Quelques questions à Mohamed Lamouri, chanteur et musicien de la ligne 2
Tous les passagers habitués de la ligne 2 l’ont déjà entendu. Il joue des reprises de Michael Jackson et des chansons en arabe avec son synthés sur le dos. C’est le genre de musicien itinérant du métro qui nous fait enlever notre casque pour l’écouter le temps de quelques morceaux. Comment ne pas se demander d’où vient cet artiste aveugle ? Qui est-il ? Quelle est son histoire ? Cet homme, c’est Mohamed Lamouri.
Un passager de la ligne a remarqué le chanteur et musicien et a décidé de l’éditer sur La Souterraine, un collectif-label de chanson française expérimentale dont il est membre. Mohammed chante en arabe, tant pis, La Souterraine n’en a que faire, le raï sentimental de l’Algérien est tellement beau que l’équipe décide quand même de le soutenir en publiant deux mixtapes disponibles à prix libre. Mohamed Lamouri a aussi collaboré sur le titre « Tgoul maaraft » avec le Groupe Mostla, un trio guitare/basse/batterie formé de Baron Rétif, Mocke et Benjamin Glibert d’Aquaserge.
C’est accompagné de ces musiciens que Mohamed se produira ce week-end au Festival Variations à Nantes. Pendant trois jours, du vendredi 31 mars au dimanche 2 avril, le festival explorera l’histoire et les possibilités du piano et du synthé. De nombreux artistes tels que Chassol, Michel Legrand, Le Comte ou encore Jaune viendront rendre hommage aux instruments lors de concerts et de créations uniques. Trois jours avant Variations, on a décidé de poser quelques questions à l’un de ces participants, Mohamed Lamouri.
Tu viens d’Algérie à l’origine, pourquoi es-tu venu vivre en France ?
Je suis arrivé en France pour un festival de musique arabo-andalouse à la Rochelle en 2003.
Tu es heureux ici ?
Même s’il fait froid et qu’il pleut souvent, j’aime la France, c’est le pays des droits de l’homme.
Ta famille est restée là-bas ?
Ma mère et mes soeurs sont à Tlemcen, j’habite chez mes cousins en Seine St-Denis.
Quand as-tu commencé à faire de la musique ?
Très jeune à l’école, avec des camarades, j’ai commencé par la darbouka, ce sont des percussions. J’ai appris le clavier tout seul, quand j’ai voulu chanter des chansons.
Depuis quand as tu ce fameux synthé ? J’ai le souvenir qu’auparavant tu avais un instrument fait maison avec des clous et des cordes …
Depuis plus de 10 ans, je ne sais plus.
Tu arrives à vivre de ta musique aujourd’hui ?
C’est mon activité principale, les gens me donnent suffisamment chaque jour, dans le métro.
Comment as-tu rencontré les gens de La Souterraine, ils t’ont repéré dans la ligne 2 ?
Oui, Benjamin Caschera m’a vu dans le métro plusieurs fois, et puis un jour nous nous sommes rencontrés par l’intermédiaire d’Armel Hostiou avec qui j’ai travaillé plusieurs fois (dans Rives, notamment ).
Tu chantes beaucoup de chanson de Cheb Hasni, qu’est-ce que tu aimes tant dans sa musique ?
C’est mon héros. Il chante le raï sentimental, qui est une musique de résistance en Algérie. Il a été assassiné pour ça en 1994. Ses chansons sont trop belles. J’ai aussi mes propres compos.
Tu as conscience d’être le moment d’émotion de la journée des usagers de la ligne 2 ?
Il y a de plus en plus de gens qui disent qu’ils adorent ma musique. C’est ça que j’aime, rencontrer des nouvelles personnes grâce à la musique.
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