On a subi pour vous : l’album collaboratif de Skrillex et Diplo
Si nous pouvons déjà nous permettre de pondre une analyse de ce premier album collaboratif entre les deux éléphants de l’EDM-ghetto-step, c’est pour une raison assez simple : les niveaux de lecture ne pullulent pas. Skrillex, qui a sorti un Recess très… Skrillex l’an dernier en la jouant frontal dans la promo, a toujours flirté avec Diplo, qu’on ne sait plus trop comment considérer avec les années. L’auteur de l’incontournable Florida, actuel producteur de tubes aussi racoleurs que problématiques (le dernier single de Madonna en tête) nous a habitué au meilleur (l’EP Express Yourself) comme au pire. Balancé en pâture sans réel pré-buzz, à la suite d’un DJ-set commun en livestream (prétexte téléphoné), Skrillex and Diplo Present Jack Ü s’enfile comme un seau d’ailes de poulet au KFC. Et c’est peut-être une bonne nouvelle.
L’intro, sous LSD, ne sert pas à grand chose en termes de discours, mais a le mérite de ne pas préparer à la suite. « Beats Knockin », qui fera penser à « Express Yourself » dès les premières notes (on y retrouve Boi Keno à la voix) droppe au bout de 36 secondes. Trente-six secondes. Combo basses-sirènes et roulements de snares, le ton est donné. Les dix morceaux de ce disque court et extrêmement compact ressemblent à ce qu’il se passe lorsque qu’on cale la boule de flipper sur les trois bumpers en haut à droite : ça secoue, le score grimpe en flèche, on se sent un poil désemparé par rapport à ce qui se passe, disons qu’on subit positivement. La suite ? On mange de la trap boostée à la mélodie EDM (« Take Ü There »), du R’n’B-brostep avec AlunaGeorge en soutien sur « To Ü » ou des faux slows qui finissent toujours par déraper en mode « montée d’acide dans un club dégueu à Miami », avec quelques senteurs de Major Lazer sans déo en sus. Si vous cherchiez du bon goût, passez à autre chose, mais si vous avez cliqué, c’est sûrement parce que le KFC c’est un peu votre truc, une fois de temps en temps, en cachette. On vous comprend.