À l’occasion de sa venue au Showcase et des vingt ans du label M-Plant, on a échangé avec Robert Hood sur le mouvement techno, sa façon de composer et ses goûts musicaux. Robert Hood est un pionnier du fameux son Détroit, un vétéran de la musique électronique dont le parcours est notamment marqué par la création de l’illustre collectif Underground Resistance. Rencontre avec une figure historique de la scène techno.

Tsugi : Les 20 ans du label M-plant arrivent. Pour l’occasion tu as décidé de retravailler ton projet Monobox, pourquoi ?

Robert Hood : J’ai réécouté d’anciennes productions dont des morceaux de Monobox et j’ai redécouvert de la matière inédite… J’y ai retrouvé des idées et j’ai eu envie de revenir à la forme un peu “alien” de ma musique des années 90. C’est ce qui m’a remis dans le projet. J’ai eu envie de revisiter ce travail en gardant ce même esprit mais en y ajoutant quelque chose de nouveau, en retravaillant la partie rythmique et en y incorporant des différences sur le beat 4/4 typique de la techno… J’ai expérimenté de nouvelles idées et des formes différentes, en réécoutant les anciennes productions de Monobox sur lequel je travaillais auparavant. 

Peut-on parler d’un vrai regain de la scène techno ?

Oui absolument, je pense qu’il y a un regain de la musique techno. Aujourd’hui nous sommes dans une très belle période pour la culture de la musique électronique. C’est un excellent moment pour être créatif et innovant, et pour amener de nouvelles choses pour le futur.

Quelle est selon toi la plus grande innovation en matière de musique électronique?

Quelque chose de l’ordre de l’avancée technologique, avec la possibilité de faire de la musique plus vite mais aussi le fait de pouvoir obtenir de la musique plus rapidement qu’avant. Avec Internet et les réseaux sociaux c’est devenu beaucoup plus facile de jouer et partager de la musique. Les réseaux sociaux ont vraiment donné une nouvelle impulsion au mouvement techno à un point que l’on n’attendait pas. On ne pouvait pas imaginer qu’il y aurait une telle facilité aujourd’hui à entendre et à partager la culture de la techno. On peut dire finalement que les réseaux sociaux ont rendu le mouvement plus populaire.

Quel est le pays le plus innovant en musique électronique ?

L’Allemagne, car elle a de nombreux artistes qui arrivent à se distancier d’eux-mêmes dans leur travail. Puis c’est aussi un pays qui est chargé d’histoire. Les Allemands sont créatifs et innovants dans tous les domaines artistiques : musique, art moderne, architecture, sculpture. Ils arrivent à s’exprimer dans de nombreuses formes créatives…

Quelle est ta machine préférée pour composer ?

Aujourd’hui, je dirais la MPC 5000 d’Akai.

Qui sont les DJ’s que tu apprécies ?

J’aime beaucoup Mark Broom et James Ruskin. J’apprécie aussi DJ Pierre mais je n’ai pas eu l’occasion de l’entendre récemment et c’est un artiste que j’aimerais bien revoir justement.

Qui sont les jeunes artistes à suivre pour toi ?

J’aime bien Kyle Hall et Jay Daniel, ce sont des jeunes artistes de Détroit. Il y a aussi Psyk, un DJ en provenance d’Espagne. Je ne sais pas exactement quel âge il a et depuis combien de temps il tourne mais je ne l’ai jamais vu et je suis très intéressé par ce qu’il fait.

Tu es un DJ reconnu et un pionnier pour la musique électronique. On suppose que tu dois avoir une culture musicale énorme. Écoutes-tu d’autres choses en dehors de la musique électro ?

Oui bien sûr, j’écoute beaucoup de musique pour nourrir mon inspiration. J’écoute des choses qui vont du r&b au rock, de la new wave au hip-hop. Dans le fond, je suis juste un passionné de musique et je m’intéresse toujours à ce qu’il y a de nouveau et à ce qu’il se passe dans le monde la musique.

Es-tu positif pour l’avenir de la musique ?

Je ne sais pas trop… Je suis toujours en recherche de quelque chose de nouveau, de nouvelles façons de créer, de produire et de faire danser les gens. Mais il n’y a rien en particulier qui me fasse peur pour le monde de la musique. Ma croyance dans le renouvellement, je l’ai grâce à Dieu. Je continue de regarder vers Dieu, vers le ciel et c’est ce qui maintient ma musique fraîche, innovante et créative.

Y a-t-il quelque chose que tu redoutes pour l’avenir ?

Il n’y a pas grand chose qui m’effraie pour le futur. Je me sens concerné par l’actualité et ce qu’il se passe dans le monde avec les guerres, la violence, les armes chimiques et biologiques mais je pense que croire en Dieu m’a permis d’accéder à la paix. Je pense que les conflits, qu’ils soient au Moyen-Orient, en Irak ou en Ukraine sont amenés à cesser. Face à ce genre de faits, croire en Dieu m’a permis d’aller vers la paix de l’esprit et vers la compréhension de l’homme.

Prêt pour ton set au Showcase vendredi ?

J’ai beaucoup de travail mais je suis toujours prêt (rires). Je suis prêt à donner aux gens ce qu’ils attendent de moi. Je pense qu’à Paris ils attendent de moi que je leur donne de la techno brute, et c’est ce que je m’apprête à délivrer.

Robert Hood sera en DJ-set ce vendredi 20 juin au Showcase à Paris.

SoundCloud de Robert Hood

Site de M-Plant

Dates de sortie des EPs :

16 juin : Floorplan – ‘Re-Plant Mixes’

7 juillet : Robert Hood – ‘Protein Valve’

28 juillet : Monobox – ‘Film/Rectangle’