Paradise City : un festival bucolique et bon enfant à 1h30 de Paris
Alors que la saison des festivals bat son plein, on en vient parfois à regretter le gigantisme de certains et les sets autoroutiers/monotones des géants de la techno qui y sont programmés. Alors, quand on nous a proposé de venir découvrir le Paradise City, un événement à taille humaine se déroulant dans le parc d’un château XVIIIe au nord de Bruxelles, on n’a pas vraiment tergiversé. Tout comme ce jeune néerlandais avec qui on a aimablement discuté après qu’il ait renversé notre bière dans un élan d’enthousiasme provoqué par la sélection deep-house vocale/garage bien sentie de Jeremy Underground. « Il y avait l’énorme festival Awakenings chez nous ce week-end. Mais on a préféré venir ici. Il y a moins de monde, plus de place, c’est plus détendu, familial. Et la musique nous convient mieux, c’est plus mélodique, moins rentre dedans, on n’est pas dans la grosse techno ». Trois scènes avaient en effet été disposées dans le parc arboré du château de Ribaucourt. La première, dédiée à la house authentique, vocale, groove, à l’ancienne. Une deuxième, plus transversale, accueillait les artistes se produisant live, allant de la bass-music à la deep-techno soyeuse en passant par des formations électro-minimale aux accents post-rock. Une troisième enfin – où on est resté le moins longtemps- était plutôt consacrée à une tech-house festive tendance Ibiza.
Privilège de journaliste, on a pu profiter des « runs » en langage commun les voitures qui transportent les artistes depuis leur hôtel jusqu’au festival. Ce qui présente un double avantage. D’une part, un gain de temps appréciable sur le transport en étant déposé directement dans l’enceinte de l’événement. De l’autre, pouvoir discuter à la cool avec des artistes mais aussi écouter leurs conversations qui tournent généralement autour de leurs différentes dates dans le week-end, de leurs avions loupés ou en retard… Ou encore de leur santé physique et mentale mise à mal par ce rythme de vie infernal du jeudi au dimanche qui les voient dormir peu et boire trop – pour ceux qui boivent. On a ainsi assisté amusé à l’arrivée in-extremis de Konstantin Sibold attendu pour un back to back avec le lyonnais Kosme. Le jeune DJ allemand, qui avait enchaîné Ibiza, Zurich, Nuremberg et donc Bruxelles en trois jours nous avait confié avoir un peu tiré sur la corde en acceptant toutes ces dates. Heureusement pour le public, une fois arrivé sur scène – en courant – il puisait dans ses dernières forces pour délivrer avec son comparse une house d’after parfaite pour un dimanche après-midi champêtre. Ce ne fût hélas pas le cas de l’Américain Nosaj Thing , arrivé lui aussi en petite forme, qui interrompait son set abstract hip-hop/future beats – plutôt plaisant – 20 minutes avant l’horaire prévu. Pas cool.
Mais le public belge est compréhensif, plutôt accueillant et bienveillant. Et aime beaucoup se déguiser. On se demandait parfois si nous n’étions pas dans un décor de BD, du genre carnaval au château de Moulinsart. Alors que l’on profitait du concert house minimale réarrangé en mode live et rock du groupe autrichien HVOB, on retrouvait notre chauffeur du début d’après-midi. Et on se marrait quand celui-ci nous expliquait qu’il avait eu Richard23 de Front242 comme voisin de palier irascible, ne supportant pas le moindre bruit. Paradoxal. Heureusement pour lui, le mythique groupe new-wave bruxellois n’était pas programmé à Paradise City. Le génie house de Detroit Omar S lui était bien présent. Très concentré et n’ayant pas un seul regard pour le public, il délivrait un set house et techno que l’on attendait avec impatience. Mais le son, qui n’avait pas été adapté à sa configuration vinyle nous a un peu gâché le plaisir. Pas grave. Lorsque le public l’applaudissait à la fin de son mixe, il esquissait enfin un sourire. La veille on en avait pris plein les oreilles avec l’excellente performance des allemands de Smallpeople, en mode deep-house avec des basses bien rondes et groovy. On en oublierait presque le live de Jacques, très coloré tant musicalement que visuellement, ce qui compensait le manque global de soleil durant notre séjour. Organisé par une équipe de passionnés qui ne travaillent pas à l’année dans l’événementiel, dans un cadre bucolique et enchanteur, avec une programmation impeccable, on ne peut que vous recommander le Paradise City qui fêtait là sa troisième édition. Pour rappel, Bruxelles n’est qu’à une heure et demi de TGV de Paris.
Meilleur moment : Le groupe Vessels qui s’excuse pour le Brexit en montant sur scène avant d’exécuter un excellent concert electro-post-rock.
Pire moment : Première fois qu’on voit un festival où il faut payer pour aller aux toilettes.