On a parlé au créateur du festival norvégien by:Larm
Quelques jours avant de se rendre au fantastique festival norvégien by:Larm, connu pour sa programmation locale défricheuse et ses nombreuses conférences et tables rondes professionnelles, on est allé interroger Erlend Mogård-Larsen, son fondateur, sur les origines et l’avenir du festival.
Avant de bosser dans l’industrie, tu étais un gros geek de musique ?
J’ai commencé ma carrière comme batteur quand j’avais six ans ! J’ai dès cette époque réussi à organiser mon tout premier concert dans une serre à Nesna, au nord de la Norvège. À l’époque je formais un groupe avec un ami et il y a eu deux spectateurs à ce concert : la sœur de mon ami et l’amie de cette sœur.
Comment en es-tu arrivé à créer le by:Larm ?
D’abord j’ai été dans un groupe de punkadelic hardcore, entre 1990 et 1992. J’étais un musicien actif jusqu’à ce que je découvre que mon talent était plus dans l’organisation. Les batteurs et les bassistes sont souvent les organisateurs des groupes. Ensuite j’ai fondé mon petit label et me suis mis à organiser beaucoup de rave et de soirées techno, on a fait jouer des gens comme Daft Punk, Prodigy, Orb, Leftfield… J’ai arrêté cette activité-là en 1997. Et c’est en 1998 qu’on a inventé le by:Larm.
Qu’est-ce qui a motivé by:Larm ?
Derrière il y avait une attitude punk et Do It Yourself. Warner, EMI, Sony et Universal n’avaient pas signé le moindre groupe norvégien depuis les années 80. On voulait leur montrer, à eux comme aux médias, qu’il y avait du talent chez nous aussi. Après le premier by:Larm, des groupes comme Royksopp, Kings Of Convenience, Madrugada, Kaizer Orchestra, Thomas Dybdahl ou Sondre Lerche ont eu droit à ce fameux contrat.
Pourquoi en avoir fait un festival de professionnels de la musique autant qu’un festival de musiques pur ?
L’idée était simple. On voulait d’un côté offrir un espace scénique à de jeunes groupes, amener de nouvelles idées et de nouveaux sons à la radio, mais aussi écouter des gens inspirants et inspirés parler de sujets intéressants, écouter nos héros du business de la musique relater de folles histoires du passer, parler de leurs propres « Boogie Nights » des années 60 et 70…
Il y a eu des désillusions lors des premières éditions ?
En 2001 on a déplacé by:Larm à Kristiansand (le festival a beaucoup bougé avant de s’installer durablement à Oslo, notamment dans cette ville du sud du pays). Et malgré tous nos efforts les ventes de la billetterie ont été particulièrement décevantes.
Vous avez senti des réticences de l’industrie ou des pouvoirs publics ?
Il n’y avait absolument aucune force contre nous à la création du by:Larm, c’était même tout le contraire, il était absolument nécessaire de créer un évènement auquel chaque maillon de l’industrie pourrait prendre part. Si tu veux réussir comme artiste, il y a toujours derrière une équipe avec le management, le booking, le label… Dès la premier édition en 1998, by:Larm a fonctionné comme un agrégateur et un catalyseur pour l’industrie et pour les artistes.
Depuis 1998, quelles ont été les grandes évolutions ?
On teste toujours beaucoup de nouveaux concerts. Par exemple, en 2005, on a fait un concert exclusif avec le Kaizers Orchestra dans la ville de Prekestolen. En 2007 on a fait le festival à Trondheim, dans un port de sous-marins construit par les Allemands en 1944. Le challenge était grand, la température était de moins 22 degrés ! En 2008 on a choisi de déménager le festival à Oslo, même si nous avions juré que nous ne le ferions jamais. En 2010 on a inventé le Nordic Music Prize. En 2011 on a décidé d’être le plus grand festival des pays nordiques. En 2013 nous étions le plus gros festival pour l’industrie musicale suédoise, à Oslo, en Norvège.
Qu’est-ce qui fait que by:Larm est unique ?
On est le festival de clubbing le plus compact du monde. Tu n’as pas à marcher plus de 200 mètres pour trouver l’une des quatorze scènes du festival. Et puis c’est le seul endroit au monde où tu peux entendre tout ce qui se fait de mieux dans la musique des groupes du nord. Et certes, nos bières sont chères… mais si tu viens visiter Oslo et le by:Larm, on te propose un guide fantastique pour que l’homme pauvre que tu es puisse vivre le plus heureux possible dans une des villes les plus chères du monde !
Comment vois-tu les dix prochaines années du festival ?
On va s’internationaliser. On veut commencer à faire venir des groupes de partout dans le monde.
Ces dernières années sont, comme partout, difficiles pour les festivals français, l’audience est plus dure à capter, les subventions s’amenuisent… La situation est-elle pareille chez vous ?
Nous sommes très chanceux dans le nord, l’économie est beaucoup plus stable que partout ailleurs. Tout ça peut encore évidemment changer, mais vu d’ici je dirais que ça devrait continuer à aller à peu près bien. Nous avons tout vendu l’année dernière.
On reçoit une certaine aide de l’état mais rien d’incroyable, le ministère des affaires étrangères nous aide financièrement à mettre en place le programme international et on récupère aussi de largent du Conseil des Arts et de la ville d’Oslo. Mais la plupart de notre budget nous vient de la vente de billets et des sponsors. Notre budget est de 12 millions de couronnes norvégiennes, la moitié provient des revenus de la billetterie, 35% viennent de nos sponsors et seulement 15% de l’état.
Quel est l’artiste que tu es le plus impatient de voir cette année ?
Jaakko Eino Kalevi, sans aucun doute (songwriter pop lo-fi signé chez Domino et précédé d’un genre de culte là-bas, notamment pour son métier de chauffeur de tram).
by:Larm, du 26.02 au 01.03 à Oslo, avec Baby In Vain, CEO, Hjaltalin, Jaakko Eino Kalevi, James Murphy (DJ Set), Jenny Wilson, Kate Boy, Naomi Pilgrim, When Saints Go Machine, Young Dreams…