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28 septembre 2022

Oasis festival dans le désert : les pieds dans le sable, la tête dans les étoiles

par Bérénice Hourçourigaray

Oasis Festival nous a propulsé en plein Sahara marocain pour profiter, le temps d’un week-end, de musique électronique dans un hôtel aménagé spécialement pour l’occasion. Myd, Agoria, Anja Schneider, Kink ont joué dos à la mer, face à une foule aussi chic qu’exaltée. 

La demi-heure de route pour arriver à l’Oasis festival est folle. Le paysage qui défile sous nos yeux est à la frontière de la science-fiction, on est plongé dans l’univers désertique de Mad Max. Des rouleaux de plantes sèches virevoltent sous l’impulsion du Chergui, le vent puissant du Sahara, du sable forment des dunes infinies : à Dakhla, la nature a tout ses droits. Il y a quelques bâtiments parsemés. Ce sont principalement des consulats, récemment construits sous l’impulsion du Maroc, pour représenter ses alliés africains qui ont exprimé leur soutien à la marocanité du Sahara Occidental. Le chauffeur de taxi alterne entre raï et Gipsy Kings, marqueur de l’importance de la culture espagnole sur ce territoire, ancienne colonie. Dans le même temps, il répond à son téléphone et intercale des expressions françaises dans son discours en arabe. Le français, cette langue qui se transforme en « butin de guerre« , selon la formule de l’écrivain Kateb Yacine, lorsque l’on sait que le Maroc a été sous protectorat français pendant 44 ans. Tous ces détails sont des marqueurs d’une identité fracturée qui va bientôt se souder sur le dancefloor.

Dakhla

© Mehdi Mounir

Des huitres, du style et du chic

Cette année le festival a testé une nouvelle formule, plus confidentielle, avec 600 personnes. Elles viennent de partout : France, Berlin, Israël, Angleterre… ça crée un joli melting-pot culturel. Mais le mot d’ordre du week-end est le même pour tout le monde : le chic. On croise des influenceurs marocains comme Karim Chater : coupe afro, moustache taillé, look vintage avec ses inimitables cols pelle à tarte. Janine Gaëlle Dieudji, directrice des expositions au musée d’art contemporain africain de Marrakech et ses tenues amples, relevée par ses talons à formes géométriques. Au Maroc, on troque ses paillettes contre des perles. Elles sont partout : autour des cous, sur les poignets, au creux des décolletés, en sticker sur le front et parfois nichées dans la coquille de l’huître que l’on s’apprête à manger. Que la fête commence !

 

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Car oui, côté nourriture, on est loin de la baraque à frittes, mais plus proche du gastronomique. On peut goûter des huîtres directement récoltées dans la baie de Dakhla et honnêtement, elles rivalisent avec celles de Normandie ! On les déguste dans l’espace intérieur du festival qui recrée l’ambiance des salons marocains : tapis au sol, poufs, fumée ambiante. Pour les grosses faims, le festival accueille des référence de la cuisine marocaine : Aniss Meski, du très novateur restaurant Mouton Noir à Marrakech et la chef Yasmina Ksikes, ambassadrice de la cuisine marocaine aux États-Unis et à Los Angeles.  Pas de bières mais plutôt de fines bulles et des cocktails servis par Le Baromètre, bar réputé au Maroc tenu par les frères Hadni. On a opté pour une « rosée du matin », une ode parfumée aux fleurs rosées aspergée de vodka. Un délice.

 

 

 

 

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Voir les pointures de l’électro, face à la mer

Le site offre une seule scène. Face à la mer. Une scène pour 10h de musique et 7 artistes qui se relaient, se répondent, partagent leur passion pour la musique. Un marathon qui commence en plein après-midi, pour se finir sous un ciel étoilé. C’était intense mais la petitesse du festival permet de facilement créer des liens, qu’on soude sur le dancefloor.

Jyoty est définitivement notre DJ favorite. Elle a su slalomer entre références qui mettent tout le monde d’accord : « Gypsy Woman« , « goosebumps » de Travis Scoot, ce bon vieux « Satisfaction« , tub des années 2000 ou encore Beyoncé tout en mélangeant des morceaux d’afro beat. « Who runs the world ? » Girls, définitivement. Quoi de mieux pour finir son set, qu’un hommage avec « Didi » de Khaled. Un hymne mondialement connu, premier morceau arabe à se retrouver en top charts en France, qui accompagne l’une des plus belles scènes du cinéma de Nanni Moretti ou encore qui a fait ouverture de la Coupe du monde de football de 2010. Les Marocains s’empressent d’aller sur le devant de la scène, se prennent par les épaules, remplis de fierté. Comme on a pu l’entendre autour de nous : « Jyoty, she killed it« .

 

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Anja Schneider, entre techno et house, pourquoi choisir ? Malgré son passage bien tôt dans la soirée (de 20h à 22h), la DJ, productrice, compositrice nous a clairement mis des étoiles dans les yeux. Tout au long du set, Anja Schneider nous fait passer de sonorités percussives chaudes à des basses plus industrielles dignes d’un sous-sol berlinois. Elle se retire avec un classe folle sur le mythique « Gotta Let You Go » de Dominica. 

Kink nous a offert le set le plus énergique qu’on ait vu cet été. Il s’écoute mais surtout, se regarde. Le producteur bulgare a livré un véritable spectacle. Il virevolte entre ses machines et va jusqu’a les tendre à son public déchainé pour laisser un ou deux chanceux s’essayer aux aléas de la musique live. Encore une fois, on a eu le droit à un sublime closing, à la frontière entre la musique électronique et le jazz. Les Français se sont aussi bien débrouillés. Myd a attendu la moitié de son set pour diffuser son hit, « The Sun« , parfaitement fusionné avec  » Get Get Down » de Paul Johnson. Toujours aussi efficace.

 

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Pour la dernière soirée, l’Oasis festival devait finir à 5h, mais Amine K a repoussé les au-revoir jusqu’a 6h30. Pour le bonheur des festivaliers qui ont donné leurs dernières forces à la lumière du petit matin. La musique s’arrête, les lumières s’allument, on commence à papoter en débriefant cette soirée magique. On entend le grésillement des enceintes, tout le monde sursaute à cause d’un faux contact, allez, juste un dernier morceau. « I’m Every Woman » de Chaka Khan retentit dans le désert, et apparaît comme une oasis face à des esseulés qui ont soif de joie, de communion et de transe. Ce morceau nous va droit dans le cœur et dans le corps. On s’élance sur la piste pour une dernière danse face à la mer. Légendaire.

Meilleure moment : quand dans la navette du retour, à 4h du matin, un marocain nous explique le conflit qui règne dans la région, qu’on avait en fait jamais vraiment compris

Pire moment : quand, affamée, on se jette sur un délicieux couscous avant d’apprendre qu’il s’agit de viande de chameau

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