Nancy Jazz Pulsations continue de faire battre les cœurs
Du 9 au 19 octobre, la ville de Nancy accueille pour la 46ème année consécutive le festival Nancy Jazz Pulsations. Avec une programmation bien plus vaste que son nom.
Un avion qui décolle vers le soleil. Le logo du Nancy Jazz Pulsations parle de lui-même. En effet, du 9 au 19 octobre, le NJP propose un véritable voyage musical à travers les espaces et les genres.
Le nom, Nancy Jazz Pulsation, est trompeur. Celui qui ne connaît pas le festival pensera en effet à un événement 100% dédié au jazz. Plutôt logique de prime abord. Pourtant, si le genre musical a longtemps été le cœur de ce festival né en 1973, il ne représente aujourd’hui qu’environ 30% de la programmation. Bien sûr, plusieurs grands noms du jazz étaient présents durant cette 46ème édition. Avec autant “d’anciens” que de nouveaux visages. Pêle-mêle, on découvrait ou retrouvait Kokoroko, le jeune octet londonien mêlant jazz et afrobeat, l’acid jazz d’Alfa Mist, la chanteuse Hailey Tuck, le Français Léon Phal, le quintet des années 90 Belmondo ou encore le guitariste Paul Personne, le “prêcheur gospel nouvelle génération” Sugaray Rayford et le blues suédois de Bror Gunnar Jansson.
Du jazz oui, mais pas que
Si la liste de noms issus du jazz pourrait continuer, il est tout aussi intéressant de partir à la conquête des autres styles musicaux conviés dans la ville de Nancy, tantôt mêlés au jazz, tantôt en totale autonomie. Le vendredi 11 octobre, on retrouvait par exemple Aloïse Sauvage à la salle Poirel, véritable ovni musical (au bon sens du terme). Ovni, Aloïse Sauvage l’est par sa multitude de talents : comédienne, circassienne, musicienne, danseuse… Sans oublier son talent pour faire des blagues et entrer en interaction avec le public. Après plusieurs minutes de danse, essoufflée, la chanteuse boit l’intégralité de sa gourde avant d’asséner, sourire en coin : « Vous avez applaudi toute la durée de ma gourde, ça m’a évité un silence gênant, merci. » Toujours armée de son micro-volant – lui permettant littéralement de voler sur scène durant ses morceaux – elle interprétait les titres issus de son récent EP Jimy tels que Présentement, Parfois faut ou L’orage. Le tout acclamé par une standing ovation de ses fans comme des quinquagénaires présents dans la salle pour le concert suivant : Keren Ann.
Au-delà des frontières musicales, le voyage s’effectue également dans la ville du Grand-Est, au sens littéral. Pour l’événement, huit espaces étaient mobilisés, avec pour chaque une âme bien à soi. Les festivaliers sportifs pouvaient donc passer d’une salle à l’autre et d’une ambiance à l’autre dans la même soirée, tandis que les plus sages pouvaient choisir leur zone préférée et ne plus en bouger, se contentant de se régaler des différents concerts proposés. Le Hublot, scène la plus éloignée bien que seulement située à une vingtaine de minutes de la gare, était indéniablement la salle rock par excellence. La salle qui sent la bière dès l’entrée, jonchée de stickers collés aux murs, et qu’on ne peut s’empêcher d’aimer. Le 11 octobre, la salle offrait un joli combo avec The Moon Drivers, Lysistrata et le rock psyché des Psychotic Monks. À l’opposé du genre, la Salle Poirel : mini-opéra Garnier aux moulures d’exception, à quelques secondes de la gare. Le Chapiteau et le Magic Mirrors, construits pour l’occasion, se nichaient dans le célèbre parc de la Pépinière, collé à la toute aussi connue place Stanislas. Pour n’en citer qu’une dernière, L’Autre Canal, nouvelle salle située dans les anciens abattoirs de la ville, abritait notamment une des soirée rap, avec Alpha Wann, Zola et la Bergerie, ainsi que l’une des soirées dédiées aux musiques électroniques.
« Ce que j’aime avec la nouvelle génération, c’est qu’ils franchissent les frontières »
Cette dernière, organisée le samedi 12 octobre, regroupait une belle programmation. Les festivités étaient réparties entre la grande salle et l’espace club « techno ». À 22H45, on découvrait notamment le Canadien Anomalie, à la croisée du jazz et de l’électronique, à l’image de Jacob Collier. Thibaut Rolland, le nouveau directeur de la programmation, ne cachait pas son coup de cœur pour l’artiste. Entre deux concerts sous le chapiteau, il explique : « Ce que j’aime avec la nouvelle génération, c’est qu’ils franchissent les frontières. » Obsédé par le temps, l’artiste nous livrait plusieurs « pièces », comme il aime à appeler ses morceaux, notamment des nouvelles, à l’instar du remix de Try du duo new-yorkais Lawrence. Dans l’espace club, on allait ensuite écouter le brillant duo nancéen Yes is More, avant de filer avec impatience pour danser au son de MCDE, tête d’affiche de la soirée selon le directeur. Un point de vue confirmé par la foule présente sur place pour son set, teinté des années 80, de disco et bien évidemment de house. Alors que sonne 1H45, c’est au tour de Molécule de présenter ses tracks enregistrées et composées en conditions extrêmes, notamment durant un périple de 36 jours au Groenland. Le résultat : un album intitulé « -22,7°C », qui était d’ailleurs accompagné de vidéos présentant paysages et motifs hypnotiques. Sans oublier le duo néerlandais Detroit Swindle, le duo live “oscillant entre l’acid, la techno brut et l’ambiant” KLUSĀ DABA ou encore le DJ et producteur VFO89. Et la fête n’est pas finie ! Jusqu’au 19 octobre, il est encore possible de courir à Nancy pour écouter Metronomy, Pongo, Naive New Beaters, Nadia Rose et bien d’autres. Foncez.