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Flore ©Philippe Pace
19 janvier 2021

🔊 Playlist NOUVEAUX FUTURS par Flore : ce qui sort aujourd’hui, ce qui s’écoutera demain

par Tsugi

NOUVEAUX FUTURS, ce qui sort aujourd’hui, ce qui s’écoutera demain. La playlist multi-plateformes de Tsugi sur le thème des musiques contemporaines et d’avenir, curatĂ©e et commentĂ©e tour Ă  tour par les artistes. Aujourd’hui, c’est la productrice et DJ lyonnaise Flore, prĂŞtresse française de la bass music et boss du label POLAAR, qui se prĂŞte brillamment Ă  l’exercice.

Eve Maret et les nouvelles formes de pop song

J’ai découvert le track « Synthesizer Hearts » dans l’une des excellentes émissions de la BBC et depuis il tourne en boucle chez moi. C’est étonnant car c’est disco, et après en avoir beaucoup écouté il y a longtemps, c’est un style qui a tendance à me fatiguer très rapidement. Mais ce morceau est magique car il est « à coté ». La structure est toute pétée, le refrain n’en est pas un, on est à cheval entre Laurie Anderson et Cerrone, et ça marche effrontément bien ! Eve Maret est une artiste issue de la scène alternative de Nashville, on peut sentir une très claire envie d’exploser les codes, et son usage de la voix est aussi extrêmement intéressante. Comme dans les albums de Kaitlyn Aurelia Smith, Rose Bonica, Lyra Pramuk ou Yaeji, tous sortis cette année, et dont j’ai mis quelques morceaux dans cette playlist. On sent que ces femmes produisent elles-mêmes leur musique, qu’elles viennent d’un background où leur voix fait partie des nombreux outils dont elles disposent. L’écriture reste pop, mais dans une version très décomplexée.

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Hyph11e et le footwork 3.0

« 160 est le nouveau 120 bpm », me disait un de nos artistes, SNKLS il y a peu. Je valide. Hyph11e fait partie du label ultra hype SVBKVLT, un label basé à Shanghai qui insufflent depuis quelques années un vent de fraîcheur et de sauvagerie sur la scène club internationale. Dans la bande, il y a 33EMYBW, Zaliva-D, Osheyack, Prettybwoy (un artiste que nous partageons avec POLAAR) ou encore Gabber Modus Operandi. On y pratique des bpm élevés, entre 150 et 180. Hyph11e ne déroge pas à la règle, avec un penchant très marqué pour le footwork et les breakbeats anglais, avec cependant une approche très différente des pionniers américains et UK. C’est expérimental dans les sons et hybride dans la forme. Historiquement, le footwork est un style qui tire ses racines de la ghetto house, et les légendes du genre (DJ Rashad, DJ Spinn) ont posé les codes du genre, alimentant cette musique de samples issus du hip-hop et de la funk, tout ça mélangé à l’incontournable son des TR-808 et 909. J’aime la façon dont certains artistes (comme Rian Treanor et EXAEL dans la playlist) cassent les habitudes du genre pour y incorporer des sons plus synthétiques. Pas étonnant que des labels tels que Planet Mu ou Berlin Atonal s’intéressent à eux ! En France, la bande de Paradoxe Club est bien dans ce genre de recherche aussi. J’aime beaucoup et il y a fort à parier que ces exemples vont se multiplier.

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Lurka et le cyber dancehall

Ce n’est un mystère pour personne que je suis une grande fan de dancehall. Il y en a dans chacun de mes albums, c’est selon moi le groove le plus sexy qui existe. Pendant trop longtemps, le genre a été méprisé par la scène électronique (trop de Sean Paul peut-être ?), mais depuis quelques années, il s’installe, grâce notamment au groupe jamaïcain Equiknoxx qui a creusé le sillon d’une nouvelle forme plus instrumentale du style, minimaliste et audacieuse. Cette année, il y a eu des tueries qui poussent le genre encore plus loin. J’ai écouté l’EP Rhythm Hi-Tek de Lurka en boucle cet été. C’est ciselé, futuriste, mais ça parle aux fesses, c’est d’une radicalité que j’affectionne tout particulièrement, c’est vraiment un morceau que j’ai hâte de jouer sur un sound system ! Dans le même genre, on retrouve les Français de Maquis Son System, Laksa ou Time Cow.

Sophia Loizou et l’ambient rave

Si vous ne connaissez pas Sophia Loizou, c’est une grave erreur ! C’est probablement l’artiste que j’ai le plus écouté ces dernières années, notamment son tout premier album Singulacra, sorti en 2016, qui est une pure merveille et qui fut mon compagnon de route (au casque, dans le train, c’est addictif !) À l’époque, l’ambient n’était pas encore vraiment de retour, pas plus que le breakbeat anglais. Sophia aura donc l’audace en 2016 de mélanger ces deux genres diamétralement opposés, allant piocher dans les classiques du happy hardcore pour y révéler autre chose que son aspect dancefloor. Ce premier essai est purement magistral, coup de maître reconduit cette année encore avec la sortie sur Houndstooth de Untold, son dernier album. Dans une démarche similaire, l’incroyable « Head Above The Parakeets » de HAAI, sonne pour moi comme un cri d’amour aux raves. Un morceau nostalgique, poétique et enveloppant, qui m’a fait beaucoup de bien cette année. Au début du confinement, alors que tout le monde se demandait si la club music avait encore un sens, cette fusion semblait lui en trouver. Elle est aussi une énième preuve à mes yeux que la musique club n’est pas qu’une musique « de club » et qu’elle nourrit nos cultures contemporaines, sous plein de formes.

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Jay Glass Dubs et le dub

Enième mutation dub, dont Jay Glass Dubs, Forest Drive West, Azu Tiwaline, Toma Kami ou le label Bokeh Version sont les fers de lance. Moi, la Lyonnaise (pour les ignorants, Lyon a eu une influence majeure sur cette scène grâce notamment au label Jarring Effects), ça ne me laisse forcément pas indifférente ! J’aime la fraîcheur de cette nouvelle approche du son « dub », avec une exploitation très originale des samples et des effets. Certains morceaux de Jay Glass Dubs sonnent d’ailleurs très pop. Encore un preuve de l’influence capitale de ce genre sur la musique électronique.

ZULI et les autres rageux

J’aime les appeler les « rageux » (ce qui est un compliment dans ma bouche !). On pourrait se demander pourquoi ils sont aussi méchants ? Mais sincèrement, connaissez-vous musique plus libératrice en temps de confinement que ces expérimentations punk ? Pour ma part, ces morceaux m’ont fait un bien fou, c’était la soupape nécessaire. Je suis fan de la musique de ZULI depuis plusieurs années, de la façon dont il détruit ses rythmiques, sa façon de tout faire partir en flamme. Dans le même registre, j’ajouterais Peder Mannerfelt, qui apporte une touche très punk à la techno (tout en sortant parfois des morceaux ambient on ne peut plus subtils et léchés). En France, je pense à Emma DJ bien sûr, et pour les accompagner, j’ajouterais aussi le producteur américain Only Now ou encore Duma, qui a frappé fort cette année avec la sortie de son album sur Nyege Nyege Tapes. Des démarches singulières, pleine de liberté, qui détruisent les standards clubs et qui sonnent comme un appel à la révolte dans mes oreilles.

❏

Écouter l’excellent album de Flore Rituals, sorti sur son label POLAAR en 2020.

 

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