière autant ironique que dĂ©complexĂ©e, une certaine idĂ©e de la vie de rĂŞve. Sur un beat sautillant bourrĂ© aux accords majeurs, RosalĂa cumule les vantardises et sacre l’Ă©gotrip, enchaĂ®nant les allusions aux voitures Bentley, aux lĂ©opards domestiques et aux visites privĂ©es du Louvre. Avec le laconique « Dio$ No$ Libre del Dinero », Fucking Money Man prend tout le sens de son format : une face A et une face B, la mĂ©daille et son revers. Le titre qui signifie « Que Dieu nous libère de l’Argent » est une trap-flamenco minimaliste et mĂ©lancolique oĂą la chanteuse endosse un rĂ´le quasi mystique. Elle dĂ©crit « Des millions qui brĂ»lent » ; annonce « Nous allons les brĂ»ler/Des montagnes de feu/Des factures qui pleurent ».
Les deux morceaux sont Ă©galement prĂ©sentĂ©s dans un unique clip Ă l’esthĂ©tique lĂ©chĂ©e, oĂą l’Espagnole est choisie parmi le public pour participer Ă un loufoque jeu tĂ©lĂ©visĂ© envahi par les liasses de billets. Puis, avec quelques flammes embrasant le plateau en guise de transition, elle entonne, toute vĂŞtue de noir, les première notes de « Dio$ No$ Libre del Dinero ». Tout est beau et ambitieux chez RosalĂa.