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3 avril 2017

Oxia : « Je m’en suis un peu lassé, mais quand je vois la réaction des gens ça fait toujours plaisir de jouer ‘Domino' »

par Mathilde LESAINT

Il y a dix ans, presque tout pile, Oxia sortait un tube : « Domino ». Mais jamais, jusqu’à aujourd’hui, le titre culte n’a été remixé. Dix ans après, grâce à l’influence de son ami Agoria, Oxia a finalement accepté de confier son bébé à d’autres artistes talentueux. Le duo Frankey & Sandrino, Matador et Robag Wruhme ont relevé le défi de repenser le tube. Quelques semaines après l’anniversaire de sa sortie et peu de temps avant son passage au Chamonix Unlimited Festival, on s’est dit qu’il serait bon de revenir un peu sur son histoire. Un sujet en entraînant un autre Oxia nous a aussi parlé de ses débuts et de ses projets futurs.

Tu as commencé à mixer à l’âge de 15 ans, ça correspond à l’âge où tu as écouté tes premiers sons techno ?

Non, vu mon age ça n’existait pas encore. J’ai commencé à mixer sur de la funk. Au début je faisais de la radio, j’animais une émission de funk. C’était un peu le moment de transition de la funk à la house. On s’est rendu compte plus tard que même si la house n’existait pas encore à l’époque, il y a des morceaux funk qui sont limites house.

La radio existe encore ?

Je ne sais pas du tout. J’ai fait deux émissions de radios différentes d’ailleurs. J’ai encore des cassettes de ces radios, il faudrait que je les retranscrive. On pourrait entendre ma voix qui commence à muer. Ça ne doit pas être très sexy ! Je ne sais pas si les cassettes sont encore viables en revanche.

A ce moment-là, la scène électro a commencé à monter ?

C’est arrivé un petit peu plus tard, plus vers 92-93. C’est à ce moment qu’il y a eu les premières soirées. J’ai rencontré pas mal d’artistes qui tournent encore comme Miss Kittin, The Hacker. Une bande de bons copains qui a bien marché !

Ton dernier album date de 2012, tu en sortira un nouveau bientôt ?

Oui oui il se prépare ! Je me rappelle des interviews du dernier album où l’on me disait « huit ans pour faire l’album, pourquoi aussi longtemps ? ». Je me suis dit la prochaine fois, j’essayerais de faire moins longtemps. Je me rends compte que ça fait déjà cinq ans ! J’ai quand même quelques trucs de prêt. J’espère pouvoir le sortir l’année prochaine.

Il sera dans la lignée du second album, assez calme et mélodieux ?

Oui je pense. Autant sur les EPs j’aime bien produire des titres assez dancefloor, mais sur mes albums je préfère faire quelque chose de différent. Faire dix ou douze tracks essentiellement pour le dancefloor je trouve que ça n’a pas vraiment d’intérêt.

Dans quel état d’esprit étais-tu au moment de la création de « Domino » ?

C’était il y a dix ans donc tu sais je ne m’en rappelle pas vraiment. Tous les journalistes me demandent de leur raconter un peu comment je l’ai produit. A vrai dire je ne sais pas, j’étais nu dans mon studio… non ce n’est pas vrai (rires).

Tu as produit ce tube avec quels instruments ?

Je l’ai fait avec un Atari et des synthés externes. L’Atari, contrairement à maintenant où tu peux rentrer chaque piste une par une, là c’était un bloc. Pour les remixes, il a fallu retrouver tout ça pour pouvoir envoyer les parties aux artistes. Heureusement, j’avais gardé l’Atari, le collector ! J’ai dû tout rebrancher pour rechercher les éléments, ça a pris un temps fou. En plus, j’avais seulement la boucle principale. La mémoire de l’Atari avait effacé des parties. Une galère…

Comment les artistes remixeurs ont-il été choisis ?

Comme le disque est produit sur le label d’Agoria, on a choisi tous les deux. On a fait chacun une liste qu’on a rejoint. Ensuite on a commencé à demander aux producteurs. Il y a pas mal de gens qui ont refusé d’ailleurs. Certains ont dit « non, c’est un trop gros classique ». C’est sûr que c’était un risque de remixer un track qui a tant marché et qui marche toujours autant. En tout cas, ceux qui ont relevé le défi ont vraiment réussi !

Tu leur a donné des directives ?

Non pas du tout. Ils avaient toute ma confiance. Frankey & Sandrino et Matador ont repris les pistes alors que Robag Wruhme a carrément rejoué le morceau avec d’autres sonorités. Il en a fait plusieurs, beaucoup même, et tous très différents, du premier au dernier.

Tu as aussi choisi de le retravailler toi-même…

J’ai beaucoup hésité à faire un remix. La plupart des gens n’arrivent pas à discerner la différence entre l’original et le rework (rires). Pourtant quand tu écoutes avec attention, il n’est pas pareil ! C’est exactement les mêmes sons, mixés avec les possibilités et les outils de notre époque. Mais les gens ne captent pas (rires). C’est là où je regrette un peu de ne pas avoir fait de remix.

Tu aurais pu sortir ces remixes sur un autre label que celui de ton pote Agoria ?

Avec Kompakt on en avait plus ou moins déjà parlé, j’ai eu d’autres propositions de labels aussi. A ce moment là, mes droits avec Kompakt étaient terminés je pouvais donc faire ce que je voulais avec « Domino ». Ils ne devaient pas être très content, mais ça s’est très bien passé, je pense qu’ils ont compris.

Tu aurais pu sortir l’EP de remixes sur le label que tu as créé avec Nicolas Masseyef, Diversions Music ?

Oui pourquoi pas, mais on n’a pas les mêmes ambitions qu’Agoria avec Sapiens. Nous c’est plutôt créer un label pour sortir nos tracks quand on a envie et faire ce que l’on veut. Après on produira aussi d’autres artistes, mais c’est surtout pour avoir une plateforme.

Tu le joues encore ?

Oui je suis un peu obligé, les gens me le demande. Je m’en suis un peu lassé, mais quand je vois la réaction des gens ça fait toujours plaisir. Ça m’étonne encore, mais c’est toujours le feu. C’est le même principe que des vieux groupes de rock, trente ans plus tard ils jouent toujours leurs plus gros tubes et les gens sont toujours aussi heureux. Je joues les remixes aussi maintenant !

Oxia sera au Chamonix Unlimited Festival aux côtés de la crème de la techno et de la house. Du 5 au 9 avril, les festivaliers auront le choix entre Ben Klock, Marcel Dettmann, Henrik Schwarz, Konstantin Sibold, Rodhad, Vitalic ou encore Kerri Chandler.

Toutes les infos ici.

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