Le plus explorateur des labels de musique poursuit sa chasse aux trésors dans le monde arabe et dans certaines régions d’Afrique. Habibi Funk a livré le premier extrait de sa prochaine réédition. Cette fois-ci, direction le Liban de la fin des années 70 avec le disque Oghneya du groupe Ferkat Al Ard, dont la réédition est prévue pour le 24 juin.
Une fois n’est pas coutume, le plus funk et arabisant des labels allemands se retrouve au centre de notre actualité. En novembre dernier nous vous présentions le label Habibi Funk créé en 2015, dans les pages du Tsugi 145. Ce label allemand n’a qu’un objectif en tête : faire renaître de leurs cendres des disques oubliés des catalogues funk, punk mais aussi rock, folk ou même jazz des pays arabes. En ce mois de mai, le label du plus digger des diggers, Jannis Stürtz, a remis le couvert pour rééditer une pépite immémorée d’un groupe libanais.
Oghneya date de 1978. L’année où le talent du producteur, compositeur et pianiste libanais Ziad Rahbani a croisé la route de Ferkat Al Ard pour donner naissance à ce très chouette album. Il est un marqueur de la carrière des membres du groupe et, surtout, du guitariste Issam Hajali. Le premier extrait de la réédition »Entazerni » est d’ores et déjà disponible à l’écoute.
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Pochette de l’album © Habibi Funk
Pour la petite histoire, Habibi Funk a déjà rendu hommage au membre Issam Hajali en rééditant son tout premier album Mouasalat Ila Jacad El Ard, en 2019. Un album résolument tourné vers le folk et le rock psychédélique, deux genres où Issam se retrouve particulièrement. Contestataire de l’ultra-gauche libanaise, son positionnement dans l’échiquier politique le pousse à quitter le Liban alors que le pays est en pleine guerre civile. Il s’expatrie à Chypre en 1976, puis à Paris en 1977. C’est à son retour à Beyrouth, qu’il tape dans l’oeil du très respecté Ziad Rahbani.
Après cette rencontre, ses compositions qui étaient jusque là tombées dans l’oubli -malheureusement tout comme les noms des musiciens qui l’accompagnaient sur son premier album- furent popularisés. Le premier track de Mouasalat Ila Jacad El Ard, intitulé « Ana Damir El Motakallim », fut salué par la critique. Suite à la réédition du disque sous Habibi Funk en 2019, Radio Nova se risqua même à comparer le morceau à un « Stairway to Heaven » libanais, c’est dire… Forcément, aujourd’hui cette réédition est attendue et elle sera forcément un évènement auprès des amateurs de rock psyché libanais des années 70… -on sait que vous êtes nombreux. Alors rendez-vous le 24 juin pour les quelques initiés du style mais aussi (surtout) à tous les curieux.

© Habibi Funk