Romy : « J’ai dû attendre la trentaine pour être détendue, à l’aise sur le dancefloor »
Elle vient d’annoncer une date exceptionnelle à Paris, le 9 novembre prochain au Cabaret Sauvage. Et ça promet de partir très vite. Au tout début de l’été, avant de nous éblouir notamment en festivals comme à Nuits Secrètes -où elle nous avait livré une des meilleures presta du week-end- on avait pu interviewer Romy, pour parler de son premier album solo, de son rapport au club, aux lives et aux DJ-sets… De quoi vous mettre en bouche avant le 9 novembre au Cabaret Sauvage (la billetterie, c’est par ici)
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Coloré, dansant et euphorique, le premier album solo de Romy semble bien éloigné de ce qu’elle a pu faire depuis une quinzaine d’années avec The xx. Pour la chanteuse et musicienne, de nature timide, c’est pourtant davantage une façon de se retrouver que de se réinventer. Et une manière de s’assumer.
Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir de la voir changer de garde-robe. Dans les bureaux parisiens de la maison de disques Beggars, installée dans un canapé devant un expresso, la discrète Romy invite tout de même à regarder vers ses pieds, fourrés dans une paire de sneakers multicolores flashy qui tranchent avec le survêtement noir intégral qu’elle porte. La preuve qu’elle a changé. Un peu. « J’aime toujours porter du noir, mais je suis moins stricte… », glisse-t-elle dans un sourire. Pendant longtemps, le noir a fait figure d’uniforme chez The xx. Une sorte d’identité visuelle, raccord avec la musique rarement joyeuse du trio britannique, au sein duquel Romy Madley Croft, 34 ans, chante et joue de la guitare depuis la naissance du groupe, formé en 2005 aux côtés de Jamie Smith et Oliver Sim, qu’elle a rencontrés pendant ses études à la Elliott School, réputée école de musique londonienne.
Une forme de protection également, pour ceux qui ne sont pas toujours à l’aise avec leur corps et le fait d’être sous les projecteurs – « Le noir, c’est une sécurité. » Et puis en 2015, Jamie Smith, sous le nom de Jamie xx, s’est lancé en solo avec un album qui se démarquait du style du groupe. Sonorités caribéennes, pochettes kaléidoscopiques et un titre ad hoc : In Colour. Émancipation similaire pour Romy, et même plus marquée. Elle a franchi le pas cinq ans plus tard avec « Lifetime », single pop, dance, voire eurodance, euphorique et arc-en-ciel, derrière lequel se devinait toutefois une pointe de mélancolie. Des caractéristiques que l’on retrouve aujourd’hui sur son premier album solo, Mid Air, conçu aux côtés des producteurs stars Fred again.., un ami, et Stuart Price (Jacques Lu Cont), avec lequel elle souhaitait travailler depuis longtemps, puisque derrière l’un de ses disques préférés, Confessions On A Dancefloor de Madonna (2005). Mais plus qu’un nouveau départ, cet album renoue finalement avec l’une de ses premières passions : le clubbing, comme elle nous l’a rappelé lors de cet entretien réalisé le 22 juin au matin.
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As-tu profité de la Fête de la musique ?
« Oui, c’était fun. J’ai mixé à la soirée XL Recordings, puis j’ai déambulé dans les rues, dans le Marais. J’ai entendu beaucoup de dance music et il y avait bien plus d’énergie que ce à quoi je m’attendais ! Je m’étais déjà retrouvée à Paris pendant la Fête de la musique, mais en journée, quand c’était beaucoup plus calme. Je trouve ça vraiment sympa, ça brasse beaucoup de gens différents.
Tu continues d’aller en club ?
Quand je peux, oui ! Je n’ai pas eu beaucoup de temps pour ça dernièrement, parce que j’ai énormément tourné en tant que DJ. Mais l’autre jour, par exemple, j’étais à Copenhague et j’ai appris qu’Avalon Emerson, qui fait partie de mes DJs préférés, jouait dans un autre club. J’y suis allée après mon set et c’était incroyable. Ça m’inspire d’aller écouter d’autres DJs.
Tu as commencé à sortir en club assez tôt, à 15 ans…
C’est ça, ou peut-être à 16. En dessous de l’âge légal en tout cas ! Au départ, j’étais contente d’aller en club pour le simple fait de pouvoir y entrer, comme c’est le cas de la plupart des ados. Mais au-delà de ça et de l’aspect festif, j’y ai trouvé une communauté. J’ai eu très vite le sentiment de me sentir chez moi. Le premier club où je suis allée s’appelait The Ghetto, à Londres. C’était un club queer – il n’existe plus aujourd’hui, c’est devenu une gare. Je m’y sentais à l’aise pour explorer ma sexualité, je pouvais y trouver une forme de représentation, des modèles… Je pouvais tout simplement être moi-même. J’y ai rencontré quelques-uns de mes meilleurs amis.
Quel type de musique y entendait-on ?
C’était assez varié. Beaucoup de pop euphorique, de classiques club, de hits dance… Des trucs joyeux, écoutés sans ironie. C’est là que j’ai joué en tant que DJ pour la première fois. J’étais devenue une habituée, j’y allais toutes les semaines. Un jour, le manager m’a demandé si je voulais prendre les platines. Je lui ai dit que je n’avais jamais fait ça. Il m’a répondu : « Grave quelques CDs et reviens me voir. » Je ne savais pas mixer, donc je me contentais de faire des fondus ! Je choisissais des morceaux qui permettaient de le faire, des titres pop qui démarraient direct. J’aime encore jouer ce type de musique. Hier soir, par exemple, j’ai joué un morceau de Madonna que je ne pouvais pas vraiment mixer. J’ai fait un break, je l’ai lancé et les gens sont devenus dingues ! Ça me fait plaisir quand les gens reconnaissent le morceau et se mettent à dire à leurs potes : « Oh, écoute ! » J’aime aussi jouer des titres que les gens ne connaissent pas, mais c’est bien d’avoir les deux. C’est ce qui me plaît dans le deejaying : pouvoir partager de la musique avec les autres.
Pourtant, tu l’avais laissé de côté…
Oui, ce qui est un peu dommage. Quand The xx a démarré et qu’on a commencé à donner des concerts, je me suis concentrée sur le live. The xx, c’était beaucoup de pression pour moi. Ça m’arrivait parfois de mixer en after-party. Mais la musique que je joue est très différente de celle du groupe et les gens me demandaient : « Mais tu aimes cette musique ? » Ils ne comprenaient pas.
J’ai fini par laisser tomber. Ces dernières années, ça m’a manqué. Je m’y suis remise et je me suis beaucoup entraînée à la maison. Je trouve que c’est une manière fun d’être créative et de se connecter avec un public.
Tu te sens plus à l’aise en DJ-set qu’en live ?
J’aime le côté spontané du deejaying. Tu arrives avec ta musique, mais tu dois comprendre la salle, improviser. Ça reste frais. En live, tu as une set-list déjà établie, un album à défendre et ça peut devenir un peu routinier. Après, bien sûr, partager une chanson que tu as […] »
L’interview est à retrouver en intégralité dans le Tsugi 163 : Róisín Murphy, Romy, Fred Again.. héros de la rentrée ?
Et la billetterie pour le 9 novembre au Cabaret Sauvage, c’est là !