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20 avril 2022

Report : Panoramas, un quart de siècle de techno et de fête à Morlaix

par Antoine Dabrowski

Pour ses 25 ans, Panoramas retrouve son public et son format habituel et célèbre une nouvelle génération techno affranchie… et qui tape fort pour ce qui restera sans doute une de les meilleures éditions.

© David Boschet

Samedi 16 avril, 16h. C’est une belle journée de printemps sur Morlaix. Boris Brechja, l’Allemand, star de la techno et chouchou du public du festival, est à peine arrivé que les équipes de Panoramas ont une belle surprise pour lui. Le mur du complexe sportif Arthur-Aurégan est recouvert d’un graffiti géant à son effigie. Juste en face, le lycée Tristan-Corbière, sur les bancs duquel sont passés les fondateurs du festival. Brechja a du mal à retenir son émotion devant la taille impressionnante de l’œuvre d’art inaugurée, comme il se doit, par un discours de Monsieur Le Maire. Tout un symbole pour Panoramas qui, comme beaucoup de grands rassemblements techno, a parfois eu du mal à faire accepter son projet aux autorités ou à la population.

Remontons le film. À peine majeurs en 1997, une poignée de copains lancent Panoramas, pour faire venir dans leur coin de Bretagne les artistes de la scène électronique qu’ils adorent. Un quart de siècle plus tard, l’événement accueille près de 25 000 spectateurs et la bande de copains a fondé Wart, un producteur de spectacles qui s’occupe des tournées d’artistes aussi divers qu’attachants : Jeanne Added, Irène Drésel, Mansfield TYA, Arnaud Rebotini, Madben ou Salut C’est Cool qui ont ouvert cette année la soirée du samedi.

 

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Après une édition annulée en 2020 et une très réduite en septembre dernier, le festival morlaisien a retrouvé toute sa superbe. Avec ses belles nuits au parc des expositions de Langolvas et ses (très) jeunes festivaliers déambulant dans les rues, souvent déguisés ou maquillés. Les habitants de cette ville tranquille du Finistère, avec son impressionnant viaduc et son charmant port de plaisance, n’étaient plus tout à fait habitués à ça !

Vladimir Cauchemar © David Boschet

À Langolvas les stars comme Nina Kraviz, Ann Clue, Popof, Vladimir Cauchemar ont su fédérer le public avec leur savoir-faire et leur générosité. Sans oublier NTO et Vitalic dont les scénographies étaient sans doute deux des plus belles du festival. Mais la singularité de Panoramas tient aussi beaucoup au flair assez infaillible de son directeur artistique, Joran Le Corre, qui sait repérer les projets qui vont parler à une jeunesse en manque de teuf après deux ans de pandémie. À Panos on vient tôt le soir pour voir les lives du rappeur Oboy ou d’Ascendant Vierge et on connaît les paroles par cœur… On reste aussi tard dans la nuit pour tout donner sur les sets puissants de la révélation u.r. trax ou des résidents de Possession, Parfait ou Trym pour qui la trance n’est plus une no-gone zone et dont le pitch des platines semblait incapable de descendre en-dessous de 140 BPM !

Entre deux soirées de retour de la bamboche sans masque et sans passe vaccinal, les campeurs du festival ont pu continuer la fête tout l’après-midi de samedi grâce au set foutraque et joyeux du collectif La Darude qui s’est donné pour mission de réhabiliter la trance et l’eurodance. Ambiance garantie et bain de boue entre les tentes Quechua !

Il nous faut parler aussi d’Acid Arab qui a joué dans un Club Sésame tout cosy, réaménagé pour les festivaliers en quête d’une expérience plus proche du clubbing que de la grand-messe techno. Déjà parce qu’on a n’a pas manqué une miette de leur réjouissant set de 3h et aussi parce qu’ils avaient carte blanche cette année. Et qu’ils en ont profité pour inviter l’excellent duo palestinien Zenobia ou la DJ Deena Abdelwahed, qui a su séduire des curieux qui n’étaient pas toujours venus pour elles. Mention spéciale enfin à la chanson techno-punk impressionnante du duo orléanais Gargäntua dont le live, a gagné en épaisseur et en intensité en quelques mois à peine, leur ouvrant la voie pour un succès qu’on prédit éclatant.

Cette année, il y avait aussi un festivalier pas comme les autres : dès le vendredi soir, on pouvait croiser sur les dancefloors l’humoriste Aymeric Lompret, connu pour ses chroniques sur France Inter, le festival l’ayant invité à jouer le dimanche-même au Théâtre du Pays de Morlaix. Vérification faite : rire c’est plus efficace que l’aspirine contre la gueule de bois surtout que Lompret, après deux jours passés à s’imprégner de l’atmosphère de Panoramas, a su avec malice agrémenter son spectacle « Tant pis » de nombreuses allusions au festival. Dont une impayable imitation de Joran le Corre !

Panos, c’est aussi un tournoi de street golf, un atelier zéro déchets avec l’association en Vrac à l’Ouest, une sensibilisation à la préservation de nos océans avec Sea Shepherd, un brunch coréen au Café Le Tempo, le Pano Rap Contest qui a récompensé trois jeunes rappeurs bretons (Lowdy Williams, Gak et Flimzy Flav), et une folle soirée de clôture au SEW qui a ouvert ses portes en 2021 après des années de travaux. Le SEW, soit la nouvelle aventure de l’équipe de Wart et de Panoramas : un pôle culturel qui allie cinéma, théâtre, danse et musiques actuelles dans une friche industrielle qui n’est autre que l’ancienne Manufacture de Tabacs de Morlaix, un des plus gros employeurs historiques de la ville. Irène Drésel, Yuksek, Mandana (résidente au FUSE), Lulu Van Trapp, Cheap House ont donné bien du plaisir aux derniers survivants du festival.

Mais un des plus moments de la soirée, et même du festival, c’était le concert de la nouvelle sensation de la chanson électronique :  Zaho de Sagazan. Elle nous a impressionnés tant par son timbre velouté, que par ses textes ou l’intelligence de son propos au micro de la Tsugi Radio dimanche. C’est sûr, on va entendre parler d’elle !

Une fois encore, Panoramas a prouvé la place à part qu’il occupe dans le paysage des festivals en France et il semble que Morlaix soit prête à rendre à cette formidable équipe tout ce qu’elle lui donne depuis 25 ans.

 

 

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