Premier été post-pandémie : comment le Brexit impacte les artistes britanniques
Après deux ans de pandémie et de concerts annulés, les artistes britanniques prennent de plein fouet les effets du Brexit. Bureaucratie plus lourde, problèmes de visa… résultat les musicien•nes d’outre-Manche sont moins booké•es dans les festivals cette année.
Votée en 2016, mis en place en 2020, le Brexit et ses effets ne se font sentir sur les artistes britanniques que récemment. En raison de la pandémie, les concerts ont été suspendus, reprogrammés, annulés, puis repoussés. 2022, est donc le premier été depuis l’apparition du Covid où les tournées se déroulent à peu près normalement et pour les groupe britanniques le premier d’un autre combat. Plusieurs figures de la scène britannique se sont confié au magazine NME, expliquant que les complications du Brexit « étranglent la prochaine génération de talents britanniques dans son berceau ».
Déjà l’année dernière la scène britannique s’était indignée du « No Deal Brexit ». Le gouvernement n’avait à l’époque a pas réussi à négocier des voyages sans visa et des permis de travail à l’échelle européenne pour les musicien•nes et leurs équipes. Cet échec a rendu toute la bureaucratie entre les pays de l’euro et le Royaume-Uni beaucoup plus lourde. « Avant, on pouvait charger une voiture ou réserver un vol et être en Europe à temps pour jouer », a expliqué Naomi Smith, la PDG de Best For Britain, un groupe « poussant à des relations plus étroites avec l’Europe et le monde » à NME. La paperasse autour des carnets et des exigences de visa combinée aux retards de voyage et au matériel parfois retenu par la législation du Brexit – ce qui est arrivé au groupe White Lies – impactent les opportunités de concert, en particulier les shows de dernières minutes. Une étude menée par Best For Britain a récemment montré que le nombre d’artistes britanniques se produisant dans les festivals européens cette année avait chuté de 45 % par rapport à 2017-2019 (avant l’application du Brexit).
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Pour les festivals européens, booker des artistes britanniques comportent en effet des risques. Eric Van Erdenburg directeur du festival Lowlands aux Pays-Bas a fait savoir à NME que les complications du Brexit avaient rendu de nombreux agents et managers nerveux. « La pire chose qu’un festival puisse avoir, c’est lorsqu’un artiste annule. Nous avons eu deux ans de COVID et de Brexit, puis la guerre en Ukraine, et il y a tellement d’incertitudes auxquelles nous sommes confrontées en Europe que lorsqu’il s’agit de réserver, tout le monde veut être plus du côté sûr », a complété Fruzsina Szép, organisatrice des festivals Superbloom et Goodlive en Allemagne. Résultat, les groupes britanniques sont moins appelés.
Dans une lettre d’opinion pour NME, Joff Oddie, le guitariste de Wolf Alice a ainsi écrit : « Nous ne pouvons pas espérer conserver notre riche culture et notre patrimoine musical si nous ne soutenons pas les artistes à venir et les artistes établis, Nous avons besoin d’un nouvel accord pour les tournées de la part du gouvernement maintenant. Il est temps d’abattre les barrières auxquelles les artistes sont confrontés lors de leurs tournées dans l’UE. Il est temps de laisser la musique bouger ! »
Malheureusement selon Naomi Smith la situation n’est pas prête de s’améliorer en raison du profil des candidats Tories au poste de Premier ministre, Rishi Sunak et Liz Truss. « Les deux candidats au remplacement de Boris Johnson au poste de Premier ministre ont beaucoup plus en commun qu’ils ne veulent nous le faire croire. Ils sont tous deux entièrement engagés dans une forme très, très dure de Brexit », a-t-elle développé.