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11 avril 2013

Nina Kraviz : le bain moussant de la discorde

par rédaction Tsugi

Oui, le sujet est usé jusqu’à la moëlle, et pourtant, le fait qu’on en reparle avec autant de passion prouve qu’il existe toujours de manière insidieuse. Pour preuve, dès qu’une personnalité artistique se trouve être de sexe féminin, avec des attributs communément considérés comme attractifs, et potentiellement en position de sexualisation de son comportement et de son propos, la réaction générale, avant toute réflexion sur la situation, se rapproche la plupart du temps de la désapprobation. Et c’est ce qui est arrivé à Nina Kraviz dernièrement.

La productrice russe, qui a sorti son premier album l’année dernière chez Rekids, est passé devant la caméra de l’émission Between The Beats, produite par le site Resident Advisor. On la voit, comme le pitch de la série le propose à chaque épisode, parler de sa vie privée, de son ressenti sur son succès, bref, des a-côtés de sa vie de musicienne, faite de halls d’aéroports, de nuits ultra-courtes, de fatigue… et de bains moussants.

Qui aurait pu imaginer l’opprobre suscité par cette vidéo, et, a fortiori, cette scène d’interview dans le bain ? Bon, OK, elle se lave avec de la mousse, la belle affaire. Bon, elle est belle, et c’est une donnée objective. Oui, peut-être que le réalisateur a été un poil racoleur sur ce coup-là, on peut bien entendu se poser la question de l’utilité éditoriale de cette scène. Toujours est-il que Nina s’est pris plusieurs billets de blog bien trempés se sont rapidement mis à fleurir au seine de la « DJ community ». Citons celui de Greg Wilson, titré « Nina Kraviz, maîtresse de son propre mythe), sur le ton « que ce soit légitime ou pas, les DJ’s de sexe féminin sont placées là où elles sont avant tout pour leurs attributs, et pas pour leur talent », indiquant implicitement que ce cas de figue s’impose à Kraviz. Maceo Plex, à qui tout sourit en ce moment, a également poussé la chansonnette dans ce sens, en élevant d’autres figures féminines du deejaying qui auraient réussi sans les minauderies dont elle est accusée. Après la suppression du texte, Nina l’a reposté sur sa propre page Facebook, accompagné par son droit de réponse. Oh, et l’affaire a aussi gagné un nom : le Bubblegate. Seriously. Depuis, le débat s’enflamme et se stérilise, et – bonne nouvelle – un meme commence à émerger : nombre d’artistes, quel que soit leur camp (en admettant qu’on puisse parler de confrontation) ont depuis pris la pose dans un bain moussant pour ensuite le partager sur leurs réseaux sociaux, Teki Latex poussant le trip jusqu’au bout en repostant une petite vidéo bien sentie (produite il y a plusieurs années) qui tente de ramener de l’humour dans le débat.

 

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Pour notre part, nous avons essayé de peser le pour et le contre et le constat est évident. Nina Kraviz est une personne naturellement charmeuse, nous avons eu l’occasion de le constater en la voyant mixer, et dans cette vidéo également, OK. Mais nous avons aussi remarqué autre chose, d’encore plus fou, tenez-vous bien : Nina Kraviz, en plus d’être jolie, est extrêmement talentueuse ! Si si, on vous laisse vérifier, il y a un album a écouter, des vidéos de mix à consulter, le constat est sans appel. Quoi, comment ça, ce n’est pas le sujet ? Las, ça l’est avant toute autre chose, et le débat mérite d’être ramené là dessus avant que les langues ne dérapent vers l’inévitable débat de la place des femmes dans la société, réglé sur le papier, encore virulent au quotidien. Nul besoin d’ailleurs d’être pour la parité pour s’apercevoir que cette fille est douée dans son art, et n’importe quel macho qui trouvera qu’elle se déhanche un peu trop pour être honnête dans cette vidéo tombera sous la coupe de l’évidence si on lui bandait les yeux en lui laissant les oreilles libres. La techno s’en sortait-elle mieux lorsque les DJ’s s’écartaient des spolights ? Peut-être bien. Mais l’époque est ce qu’elle est, et Nina Kraviz en est l’une des plus talentueuses représentantes. Peace, love, et bulles de savon.

Pour les anglophiles, une excellente analyse du sujet est à lire ici.

Mathias Riquier

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