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15 mai 2017

Manu le Malin à la Machine du Moulin Rouge : que c’est bon d’écouter du hardcore à Paris, pour une fois !

par Clémence Meunier

Il reste des fans de hardcore à Paris. Ils sont là, discrets, parfois au Batofar ou au Glazart pour écouter toute sorte de bass music. Mais si un ancien teuffeur ou un jeune curieux biberonné à l’Hérétik ou au Dsp souhaite assister à une soirée complètement dédiée à la hardtek ou au hardcore, il faut le plus souvent qu’il prenne le train vers le Sud – le Dock des Suds à Marseille et ses soirées « Rave » sont généralement très efficaces. Relou, donc.

Alors quand le magazine Open Minded a annoncé un set de Manu Le Malin (et non pas de The Driver, son alias techno) à l’une de leurs soirées vendredi dernier, à la Machine du Moulin Rouge, difficile de résister. Nous voilà donc accueillis par AZF… Sans vraiment la voir ! Comme souvent la Machine a en effet adopté une configuration bien particulière : le DJ-booth est placé dans la fosse, et la scène sert de dancefloor sur-élevé. Pas de DJ star donc, mais des gens qui dansent de tous les côtés ! Idéal pour une soirée où la techno énervée côtoie l’acid et le hardcore, puisque le but ici est bien de se défouler en dansant, sorte d’exercice expiatoire où toutes les galères de la semaine disparaissent dans les semelles – moins cher qu’une psychanalyse, moins gras qu’un pot d’Häagen-Dazs dévoré devant la télé… On a la catharsis qu’on peut et, franchement, un bon Spiral Tribe vaut bien un mauvais Phèdre parfois.

AZF. Crédit : Rémy Golinelli.

Après l’acid et la techno d’AZF, redoutablement efficace, voilà qu’arrive Manu Le Malin, venu en découdre avec un set hardcore – ces derniers temps, on le voit plutôt sous sa casquette The Driver, le public assez jeune de la Machine s’en retrouve donc tout excité. La (bonne) recette est toujours la même : un voyage, une vraie proposition en forme de set, sur vinyles, jouant avec les vitesses quitte à parfois se manger un pain, se rattraper, faire rêver. Côté sélection, il reste fidèle à sa réputation avec une hardtechno sombre, cinématographique… Et parfois récente, comme avec ce nouveau morceau de Sludge sorti en février dernier, de quoi rappeler que le hardcore n’est pas mort en même temps que le XXème siècle, merci pour lui. Quant à 14anger, clôturant la soirée avec deux heures de set, il aura enchaîné les titres imparables, tueurs de dancefloor, en mixant très vite, sans laisser le temps aux morceaux de lasser (même si parfois on aurait aimé ne pas passer aussi vite à autre chose, comme quand on entend « Backdraft » de Labrat), s’autorisant une belle pointe à 180 BPMs (au moins…) en toute fin de set, histoire d’achever les survivants de 6h45. Qui repartent plein de sueur, les yeux éblouis par le matin sur le boulevard de Clichy, avec une seule idée en tête : « pourquoi on ne fait pas ça plus souvent ? ».

Manu Le Malin. Crédit : Rémy Golinelli

Meilleur moment : 14anger qui balance, l’air de rien, l’improbable « Thirsty » de The Roots – (mise à jour : on nous souffle dans l’oreille que si les Roots ont bien sorti ce morceau, c’est l’originale de Thomas Schumacher – « When I Rock » -, éditée par 14anger, qui est passée ce soir-là… Ce qui revient à peu près au même morceau, mais soyons précis !)

Pire moment : tout le monde était particulièrement sympa et détendu à cette soirée, des vigiles aux barmen. Il n’y a que l’ingé lumière qui était, semble-t-il, assez sadique : régulièrement rallumer la lumière de la salle sur les coups de cinq heures du matin, alors qu’il fait 45 degrés dans la fosse et que tout le monde est en train de faire de l’aérobic, c’est franchement cruel.

 

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