Matthew E. White détruit le rêve américain dans un EP glaçant
Matthew E. White sort Only In America, un EP qui met a mal l’Amérique. Le projet est accompagné du premier court-métrage de l’artiste Hampton Boyer. Ensemble, ils dénoncent les violences policières, la suprématie blanche et le racisme systémique de leur pays.
L’EP de Matthew E. White, Only In America, est une suite de 18 minutes, divisée en cinq mouvements qui ont tous la même visée : en finir avec l’american dream. Et pour ce projet, White s’est entouré des meilleurs : on y entend la voix de Lonnie Holley, un artiste avec de multiples cordes à son arc. Holley aborde l’art et la musique de la même manière : il s’agit pour lui d’improviser, d’inventer ou de réinventer des oeuvres et des chansons avec les moyens dont il dispose. Joseph, « JoJo » Clarke pour les intimes, apporte son style d’arrangeur de chœurs gospel à l’EP. Only In America se présente comme un état des lieux de l’Amérique d’hier, d’aujourd’hui et de demain et met le doigt sur les failles de ce continent, tant idéalisé. « ‘Only in America’ est une façon de s’agenouiller et de reconnaître que le rêve américain est au mieux une mythologie et au pire une violente propagande. Le privilège blanc, le racisme systémique et les violences policières sont ancrés dans la psyché américaine, ils sont la mémoire musculaire de l’Amérique, un réflexe américain. » souligne Matthew E. White.
Pour profiter au maximum de l’EP, on vous recommande de regarder le court-métrage qui l’accompagne. Car Matthew E. White s’est associé au grand Hampton Boyer pour illustrer sa musique. Ce jeune artiste peut clairement être considéré comme un avant-gardiste noir dont les œuvres sont à travers le monde, notamment au Virginia Museum of Contemporary Art. Il est reconnu pour ses nappes de couleurs vives et claires, mais aussi pour ses formes géométriques à la texture et à la composition complexes.
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Le film, qui marque ses débuts comme réalisateur, utilise son style visuel singulier pour confronter le passé et le présent de l’héritage racial et de la violence en Amérique. On apprécie particulièrement l’aparté glaçant que nous offre le morceau « When The Curtains of the Night are Peeled back« . Le court-métrage devient progressivement un éloge funèbre des innombrables citoyens américains assassinés ou mutilés par le racisme systémique. Comment montrer l’horreur ? Boyer passe par des détours abstraits qui nous magnétisent en même temps qu’ils nous affolent. » Je me suis inspiré du besoin de changement, de façon à provoquer des conversations qui continuent à évoluer vers une lumière plus vive. Je voulais que les images soient aussi fortes que la musique et que le film offre un espace captivant propice à la réflexion » déclare Hampton Boyer. Pari réussi.