đź’ż Que vaut ‘Iota’, le deuxième album de Lous And The Yakuza ?
Rapidement devenue une artiste qui compte sur la scène musicale belge, Lous And The Yakuza dĂ©jĂ avec Iota. Un deuxième album rempli d’amour franc, oĂą l’intime se lie au politique, oĂą Lous joue avec les styles. Tsugi vous en dit un peu plus sur ce douze titres fort et singulier.Â
Après Gore, très bon premier album gorgé de titres ensorceleurs comme « Amigo », « Solo », « Bon acteur » et évidemment « Dilemme », Lous a enchaîné un Tiny Desk (Home) Concert (sur la radio américaine NPR) et une session Colors remarqués, plus quelques feats fringants avec l’acolyte Damso, mais aussi Joey Bada$$, Hamza ou Squidji… Elle est de retour, pour jouer un mauvais tour. Alors voilà Iota ! Douze titres qui prouvent qu’elle se balade entre les styles et joue avec. OK, il y a de la pop et des influences R&B là -dedans. Mais on entend rarement une artiste se détacher ainsi des genres et de leurs étiquettes. Tous ou presque le revendiquent ? Lous le fait vraiment, sans coquetterie ni calcul. El Guincho, producteur sur Gore et qui s’était illustré sur El Mal Querer de Rosalia, est de retour aux manettes pour plusieurs titres. Ça s’entend. Dans Iota, on passe de productions planantes brumeuses à des mélodies pop colorées, des rythmiques reggaeton, du hip-hop classique, des berceuses… Et on reste très rarement indifférent.
Les textes de la Belgo-Congolo-Rwandaise sont directs, francs, avec leurs moments de profondeur. Lous y décrit notamment l’amour : la tendresse asymétrique (« La Money »), le désir impulsif (« Takata »), la passion physique qui fait perdre la tête (« Trésor »)… jusqu’à la brûlure (« Hiroshima »). Mais aussi l’amitié/sororité (le furieux « Kisé »), la dépendance affective (« Yuzu balade ») et le manque de sa famille (« Interpol »). Pour Lous, parler d’intime est politique. Alors en filigrane elle aborde ce que c’est d’être une jeune femme noire dans ce métier, le succès, le mode survie, l’argent, la bizarrerie et le rejet. Elle invite deux rappeurs sur son projet : l’ami et partner in crime Damso sur « Lubie » et Benjamin Epps pour un freestyle aussi court qu’incisif (« Stop »).
Dans Iota d’ailleurs, les chansons sont courtes, efficaces. On n’est pas là pour les fioritures. Disque singulier, Iota fait forte impression à ses débuts, avant de passer aux douceurs en fin de parcours. La porte-voix antiraciste, muse des créateurs (Louis Vuitton en tête), peintre qui expose, traductrice de poésie, bientôt autrice – puisqu’elle prépare son premier roman – prouve que touche-à -tout peut rimer avec bonne partout. Tant qu’on y met du cœur.