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© Rémi Debreu
14 juin 2023

Nuits Secrètes nous parle de ses actions sociales et environnementales🎙

par Marion Sammarcelli

Le festival Nuits Secrètes se tiendra du 21 au 23 juillet Ă  Aulnoye-Aymerie. On a discutĂ© avec Maeva Justice, qui s’occupe des plans d’actions sociaux et environnementaux du festival, pour parler de leurs engagements RSO.

C’est bientĂ´t l’Ă©tĂ© et la saison tant attendue des festivals vient tout juste de commencer. On attendait cela avec impatience. Car oui, ‘festival’ rime avec soleil, musique, bon temps entre copain(g)s, et surtout fiesta. Cependant, dans un monde oĂą le rĂ©chauffement climatique est dĂ©jĂ  bien entamĂ© et oĂą les Ă©carts sociaux se creusent davantage, ‘festival’ rime aussi avec empreinte carbone, pollution et -parfois- dĂ©bordements. C’est pourquoi, les organisations de festivals prennent de plus en plus d’engagements RSO (ResponsabilitĂ© SociĂ©tale des Organisations). Au travers d’actions en faveur de l’environnement, de l’accessibilitĂ© puis de la sĂ©curitĂ© des publics, les festivals se tournent vers une fĂŞte plus durable et Ă©thique. Pour en comprendre les mĂ©canismes, nous avons rencontrĂ© Maeva Justice qui co-construit des plans d’action RSO au cĹ“ur de l’organisation du festival Les Nuits Secrètes. DĂ©placements, nourriture, gestion des dĂ©chets, sĂ©curitĂ©… Nous avons discutĂ© de tout ce qui se fait pour rendre le festival encore meilleur. 

 

Quelles sont vos principales actions concernant le respect et la sauvegarde de l’environnement ? Au niveau des déchets par exemple. 

Les déchets j’en parle, mais pas tellement car cela relève du réglementaire. On fait le tri car il est obligatoire. On essaye de réduire nos déchets au maximum, mais il n’y a rien que vous trouverez chez nous et que vous ne trouverez pas ailleurs. On suit la tendance, cependant on a à cœur de faire les choses bien. Par exemple, avant de faire un achat, on réfléchit d’avantage à nos besoins. On a des scénographies à base de palettes : chaque année on crée des éléments de mobilier qu’on stocke à l’année, on ne jette pas énormément de choses. On essaye de réutiliser. On utilise aussi une vaisselle compostable : cela nous permet de faire de nos déchets une matière première (les agriculteurs autour s’en servent comme engrais) et on les réduit drastiquement ainsi. Ce n’est pas révolutionnaire, mais ce sont des choses qui nous prennent beaucoup de temps à mettre en place. 

Pour le respect de la biodiversité et la pollution des eaux, on fait la chasse aux mégots. On incite les festivaliers à venir avec leurs cendriers de poche et ils peuvent même en fabriquer dans notre eco-village. 

 

© Rémi Debreu

 

Que mettez-vous en place au niveau des déplacements des artistes, du public et des équipes de Nuits Secrètes ?

Les déplacements, c’est l’impact principal de notre activité d’organisateurs d’événements. Prioritairement le public, car il est très dense. Après, nous avons un public particulièrement régional alors on est circuit-court là-dessus. On essaye aussi de le faire sur les artistes mais il faut bien qu’on arrive à promouvoir la diversité culturelle sur scène. On ne s’interdit donc pas de programmer un artiste qui pourrait représenter une culture musicale différente. Le déplacement des artistes c’est toujours compliqué car on n’a pas la main dessus. La balle est dans le camp des tourneurs, qui doivent essayer de construire un itinéraire qui réduirait leur empreinte carbone. Alors, on incite les artistes à la mesurer, c’est quelque chose que l’on met dans leur contrat. 

LĂ  oĂą on a la main, c’est sur la mobilitĂ© de nos Ă©quipes. Tout le monde vient de la rĂ©gion, c’est dĂ©jĂ  un point positif. Pour le public qui vient d’autre part, Aulnoye-Aymeries est une petite ville rurale mais elle a l’avantage d’avoir une gare. On propose des trains Ă  partir de 1€. On essaye aussi de promouvoir le co-voiturage. On ne travaille pas avec une plateforme en particulier mais on incite les festivaliers Ă  le faire. On leur met aussi Ă  disposition un comparateur de voyage : Tictactrip. Ce site leur propose plusieurs solutions de mobilitĂ©s douces pour se dĂ©faire du rĂ©flexe de venir avec leur voiture personnelle. On incite Ă©galement la pratique du vĂ©lo : un cortège partant du littoral dunkerquois qui passera par Lille et viendra au festival. Cette annĂ©e, pour nos ‘Parcours Secrets‘, on propose aux festivaliers de venir Ă  vĂ©lo Ă  Nuits Secrètes.  

 

 

Côté nourriture, boissons quels sont, pour l’environnement et le festival, les avantages de consommer local ?

L’avantage est premièrement économique : on privilégie des acteurs du territoire. C’est important pour nous de pouvoir soutenir une économie locale. Ensuite, il y a un enjeu d’empreinte carbone. En s’approvisionnant localement, on réduit les distances des livraisons. On essaye de faire comprendre aux festivaliers qu’on veut vraiment de réduire cette empreinte et on leur demande de faire des efforts pendant trois jours pour ne pas consommer de viande rouge, ou de produits exotiques. On a donc une carte food 50% végétarienne. On demande aux food trucks de proposer des recettes originales pour attiser la curiosité des festivaliers, leur faire découvrir de nouvelles saveurs. En tout cas on le voit, si on vend moins de plats carnés, cela change drastiquement notre empreinte carbone. 

Ce qu’on applique au public, on l’applique évidemment aux artistes. Ils ont un plat sur deux qui ne propose pas de viande. Et, on voit que cela ne pose pas trop de soucis. Les mentalités changent. 

 

Faites-vous un bilan carbone ? 

Le problème, c’est que l’on manque cruellement de chiffres sur tout ça. C’est tout l’intérêt de faire un bilan carbone, et c’est le travail que l’on compte faire cette année en effet. C’est une démarche volontaire de la direction qui est très impliquée dans ces questions. On a le sentiment qu’on progresse mais on a encore du mal à avoir des indicateurs quantifiés et rien n’est plus sensibilisant qu’un chiffre. Sur plusieurs années on pourra voir notre évolution. 

 

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Comment maintenez-vous une sécurité ? Avez-vous des stands de prévention ? Les équipes du festival Les Nuits Secrètes ont-elles suivi des formations ? Lesquelles ? 

La sécurité est évidemment la plus grosse préoccupation de l’organisation. On fait appel à un prestataire de sécurité, on a la Croix Rouge… On a évidemment très à cœur de chouchouter le festivalier et d’avoir une bonne qualité d’accueil. Pour moi, la base du développement durable c’est de bien accueillir. Ça ne sert à rien de faire des actions poussées si la base de l’accueil n’est pas bonne. Alors on pense aux points d’eaux, aux stands infos, préventions, ressources, aux bouchons d’oreilles, aux coins de repos…

Pour la prĂ©vention surtout on a l’espace ‘Nuits Douces‘ gĂ©rĂ© par des associations spĂ©cialisĂ©es en santĂ© et/ou dans la rĂ©duction des risques en espaces festifs. Comme par exemple Tarmac -un partenaire local-, la CPAM, le Planning Familial, le 3114 (ligne de prĂ©vention contre le suicide)… On a aussi le dispositif qu’on met en place pour les luttes contre le harcèlement et les agressions sexistes et sexuelles : on instaure un climat de bienveillance, on rappelle la loi, on incite Ă  utiliser l’application SAFER. On a aussi des ‘Safe Zones’ avec des psychologues, car souvent les personnes qui ont fait face Ă  un danger ou en on Ă©tĂ© tĂ©moins ont besoin d’un premier accueil. 

 

Quelles sont vos solutions pour rendre la culture musicale accessible Ă  toutes et tous ?

Premièrement on veut rester un festival accessible dans les tarifs. On fait également de la gratuité pour les riverains. On veille aussi à l’accessibilité sur le plan physique au niveau de l’accueil des personnes en situation de handicap. Encore une fois c’est du réglementaire, il n’y a pas à glorifier cette action, on ne devrait même pas avoir à en parler, cela devrait être complètement normal. Les personnes à mobilité réduite peuvent venir avec un accompagnateur pour le prix d’un seul billet. Cela peut les motiver à profiter de ce moment de fête eux aussi. On travail également beaucoup avec des associations de réinsertion : des personnes dans cette situation viennent donc nous aider pour la confection des repas, des décorations, le nettoyage du site… Autant faire appel à un prestataire qui agit sur l’inclusion via le travail. C’est ainsi qu’on a envie de faire notre festival. 


Qu’aimeriez-vous améliorer à l’avenir ? 

La liste est longue (rires). Tous les ans on convient d’un plan d’action pour l’année. On a deux priorités. La première serait de mettre en place des navettes payantes -à un tarif abordable- pour emmener le public au festival. Ces bus permettront de réduire l’usage de la voiture individuelle, et de rendre le festival plus accessible aux petits patelins d’à côté, qui n’ont pas de transports en commun. En un seul coup, on solutionnerait l’empreinte carbone et l’accessibilité pour tous les jeunes qui sont autour. La seconde chose serait de renforcer la viabilité du champ dans lequel le festival se trouve et de mettre plus de points d’eau. On aimerait vraiment ne plus dépendre des petites bouteilles d’eau en plastique. Et à l’avenir, on voudrait encore plus consolider les actions au niveau de l’insertion, de l’inclusion. On aimerait encore plus rassembler les gens lors des Nuits Secrètes. 

 

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