PEW : les cultures électroniques dans toute leur splendeur
Ce week-end, Paris Electronic Week est revenu plus fort et plus ambitieux que jamais. L’objectif de ces quatre jours intense de festival ? Créer des réflexions autour de quatre grandes thématiques du secteur : la musique, la politique, l’inclusion et l’écologie. Bien évidemment la nuit tombée, les débats laissaient place à la fête et à la danse grâce à une judicieuse programmation d’artistes, qui ont fait vibrer chaque recoin du parc de La Villette.
Les organisateurs de Paris Electronic Week ont vu juste en choisissant cet immense parc du XIXème arrondissement de Paris pour héberger sa dixième édition. Quoi de mieux que tous ces lieux aussi singuliers pour accueillir ce large éventail de conférences, workshops, ateliers et DJ sets ? Pendant quatre jours, on a déambulé à travers les différents endroits (on en a même découvert) de ce lieu emblématique, afin de rencontrer les acteurs et actrices qui font le secteur actuel des musiques électroniques.
Une soirée d’ouverture percutante, un festival placé sous le signe de la culture Techno
Dès la fin de la présentation de l’étude Technopol, les basses du premier set techno de ce 10ème anniversaire commencent à résonner au sein de à la folie. C’est le jeune DJ résident du lieu, Transterror qui ouvre le bal. Quelques personnes s’aventurent timidement sur le dancefloor, pour le moment vide. Il n’est que 20h, ce n’est qu’une question de temps pour que la piste se remplisse. Pendant qu’on boit un coup en extérieur, le collectif queer Myst s’empare du tapis rouge et nous offre un défilé aussi mystique que haute couture. Ce qu’on a retenu de cette collection? Des tenues toutes aussi sensuelles les unes que les autres, portées par des mannequins à la démarche lente, envoûtante, caractérielle et provocante. Un univers sombre où l’on retrouve les influences queer et techno du collectif, avec certaines ref’ gothiques en mode Edward aux mains d’argent sous acides, version cuir 2022. On a aussi eu droit à des couvre-chefs XXL extravagants et des talons à plateformes de 15 cm pour chaque passage. Faute de musique à l’extérieur -ce qui était d’ailleurs bien dommage car le set de Transterror se serait parfaitement marié à la collection- le défilé migre carrément à l’intérieur de la Folie pour un final en grand pompe sur le gros son de Transterror. Eh oui, tout est bien qui finit bien. Tonnerre d’applaudissements pour les mannequins qui tapent la pose sur les escaliers de la Folie, surplombant la foule de leurs tenues excentriques. Après tout ça, le BPM monte d’un cran lorsque Clara 3000 reprend le contrôle de la scène. Il est à présent difficile de se frayer un chemin à travers les danseurs qui ont envahi le (petit) dancefloor de cette Folie de la Villette. Place ensuite au b2b des deux DJs et amis Lacchesi et Mac Declos. Personnages clés du label parisien Maison Close, les deux inséparables envoient plus d’une heure de techno sur fond d’indus’. Leur mot de la fin? Un remix bien techno de “Can’t Get You Out Of My Head” qui aurait rendu Kylie Minogue fière.
Assurer les futures générations des professionnels de la musique électronique
Ce n’est pas un hasard si la dixième édition s’est ouverte mercredi soir sur la présentation de l’étude Technopol et ses constats mitigés sur les musiques électroniques en France. Menée par le président de l’association Tommy Vaudecrane, cette conférence nous aura appris -entre autres- deux choses importantes de cette conférence : d’abord les inégalités hommes/femmes sont encore trop présentes dans le secteur avec une absence de parité au sein des artistes et des métiers de la technique. Deuxième point, malgré la lente renaissance post-covid, les musiques électroniques veulent continuer de faire entendre leurs voix, afin d’obtenir plus de considération de la part du système culturel français et de ses institutions. C’est la base du travail entrepris par le festival, ouvert sur le plus grand nombre, à travers un nombre important de conférences et d’ateliers étendus sur quatre jours.
Axe majeur de ce festival, on a pu parler de la place des femmes au sein de la production musicale avec plusieurs artistes du métier : Meike Nolte (Beatport), Louisahhh (artiste) et Caiva (DJ). S’est enchainée une conférence sur les solutions pour une fête plus responsable, orchestrée par le collectif Act Right où on été sensibilisés sur le comportement à adopter lors d’évènements festifs. On y a appris à réagir en cas de violence dans le contexte de soirées, à travers quelques tips. Le but de ce workshop? Faire de nous des témoins actifs et propager la bonne parole pour être tous impliqués dans le bien-être de de nos voisins de dancefloor. Vendredi, place à une conférence concernant l’expérience de festivalier.e et son rapport à l’écologie. On a pu entendre certaines solutions, plus green, pour vivre son festival autrement (comme revoir ses modes de transports pour se rendre en festival, par exemple)
Énorme coup de cœur pour l’atelier de samedi après-midi orchestré par Xavier Garcia, qui nous a présenté ses “Hackin’ toys”. Entre low-tech et made in France, Xavier a eu l’idée de créer des machines musicales modulaires pour des concerts collaboratifs improvisés. On s’est donc retrouvé à créer un banger commun en se trémoussant derrière ces machines éco-conçues, avec de parfaits inconnus, dont un enfant de 10 ans. Un moment magique où l’on comprend plus que jamais, à quel point la musique rassemble. Une fois cet instant de création terminé, on est parti se détendre au Jardin 21 pour écouter les lectures électriques de Benjamin Chaval et Laurie Bellenca. Chaque soir, on a eu droit à une sélection de DJs et producteurs éclectiques avec une soirée d’ouverture en feu, et le lendemain une soirée au Trabendo soutenue par Pioneer et Beatport avec Samantha Togni, Dylan Dylan et The Checkup. On remercie Konbini pour le line-up très chaud de sa soirée de vendredi soir qui a ambiancé tout le périph’ grâce à Bamao Yendé, ISSAM, Mr Eazy, Savage Block Party… Enfin, Paris Electronic Week a entièrement dédié sa dernière soirée à la fête, avec pas moins de quatre soirées organisées dans quatre lieux majeurs de La Villette. Un programme très chargé ou l’on pouvait se rendre au Cabaret Sauvage écouter Hey Jan, Lalalar, Nuri, au 211 pour un set hors-norme de Para One et au Kilomètre 25 pour danser avec Dave Clarke. Personnellement, on est retourné au périph’ pour aller taper du pied sur l’énorme techno de Xenia UA, KAS:ST qui jouait en after de la Techno Parade. La soirée s’est finie en apothéose sur une ambiance rave amenée par un set lunaire d’Alignment qui, décidément, ne déçoit jamais.
En bref, Paris Electronic Week sait mêler l’utile à l’agréable. On a aimé sauter de conférence en conférence, en faisait des crochets par des cours de DJing, et pas mal d’arrêts pour danser sur de la musique de qualité, au détour d’un Trabendo ou d’un Kilomètre 25. On en est ressorti plus aguerri, plus informé sur ce secteur des musiques électroniques, toujours aussi complexe et souvent réduit à trop peu de choses. Quatre jours de bienveillance, de sensibilisation, de musique, de danse et de transmission de savoir. De quoi acquérir des bases solides pour les futures générations de professionnels de la musique électronique.
Meilleur moment : prendre le contrôle d’une des machines de Xavier Garcia et se prendre pour David Guetta au moment du drop.
Pire moment : quand on a mis 30 mn à trouver la folie n6 parmi les 25 autres folies de la Villette