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17 juin 2021

đŸ•ș💃 Ma premiĂšre fois en club : les artistes racontent (ep. 1)

par Sylvain Di Cristo

Tous les Ă©tablissements ont rouverts. Tous ? Non, les clubs et discothĂšques de France patientent encore et toujours Ă  cause du Covid-19 et le temps se fait long, trĂšs long. Alors quoi nous mettre sous la dent en attendant cette rĂ©ouverture en juillet ? Bien sĂ»r les open airs, heureusement, et les festivals ! Mais aussi les souvenirs des meilleurs moments que l’on a passĂ©s dans ces salles sombres. Parmi ces souvenirs, il y en a un plus mĂ©morable que les autres, c’est celui de sa premiĂšre fois. Qu’elle soit au Panorama Bar pour ThĂ©o Muller ou au Trendy de Tournai pour Le Vrai Michel, la premiĂšre fois est toujours une sacrĂ©e histoire, qu’artistes ou personnalitĂ©s ont bien voulu nous raconter.

 

Vitalic, l’An-Fer de Dijon et l’arrĂȘt du trombone

La premiĂšre fois que je suis rentrĂ© dans un club c’était au tout dĂ©but des annĂ©es 90 Ă  l’An-Fer de Dijon, club mythique qui a crĂ©Ă© de nombreuses vocations. J’étais au lycĂ©e en seconde et notre petit groupe technoĂŻde a mis du temps avant de pousser la porte du club, entre crainte et excitation, tant la rĂ©putation du lieu Ă©tait sulfureuse. Une fois le dancefloor rempli, c’était strob et fumĂ©e Ă  fond, sans discontinuer jusqu’à la fermeture. Nous sommes vite rentrĂ©s dans une sorte d’ivresse due aux flashs du stroboscope et aux BPMs. C’était complĂštement fou, le public Ă©tait trĂšs mĂ©langĂ©, bienveillant et festif.

« J’ai eu la sensation de vivre quelque chose d’incroyable, que le monde n’existait plus et que nous Ă©tions les 500 derniers humains sur Terre. »

CĂŽtĂ© musique, c’Ă©tait essentiellement de la trance et de l’acid. J’ai eu la sensation de vivre quelque chose d’incroyable, que le monde n’existait plus et que nous Ă©tions les 500 derniers humains sur Terre, Ă  sauter et hurler dans nos vĂȘtements trempĂ©s de sueur. À la fermeture, j’ai su que c’était ça que je voulais faire – Ă©crire cette musique. Le lendemain, comme tous les samedis matins, ma mĂšre a poussĂ© la porte de ma chambre pour me rĂ©veiller et m’emmener Ă  mes cours de musique. Je lui ai dit en deux phrases lapidaires : « J’arrĂȘte le trombone. C’est fini ! » J’ai dĂ» ĂȘtre convaincant car elle a refermĂ© la porte en silence et nous n’en avons plus jamais reparlĂ©. Plus tard, elle m’offrait un Roland Alpha Juno-1 et le trombone, lui, est restĂ© pour toujours dans son Ă©tui.

 

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Le vrai Michel, les boĂźtes c’est pas son truc, jusqu’au bar/club Le Trendy de Tournai

J’habite CondĂ©-sur-l’Escaut, une petite commune du Nord de la France, ville fleurie avec trois fleurs sur le panneau, ce qui est dĂ©jĂ  pas mal. J’ai 16 ans, j’aime le foot, l’Italie, les jeux vidĂ©os et voir mes potes, comme tout ado qui se respecte. Dans mon imaginaire, je dĂ©teste les clubs, un lieu public qui pue la fumĂ©e et la transpi, qui tambourine du gros son que je dĂ©teste, des gens alcoolisĂ©s Ă  la mort… Pour un Ă©mĂ©tophobe comme moi, c’est pas si simple, et c’est pas les recommandations de ma grande sƓur Laura qui vont me faire flancher, je dĂ©teste les boites de nuits. Du moins, jusqu’à ce que ma curiositĂ© de Capricorne deuxiĂšme dĂ©can pointe le bout de son nez…

« Ma premiĂšre impression : qu’est-ce que j’fous lĂ  ? La deuxiĂšme : les filles sont magnifiques, rien Ă  voir avec le lycĂ©e wtfff elles sortent d’oĂč ? La troisiĂšme : j’ai vraiment un style de merde. »

On est en juin, ce genre de soirĂ©e chaude qu’on aime tant, elles se font rares Ă  CondĂ©. Mon cousin SĂ©bastien a eu le permis et roule en Alpha Romeo 157 bleue ciel avec la toiture teinte en noire, il est Lion, comprenez l’excentricitĂ©… Comme tous les week-ends, on passe du temps ensemble, on fait les magasins mais j’achĂšte rien, parce que de toute façon j’ai pas d’argent, mais au moins on sort de chez nous et on se sent adultes. SĂ©bastien a dĂ©jĂ  expĂ©rimentĂ© les clubs, il sort beaucoup en Belgique, il y fait ses Ă©tudes d’architecture. SĂ©bastien, c’est un peu mon grand frĂšre, mon modĂšle, alors quand il me propose de m’emmener pour la premiĂšre fois en club, j’hĂ©site l’espace de 25 secondes et j’me retrouve dans la voiture bleue excentrique. J’ai pas vraiment de goĂ»t pour les fringues, alors je mets une veste quadrillĂ©e bleue achetĂ©e chez CoolCat quelques jours auparavant, j’me sens frais, mais pas trop, faut pas abuser. Il est 23h et il dĂ©cide de m’emmener au « Trendy ». Le Trendy, c’est le bar/club branchĂ© de Tournai (jolie ville en Wallonie oĂč j’irai Ă©tudier quelques annĂ©es plus tard (comme SĂ©bastien). Je suis un peu tendu sur la route, j’ai franchement peur de me faire recaler, d’aprĂšs ce qu’on m’a dit, c’est trĂšs sĂ©lectif… Mais le destin a dĂ©cidĂ© que je tomberais en amour pour les clubs parce que ce soir-lĂ , on croise Pietro, un ami de la famille qui a toutes les entrĂ©es de tous les clubs du secteur, le gros bg avec qui toutes les filles veulent repartir, c’est lui, et lui il touche quatre mots au videur et on se retrouve Ă  l’intĂ©rieur. Vous voulez connaĂźtre ces quatre mots ? « Ils-sont-avec-moi ». 

Ma premiĂšre impression : qu’est-ce que j’fous lĂ  ? La deuxiĂšme : les filles sont magnifiques, rien Ă  voir avec le lycĂ©e wtfff elles sortent d’oĂč ? La troisiĂšme : j’ai vraiment un style de merde. J’alterne entre Ă©merveillement, gĂȘne, euphorie et sensation de pas ĂȘtre Ă  ma place. Je me sens puissant d’ĂȘtre dans le club le plus stylĂ© de la ville, et horrifiĂ© en pensant Ă  comment ces gens me voient : est-ce que je parais ĂȘtre un Ă©norme ksos ? C’est toujours particulier, la premiĂšre fois. La soirĂ©e se passe, je me dis que finalement la musique que je dĂ©teste, et bien je la dĂ©teste pas tant que ça. Souvenez-vous, je suis Capricorne, donc je suis introverti et observateur, alors forcĂ©ment je n’aborde aucune fille, je me contente de regarder. Mon cousin Lion danse sur le podium et moi je fais le piquet, pour soutenir le podium afin d’éviter qu’il ne s’effondre, peut ĂȘtre ? MalgrĂ© tout, on s’amuse, on reste jusqu’Ă  la fermeture, on refait la soirĂ©e sur le chemin du retour, on rentre au levĂ© du soleil et on se quitte, en attendant impatiemment le week-end prochain. Aucune doute, j’suis amoureux des clubs. Maintenant, il nous reste plus qu’à espĂ©rer que Pietro, tel un ange sur l’épaule, sera toujours lĂ , prĂšs de nous ❀.

 

u.r.trax, la techno comme habitat naturel

L’Ă©tĂ© 2017 est Ă©minemment mĂ©morable pour moi. J’avais 14 ans, je venais de passer mes Ă©preuves du bac de premiĂšre et j’Ă©tais contaminĂ©e par le merveilleux virus de la techno depuis une bonne annĂ©e. J’en parlais Ă  tous mes ami.e.s du lycĂ©e qui me prenaient un peu pour une tarĂ©e. Les rares amateurs de musique Ă©lectronique dans mon entourage Ă©taient plutĂŽt branchĂ©s house ou tech house que gros kicks (avant que je ne les convertisse). Avant mon premier contact avec le club, je me faufilais dĂ©jĂ  dans quelques open airs. Mais ce n’Ă©tait pas assez. Alors, le jeudi 6 juillet 2017, avec deux de mes trĂšs proches amis, nous nous rendons d’abord au Wanderlust. On profite avec insouciance d’un doux crĂ©puscule sur fond de house music. La soirĂ©e s’appelait Jeudi OK, queer, super cool. La nuit tombĂ©e, je m’approche des marches qui mĂšnent Ă  l’Ă©tage infĂ©rieur, celui des Nuits Fauves. Changement d’ambiance : c’est le « Jeudi Techno ». Pendant que mes amis partent s’acheter un billet, je descends seule les marches.

« Sans le savoir, j’avais enfin rencontrĂ© mon habitat naturel. »

Je dĂ©couvre les lieux avec beaucoup d’excitation. Je suis un peu impressionnĂ©e, mais je dois dire que mon premier sentiment est de me sentir « TRÈS COOL » (rire). J’ai du danser sans relĂąche pendant au moins cinq heures. Ce soir-lĂ , je me suis directement sentie Ă  l’aise malgrĂ© mon Ăąge. De nature trĂšs timide, je me suis dĂ©couverte extrĂȘmement sociable et confiante. Peut-ĂȘtre car, sans le savoir, j’avais enfin rencontrĂ© mon habitat naturel : un lieu, loin de tous les clichĂ©s moralisateurs de boomer, oĂč rĂšgne simplement Ă©changes, fun, fusions, dĂ©couvertes. Un lieu qui m’a formĂ©e, qui m’a libĂ©rĂ©e, qui m’a aidĂ©e Ă  m’accepter comme je suis et que je n’ai plus quittĂ©. L’ironie de l’histoire, c’est que je me suis retrouvĂ©e Ă  y travailler deux ans plus tard en tant qu’accueil artiste au sein de l’Ă©quipe de Jeudi Banco/Jeudi OK. La boucle est bouclĂ©e.

 

Felixita, beach clubbing à la niçoise, introduction en scred et bain de mer

C’est le dernier Ă©tĂ© avant d’entrer au lycĂ©e. J’ai 15 ans et je fais du secrĂ©tariat comme job d’Ă©tĂ© dans une entreprise de maçonnerie au coin de la rue. Les copains du tierchan se chauffent pour une soirĂ©e genre boĂźte sur la plage. Il faut absolument que j’y aille, ça a l’air trop stylĂ©. Tout le monde me dit de venir super bien habillĂ©e, donc je croyais que ça voulait dire mettre mes plus belles Tn, comme dans mon collĂšge Jules ValĂ©ri Ă  Nice Nord quoi. Rendez-vous devant le Florida Beach. Dans la file, les BG devant nous parient 50€ que je rentrerai jamais. Lol, impossible, on est au max avec la team. On arrive et on se fait tej, bien sĂ»r. Mon grand frĂšre passe et me montre un petit passage secret. Il faut se faufiler et escalader en soum. Heureusement que j’avais mes Tn !

« Dans la file, les BG devant nous parient 50€ que je rentrerai jamais. Lol, impossible, on est au max avec la team. »

À l’intĂ©rieur, je retrouve les BG, rĂ©cupĂšre le pactole, mais la vĂ©ritĂ© c’est que je m’ennuie Ă  mourir sans mes frĂ©rots. Donc je pioche la premiĂšre bouteille derriĂšre le bar et la glisse dans mon jogg. On se retrouve dehors, ils sont tout moisis les pauvres. Je dĂ©gaine la bouteille comme un trĂ©sor mais c’est de la tequila au piment. Alors, affamĂ©s comme des loups-garous, avec les pesetas des BG on s’offre une tournĂ©e de kebabs historique (et pas besoin d’algĂ©rienne du coup). On a fini dans la mer au lever du soleil, avec un baiser avec le carreleur mĂȘme. C’était le dĂ©but.

 

IrĂšne Dresel, James Holden et l’Ă©criture d’une destinĂ©e

Un samedi soir de juillet, mes copains m’ont emmenĂ©e Ă  une soirĂ©e Ă  laquelle je ne m’attendais pas. Nous sommes partis de chez moi dĂ©guisĂ©s. Perruques pour eux, latex rouge et couronne pour moi. Nous voilĂ  en voiture direction le Parc Floral de Paris dans le 12Ăšme arrondissement pour la soirĂ©e « We Love Border Community ». À l’époque, j’écoutais plutĂŽt de la musique expĂ©rimentale islandaise. Nous nous faufilons dans la queue. Mon ami annonce au physio les noms qu’il a sur sa liste et voilĂ  que nous atterrissons dans un univers complĂštement surrĂ©aliste avec du son tellement lourd, tellement puissant que j’en ai dĂ©jĂ  les entrailles soulevĂ©es. Il est minuit, des guirlandes de lumiĂšre inondent tout le parc, il y a un monde fou, c’est magnifique et l’excitation est grandissante. Je croise parmi la foule un ancien chagrin d’amour. Le face Ă  face est terrifiant, mon petit cƓur bondit et le choc me fait presque regretter d’ĂȘtre venue.

On continue notre avancĂ©e dans ce paradis Ă©veillĂ©, les yeux de plus en plus Ă©carquillĂ©s. Les heures filent Ă  toute vitesse. C’est alors que je vis le moment le plus fort de cette soirĂ©e. Les deux bras en arriĂšre accrochĂ©s Ă  la rambarde de sĂ©curitĂ©, Ă  cĂŽtĂ© du vigile qui me jette des regards alertes, mon corps tout entier reçoit de plein fouet le set de James Holden. Son rythme et ses notes me transpercent littĂ©ralement. J’ai perdu mes amis Ă©parpillĂ©s dans la masse de gens mais je vis pleinement mon expĂ©rience seule au milieu du son. Plus rien n’existe. Mon corps ne pĂšse plus rien. Mon ĂȘtre tout entier accueille ces mĂ©lodies qui me transcendent. Ma tĂȘte balance. Je ferme les yeux. Les minutes passent. Le set m’emmĂšne pendant un temps indĂ©terminĂ© et se termine en beautĂ©. Je sors, les oreilles bourdonnantes, chamboulĂ©e. L’herbe pleine de rosĂ©e, le jour est en train de se lever. J’erre dans le parc et retrouve mes amis comme par magie. La soirĂ©e n’est pas finie.

« Les deux bras en arriÚre accrochés à la rambarde de sécurité, à cÎté du vigile qui me jette des regards alertes, mon corps tout entier reçoit de plein fouet le set de James Holden. »

Direction le Marais Ă  Paris oĂč nous dĂ©barquons dans un after. Quelqu’un mixe dans le salon de ce grand appartement tout en longueur et je reconnais les notes du morceau qui m’avait bouleversĂ©e quelques heures plus tĂŽt. Je demande quel est le nom de ce track et une petite nana qui dansait rĂ©pond, hystĂ©rique d’adrĂ©naline : « C’est ‘The Sky Was Pink’ de Nathan Fake ! » Relent de souvenirs et d’émotions. Je danse, les heures passent et il est maintenant midi. Je commence Ă  sĂ©rieusement ressentir la fatigue, je me pose un peu dans ce que les habitants de cette collocation gĂ©ante appellent « le jardin d’hiver ». Assis en face de moi, je fais la connaissance de Gilles (Sizo Del Givry). On discute, on parle du set magistral de James Holden, il me demande comment je suis arrivĂ©e ici et si je peux lui prĂȘter ma couronne… Les prĂ©mices d’un nouveau chapitre de ma vie.

Cinq ans plus tard Ă©mergea un dĂ©sir latent, nĂ© de cette nuit-lĂ . Je veux me lancer. Je veux composer de la musique Ă©lectronique pour pouvoir faire vivre un jour aux gens ce que James Holden nous a fait vivre cette nuit-lĂ . Ma motivation est sans limite. Je quitte Paris et ses stimulations incessantes pour m’isoler Ă  la campagne et me mettre Ă  la composition et je ne lĂąche rien. Il y a un peu plus d’un an, j’ai contactĂ© le producteur britannique Nathan Fake, qui faisait lui aussi partie de ce label Border Community. Il est l’auteur de « The Sky Was Pink » (titre ensuite remixĂ© par son comparse James Holden). Nathan a acceptĂ© de remixer mon morceau « Chambre 2 » issu de mon premier album. La boucle Ă©tait bouclĂ©e, le rĂȘve devenu rĂ©alitĂ©.

 

TDJ (alias Ryan Playground), la part du clubbing dont on parle moins

Ceux qui me connaissent en surface pourraient vite s’étonner du fait que j’ai tardĂ© Ă  vivre ma premiĂšre sortie en club. J’avais 19 ans. Je n’avais pas non plus vraiment bu d’alcool avant ça. J’étais une enfant de chƓur ! J’ose croire que je le suis encore un peu, mĂȘme si mon temps en boĂźte s’est dĂ©cuplĂ© depuis. Cette premiĂšre soirĂ©e, c’était au Blue Dog de MontrĂ©al. C’est aussi Ă  ce mĂȘme endroit que j’ai jouĂ© mon premier DJ set en club. C’est un petit endroit sombre sur le boulevard Saint-Laurent oĂč on s’y sent vite entassĂ©. Ce sont mes deux meilleures amies d’alors qui m’y ont amenĂ©e. L’une d’elles n’en Ă©tait pas Ă  son premier rodĂ©o, ce qui me gĂȘnait un peu.

« Ce qui m’a marquĂ©e ce soir-lĂ , c’est l’ennui que j’ai ressenti. »

Mais ce qui m’a marquĂ©e ce soir-lĂ , c’est l’ennui que j’ai ressenti. Comme si je ne savais pas trop quoi faire, oĂč me placer, Ă  qui et de quoi parler. Comment faire pour oublier le jugement des regards ? Comment faire pour me perdre dans la musique ? N’est-ce pas ça le but de sortir ? J’ai toujours Ă©tĂ© Ă  l’aise dans l’intimitĂ©, surtout pour Ă©couter et partager de la musique. J’ai mis un moment Ă  dĂ©velopper un certain confort dans les clubs. Cette mĂȘme amie festive a continuĂ© de m’introduire aux montagnes russes de la vie nocturne qui ont fini par forger une certaine confiance en moi et en l’inconnu. À un moment donnĂ©, j’ai rĂ©alisĂ© que malgrĂ© la pĂ©nombre des petits endroits bruyants, il y a une lumiĂšre que j’arrive Ă  trouver en moi et ceux qui m’accompagnent. En fait, je crois que c’est la quĂȘte de cette petite Ă©tincelle qui me plaie dans l’idĂ©e de « sortir ».

 

Théo Muller, le choc du Panorama Bar

Ma premiĂšre et plus forte expĂ©rience de clubbing – hors du clubbing de province au New Beach Ă  St Cast – fut au Panorama Bar en fĂ©vrier 2010. Avec des potes, on revenait du club Raw Tempel quand, Ă  l’aube, j’ai voulu rĂ©aliser mon rĂȘve et aller au Berghain. Eux Ă©taient fatiguĂ©s, mais mon ami Wolfgang m’y a conduit en me laissant faire la queue, dubitatif sur ma capacitĂ© Ă  y entrer. Il y avait une soirĂ©e Rekids, au Panorama Bar seulement. PremiĂšre tentative Ă  la porte : ratĂ©, je ressemblais Ă  un ado, les yeux rouges et un bonnet sur la tĂȘte. Du coup, j’attends devant l’entrĂ©e puis retente ma chance. Encore ratĂ©… J’ai attendu de 5h Ă  7h du matin devant le club avant de retourner me frotter au vigile et de lui lĂącher : « Please, I just want to see Spencer Parker ». Et lĂ , par magie, son visage se desserre, je rentre et avance tout droit dans le club, on me fait signe que la billetterie est Ă  gauche. J’attends dans cette nouvelle queue avec la peur que Sven Marquardt ne repĂšre mon jeune Ăąge, un autre vigile m’ayant fait rentrer. C’est bon, j’ai le tampon.

« Please, I just want to see Spencer Parker. »

Je lĂąche mes affaires au vestiaire et j’arrive dans la zone. C’est Nina Kraviz qui est aux platines du Panorama Bar. Je me balade, je divague et me laisse draguer par un Allemand au bar qui me paie des verres. Je teste un peu ma sexualitĂ© ce matin-lĂ , puis mets un frein Ă  cette aventure quand il devient trop explicite sur l’issue de notre Ă©change. Il respecte complĂštement mon choix et je commence une autre aventure avec une femme, bien plus vieille que moi, en me faisant passer – devinez quoi – pour un journaliste de Tsugi en reportage ! C’est surrĂ©aliste, je flirte avec quelqu’un de 30 ans et je prends une claque monumentale en terme de son avec Spencer Parker. Les heures passent et vers midi il faut que je rentre Ă  l’appartement car notre vol retour est l’aprĂšs-midi. Je sors complĂštement hagard de cette expĂ©rience. Wow, alors c’est ça la techno… Bon, c’Ă©tait plutĂŽt de la minimale Ă  l’Ă©poque. Bref, j’arrive Ă  l’appartement, je prends un bain, pĂ©tard au bec. Mes potes se rĂ©veillent : « Ça va ThĂ©o ? T’as rĂ©ussi Ă  rentrer ? » Oh la la, j’ai des choses Ă  vous raconter ! J’inaugurais le label Midi Deux quelques semaines aprĂšs.

 

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