On y était: Kraftwerk à la Fondation Louis Vuitton
La techno aurait elle seulement jamais existé sans l’album Computer World de Kraftwerk ? Dans le hors série que nous avons consacré au groupe de Düsseldorf, Juan Atkins et Jeff Mills nous rappelaient l’importance capitale de ce disque sorti en 1981 et abondamment diffusé par le DJ The Electrifying Mojo sur la radio de Detroit, WJPR. Parmi la série des huit concerts (un pour chaque album) Parisien à la nouvelle Fondation Louis Vuitton c’était donc bien celui présentant ce chef d’œuvre novateur qui nous excitait le plus.
Démarrant quasiment à l’heure prévue sur le billet (20h50 au lieu de 20H30);
INSERT INTO `wp_posts` VALUES Ralf Hutter, premier sur la gauche de la scène, et ses trois comparses, démarrent par “Numbers”, numéro trois sur le tracklisting original. Tant pis pour ceux qui s’attendaient à une relecture dans l’ordre des titres de Computer World. Le son est précis, puissant et net. Le spectacle est aussi dans la salle. Observer mille personnes, chaussées de lunettes 3D en carton, regardant tous dans la même direction, est ô combien comique. Ce qui correspond parfaitement à l’esprit d’un show de Kraftwerk où le kitsch hilarant des visuels (comme cet atterrissage d’une supposée soucoupe volante dans les jardins de la Fondation) donne un juste contrepoint au poids parfois pesant de leurs mythiques compositions. Être culte n’interdit pas d’avoir de l’humour. Les vingt-cinq minutes (soit neuf minutes de moins que la durée de l’album) de la retranscription très dynamique de Computer World illustrent magistralement comment la musique de Kraftwerk a forgé de son empreinte les sons de notre époque. Et pas seulement la techno.
“Autobahn” (dans une version plus longue que celle de la veille nous confie un spécialiste) ouvre la partie “best of”. On regarde amusé sur l’écran géant installé derrière les quatre pupitres des musiciens (?) défiler les dessins stylisés de Mercedes et Volkswagen oldschool sur une autoroute échappée des années 60. Les spectateurs semblent comme hypnotisés, même si certains tentent quand même quelques déhanchements lorsque le beat s’élève.Ce sera souvent le cas tout au long d’un concert qui voit Kraftwerk jouer non pas de la musique électronique, mais bien de la techno, voire de l’electro-hip hop comme l’épileptique “Boing Boom Tschak” qui vient clore la soirée avec deux autres titres (“Techno Pop” et “Musique Non Stop”) extraits du mal aimé Electric Café. Mais avant cela nous aurons eu de grandioses versions de “Radioactivity” avec inclusion de “Fukushima” dans les paroles, “Trans Europe Express” (un poil molasson quand même) et surtout “The Robots” et “The Model”. Sans doute trop respectueux le public nous a surpris par sa retenue, certes la moyenne d’âge était plus proche de 40 ans que de 20 ans, mais on aurait aimé plus d’enthousiasme que diable !
Pourtant, en tendant l’oreille après le concert, on constate que si quelques grincheux critiquent ça et là l’aspect cheap de la 3D et des visuels (mais ont-ils seulement compris l’esprit de Kraftwerk ou bien ont ils confondu Ralf Hutter avec James Cameron ?), une grande majorité, à notre image, s’avoue bluffée par ce show généreux de deux heures, qui si il n’est nullement révolutionnaire, développe juste le mécanisme parfait pour mettre en lumière une œuvre unique. Et qui bénéficie bien entendu du cadre fastueux, même si un brin écrasant, de la Fondation Louis Vuitton. D’ailleurs on veut bien parier que les Justice, Gesaffelstein, Mirwais ou Etienne Jaumet, tous présents hier soir, se demandaient si un jour eux aussi auraient la chance d’y accéder, mais cette fois çi côté “scène”. On ne demande qu’à voir.
La set list du concert du 10 novembre :
Numbers
Computer World
It’s More Fun to Compute
Computer Love
Pocket Calculator
Autobahn
Radioactivity
Ohm Sweet Ohm
Trans Europ Express
The Robots
Spacelab
The Model
Neon Lights
Man Machine
Tour de France
Tour de France 03
Planet of Visions
Boing Boom Tsachk
Techno Pop
Music Non Stop