Ils ou elles sont descendus un matin acheter des cigarettes et ne sont jamais revenus. Ces histoires de disparitions inexpliquées ont été le fonds de commerce de Jacques Pradel et de son émission Perdu de vue sur TFI dans les années 1990. Dans la musique aussi, il y a des cas étranges.
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Alain Kan
Sa famille aussi lança un appel durant l’émission pour retrouver cette pittoresque figure de l’underground français, disparue sans laisser de trace sur un quai de métro le 14 avril 1990. Avant cela Alain Kan, homosexuel affiché quand cela ne se faisait pas et, pire, toxicomane heureux qui chanta avec ironie « Heureusement en France on ne se drogue pas« , avait connu une carrière fantasque marquée par la censure de nombreux de ses titres, interdits de radio. Débutant en 1963 dans la variété, avec des chansons d’amour très classiques, il devient ensuite une des figures du cabaret L’Alcazar de Jean-Marie Rivière, l’un des creusets des avant-gardes des années 1970. Vient ensuite la période glam rock et l’obsession pour David Bowie, qu’il reprend à l’occasion. Puis le punk en 1977, avec quelques titres enregistrés avec le groupe Gazoline, où s’illustre Fred Chichin, futur Rita Mitsouko, à la guitare. Dans les années 1980, son ultime album paraît chez New Rose et il collabore avec Christophe, dont il est le beau-frère. Où es-tu Alain ?
Connie Converse
New York, fin des années 1940, la beat generation n’a pas encore pris la route. La vingtaine, Connie Converse est partie de son New Hampshire natal pour conquérir la ville qui ne dort jamais avec sa plume. Mais cette jeune femme ne se contente pas d’écrire, elle compose et chante à la guitare de drôles de chansons dans un style inédit mêlant country, blues, folk. En 1954, son ami Gene Deitch enregistre ses somptueuses compositions diaphanes, mais sans lui apporter aucune notoriété (elles ne seront rééditées qu’en 2009 dans une compilation How Sad How Lovely). Lassée, Connie quitte New York en 1961 pour rejoindre son frère professeur d’université à Ann Arbor. Au cours de la décennie suivante, Converse papillonne entre divers jobs alimentaires, et commence surtout à picoler sérieusement. Jusqu’à ce jour d’août 1974 où, après avoir envoyé des lettres à ses proches où elle déclare des envies de voyage, elle prend la route avec sa voiture. On n’a jamais eu de ses nouvelles depuis.
Jim Sullivan
Inutile de chercher ce nom au générique du mythique Easy Rider. Pourtant, ce chanteur californien a bien fait une apparition dans le film de Peter Fonda. Ce n’est pas pour cela qu’il est passé à la (relative) postérité. Dans le Los Angeles de la fin des années 1960, Sullivan traîne sa guitare dans le milieu hippie branché. Ses chansons entre folkrock psyché et pop baroque intriguent sur les albums U.F.O (1969) ou Jim Sullivan (1972). Mais ces disques, malgré leur talent évident, connaissent peu de retentissement. En 1975, Jim décide donc de quitter le Golden State pour tenter sa chance à Nashville, où on lui a donné quelques contacts. Sauf que sa voiture sera retrouvée à Santa Rosa au Nouveau-Mexique, guitares et bagages à l’intérieur, mais sans aucune trace de Jim, mystérieusement disparu. Enlevé par les aliens ? C’est l’histoire qu’il racontait des années auparavant dans la chanson « U.F.O. ». Frissons.
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Disparaître est quasiment une habitude pour cette chanteuse. Première fois, au début des années 1960. La jeune femme d’à peine 20 ans doit se marier avec le folkeux écossais Bert Jansch. Elle prend plutôt la poudre d’escampette direction le Maroc. On la retrouve quelques années plus tard en couple avec un certain Robin Williamson, avec qui elle forme le Incredible String Band, groupe psyché folk qui a l’honneur de se produire à Woodstock. Peu de temps après, installée aux États-Unis, Licorice tombe sous la coupe de l’Église de la Scientologie, elle quitte alors à la fois le groupe et son mec. Ses années 1970 se confondent entre nouveau mariage, nouveau divorce et apparitions discographiques anecdotiques. Sa sœur donne de ses nouvelles en 1990: elle se remet d’une opération chirurgicale à Sacramento. Depuis, c’est le trou noir. Certains ont cru la voir faire du stop en Arizona, d’autres en pleine forme en Californie. Avec l’ombre trouble de la Scientologie planant au-dessus de sa disparition (définitive ?)








































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