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23 mai 2016

Moby dévoile des extraits de son autobiographie

par rédaction Tsugi

Le journal britannique The Guardian a pu dévoiler, en exclusivité, des passages des mémoires de Moby – des « bonnes feuilles » comme on dit. Dans Porcelain, à paraître le 2 juin aux éditions Le Seuil, le producteur raconte ses débuts dans les années 90 à New York, les fêtes, la drogue, les échecs… Avec le recul de l’artiste qu’il est aujourd’hui, vegan, presque reclu, et avec 20 ans de plus. La sortie du livre s’accompagnera le 3 juin de la compilation Music From Porcelain, 16 titres composés entre 1989 et 1999, remasterisés pour l’occasion. Mais en attendant, il raconte ce week-end à Londres où, invité à Kiss FM et Top Of The Pops, il a dû jouer sur des claviers pas branchés, devant des kids surexcités. Récit : 

C’était en 1991, la troisième fois en deux mois que je m’envolais pour Londres, cette fois pour jouer dans une émission de la radio Kiss FM et au show télé Top Of The Pops. « Go », cette chanson bizarre que j’avais enregistré sur du matos à moins de cent dollars, était à l’époque dans le top 10 des hits au Royaume-Uni.

Le label avait envoyé une voiture pour venir me chercher à l’aéroport d’Heathrow. Après deux heures dans les bouchons, on s’arrête à l’hôtel. Sauf que ce n’était pas un hôtel. C’était une triste maison grise donnant sur une triste rue grise, dans un quartier délabré de Londres. Eric, mon nouveau manager, m’a rejoint devant la maison. Nous nous étions rencontrés à New York un an plus tôt, et je lui avais demandé de devenir mon manager, même s’il n’avait jamais vraiment fait ça avant. Il était grand, allemand, et avait l’air digne de confiance.

– « Bienvenue sous le soleil d’Angleterre », a-t-il dit sous le crachin.
– « Est-ce que c’est mon hôtel ? », ai-je demandé.
– « C’est un B&B, mon bureau est tout près. Je me suis dit que c’était une bonne idée. »

On est entré et une femme dans le hall m’a donné ma clé. Elle portait une robe beige et usée, et lisait le Daily Mirror. « Voilà votre clé », lança-t-elle d’une voix rauque. « Votre chambre est au deuxième étape, et la salle de bain est dans le hall ». Elle me tendit une serviette de bain qui avait clairement servi pendant la seconde guerre mondiale à éponger le sang des blessés des caves des hôpitaux.

– « Ok, pop star », a dit Eric. « Je viendrai te chercher à une heure. » 
– « Ok, je vais juste prendre une douche », ai-je dit.
– « La douche est à 50 centimes les cinq minutes ».

J’étais perdu. La douche est payante ? « Vous mettez une pièce de 50 centimes dans la douche et vous avez cinq minutes d’eau », a-t-elle répondu avec impatience.

Ce soir-là, Eric et moi avons conduit jusque l’Astoria. Ma loge était en fait un petit placard avec une chaise en plastique noire et deux ampoules sans abat-jour, au dessus d’un miroir. « C’est aussi déprimant que ton hôtel », a dit Eric, « le comique allemand ». « Tu devrais te sentir comme à la maison ».

J’ai regardé le planning.
– « Je joue 10 minutes ? », ai-je demandé.
– « Ouais », a répondu Eric. « Tu joues ‘Go’, et peut-être qu’après tu la rejoueras encore. »

Eric et moi marchions jusqu’à la scène. L’émission s’enregistrait dans un vieux et vénérable théâtre, mais ça ressemblait à une rave. Le public agitait des glow sticks, avait des cornes de brume et des sifflets. Sur la scène, les Dream Frequency jouaient leur hit « Feel So Real ». La scène était pleine de chanteurs, danseurs et de claviériste. La chanson sonnait extraordinairement bien et j’étais pétrifié.

Le MC a dit « maintenant, nous venant de New York, Moby Go ! ». J’avais pris l’habitude d’être présenté en tant que « Moby Go » : à cause du design de la pochette du single, beaucoup de Britanniques ont pensé que je m’appelais « Moby Go ».

J’ai couru sur la scène. La foule rugissait, mais j’ai paniqué parce que mon clavier n’était pas branché et que je n’avais même pas de micro. Ils s’en fichaient : 3000 personnes dansaient et criaient « Go ! » à pleins poumons. J’ai frappé mon clavier pas branché et ai crié « Go ! ».

La chanson s’est terminé et le MC est revenu. « Génial ! Un tube par Moby Go ! A suivre : les chouchous de Manchester, K-Klass ! ». Quelques techniciens ont couru sur la scène, ont attrapé mon clavier, et se sont précipités dans les coulisses. Je suis resté là, confus. Je ne devais pas jouer une second chanson ? « Allez mec, casse-toi de la scène putain ! », a aboyé un des techniciens. J’ai pris mes jambes à mon cou.

– « C’était super ! », a dit Eric. « Ils ont adoré ! »
– « Mais mon clavier n’était pas branché et je n’avais pas de micro… Et je ne devais pas avoir une deuxième morceau? », ai-je demandé.
– « Oh, ils étaient en retard sur le planning donc ils ont supprimé les deuxième morceaux de tout le monde. Je l’ai su quand tu étais déjà sur scène ».
– « La chanson était bien ? », ai-je demandé.
– « C’était génial ! Tu n’as pas vu la foule ? »
– « Mais je ne faisais pas grand-chose. » 
– « On s’en fiche, ils ont adoré. »

Je me suis mis à traîner et à regarder la suite de l’émission : Orbital, 808 State, The Prodigy. C’était comme écouter ma collection d’albums. Après le show, Eric m’a déposé à mon soi-disant hôtel. Il était une heure du matin et je devais être levé à 8h30 pour Top Of The Pops. Dormir aurait été plus sage, mais j’étais complètement éveillé. Je suis parti fait un tour.

La suite est à retrouver sur le site du Guardian (attention, en anglais). 

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