« Diabolique » de L’Épée (The Limiñanas, Anton Newcombe et Emmanuelle Seigner) : l’album rock et psyché qu’on n’attendait plus
On choisit pas ses parents, on choisit pas sa famille. Quoique. Parfois, la vie fait qu’on peut la choisir, sa famille, son gang, son groupe. C’est encore mieux si les circonstances de la rencontre sont improbables, et le coup de foudre immédiat. Prenez L’Épée. En zonant devant Gossip Girl (personne n’est parfait), la chanteuse et actrice Emmanuelle Seigner entend un morceau qu’elle adore. Il est signé par les Limiñanas, duo de garage du Sud de la France. Elle les rencontre, l’alchimie est évidente, et chante sur l’un des titres de Shadow People, leur deuxième album produit par Anton Newcombe de The Brian Jonestown Massacre, qui lui-même est tombé sur leur musique via le manageur de Soko avec qui il a enregistré « Philadelphie Story », une reprise de William Sheller, pour BJM. Oui, kamoulox. Et alors ? Les quatre sont mus par le même amour du rock’n’roll, la même passion du fuzz et des tambourins à grelots, le même look à barbe pour l’un, bottines en cuir et cheveux longs pour tout le monde. Alors quand Emmanuelle Seigner a voulu travailler sur son troisième album solo, c’est naturellement vers The Limiñanas qu’elle se tourne pour la musique, avec Lionel Limiñana et Bertrand Belin aux textes (qui, tiens tiens, était déjà à la tracklist de Shadow People, pour un mystérieux « Dimanche » depuis remixé par Laurent Garnier – des membres satellites du gang ?). Ils enregistrent un album, et souhaitent se tourner vers Anton Newcombe, qui a quitté son Amérique natale pour Berlin, pour qu’il passe un dernier coup de polish au disque avant parution. Mais c’est l’amour fou du côté d’Anton, qui appose sa patte de génie psychédélique et garage sur les chansons en anglais et en français d’Emmanuelle, élevée ici en égérie sixties. Et c’est la révélation : ce Diabolique ne sera pas un album solo d’Emmanuelle Seigner, mais bien le travail d’un groupe, quatuor de passionnés de pédales d’effets qui répondra au nom de L’Épée. Le résultat sort ce vendredi 6 septembre, avant que le nouveau groupe de quinquas n’entame une tournée européenne (avec un passage au Levitation Festival d’Angers le 21 septembre ou une Cigale prévue pour le 14 décembre). Une belle genèse pour une famille que ces quatre-là se sont choisis, donc.
Et quel résultat ! Si « Un rituel inhabituel » sonne comme du BJM – un bonheur -, « Lou » rend un hommage ténu au Velvet et « Dreams » tutoierait presque les yé-yés dans la diction de Seigner. « Springfiled 61 » et son clip animé se font, eux, hyper légers et estivaux, comme une carte postale envoyée depuis la plage de Cabestany, l’antre occitane des Limiñanas située juste à l’est de Perpignan. Au long de ses dix titres et 39 petites minutes, Diabolique de L’Épée oscille entre lumière et sorcellerie, alors que Seigner chante sur le titre d’ouverture « Une Lune étrange » « I don’t want to choose between the black and white – I don’t care ». Rien à carrer, si ce n’est le bonheur d’une famille qui s’est trouvée dans d’improbables circonstances. Rock’n’roll on vous dit.
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