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30 mai 2023

Live report : Le Bon Air à Marseille, élu « Queen B2B » des festivals français

par Bérénice Hourçourigaray

Le festival qui prenait place à la Friche de la Belle de mai, offrant autant d’open airs que de warehouses, épate par son audacieuse sélection d’artistes électroniques s’alliant pour des B2B. Le festival Le Bon Air se tenait du 26 au 28 mai, Tsugi y était : on vous révèle les surprises artistiques que réservait le festival.

« Si tu as compris la Friche, c’est qu’on t’a mal expliqué ». La colle est encore suintante sur l’affiche jaune qui trône sur le mur du Nid, cet espace de safe zone pour les festivaliers éreintés, chapeauté par la Compagnie Guides gérée par Marie-Rose. Et pour Romain, qui est à la tête du collectif « Plus Belle la Nuit » et surtout, grand amateur de la Friche la Belle de Mai, « Le Bon Air a compris comment cet endroit fonctionnait. Pour vraiment appréhender le lieu, il faut se balader, voyager, et surtout ne pas avoir peur de se perdre ».

Le labyrinthe musical de la Friche

Le labyrinthe de la Friche, c’est ça, le grand point fort de ce festival. Oublions les trajets un peu ennuyeux pour se rendre d’une scène A à une scène B, qui nous rappellent à quel point nos jambes sont lourdes. Au Bon Air, tout déplacement se transforme en fête. Avec ses six scènes réparties sur trois étages, l’horizon se veut vertical. À l’image de la magnifique cascade qui coule sur un mur de lierre au milieu du festival. On grimpe, on redescend, on est alpagué par l’un des nombreux points de détente en open air pour se griller une clope. Et surtout, on se laisse surprendre par une des nombreuses surprises organisées par le festival. Alors qu’on marche à toute allure dans les escaliers pour rejoindre La Cartonnerie et assister à l’une des résidences de Darkside, des percussions se détachent du boum boum ambiant. C’est une performance de Fulu Miziki Kolektiv, qui transforme un coin fumeur en session jam.

 

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Autre pari un peu fou : une salle secrète s’est insérée dans le parcours. Elle est présente sur la TimeTable à partir de minuit, mais c’est au festivalier de découvrir son emplacement. Nul autre choix que d’explorer les lieux, pour entendre l’un des trois collectifs marseillais qui gère la programmation : Metaphore collectif vendredi, Discoquette samedi et Tropicold dimanche. Dès les premières heures du festival, ladite salle secrète est sur toutes les lèvres, devenant même une excuse pour aborder son crush en toute détente, pour les Marseillais les plus timides.

French 79

Chaque étage correspond à une ambiance, et une heure de la soirée aussi. Le toit-terrasse, lieu emblématique de la Friche de 8500 m2, offre un panorama assez dingue sur la ville, jusqu’à la mer. Pour cette édition, il était accessible pendant les deux jours, le samedi et le dimanche, de 16h00 à 23h00. C’est un peu la cerise sur le gâteau, la terrasse la plus instagrammable possible, qui te permet de décuver tranquille au soleil. Et surtout, c’est là que French 79 a posé ses valises pour deux soirs (pas fou le Simon). Le DJ, originaire de Marseille, est perché sur sa scène devant un mur de LEDs qui s’illumine au rythme de ses variations d’electropop. Avec un appareil à fumée qui déboite, nous donnant des revivals de manifs, French 79 finit par son hit, qu’il a merveilleusement réussi à réinventer en live. Six ans après sa sortie, « Diamond Veins » fait toujours autant son effet. Comme le résumait si bien notre dernière couv’ : « Marseille trop puissant ».

 

I want to B2B free

Les deux autres étages étaient animés par un même désir : mettre un point d’honneur au B2B, cette pratique de club qui réunit deux Dj et leurs univers parfois radicalement différents sur une et même scène. Vendredi soir a été marqué par l’alliance de la harpe de Bernadette et la techno lancinante et les modulations de voix de Vanda Forte.

Le festival Le Bon Air n’a pas eu peur d’associer des headliners avec des newcomers. Le B2B qu’on attendait le plus était celui de Boys Noize et de notre chouchoute Belaria. Les deux artistes affichaient une complicité dingue échangeant sourires, cigarettes, danses… Leur sélection était aux antipodes de la détente, allant de l’électro-house acéré, à la techno, en passant par des drops de trance. Nous laissant souffler 3 min ( pas plus) en reprenant « Life’s a bitch » du Prince de New-York Nas, cette escapade à plus de 140 BPM était sans doute l’un des plus beaux moments de ce festival.

 

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B2B artistiques

Essevesse

Mais le festival Le Bon Air ne s’est pas contenté de mélanger les DJ, il a aussi fait se rencontrer la musique et la danse : faisant passer de simples DJ-sets à un véritable spectacle.  Pendant que Goldie B, l’une des ambassadrices du festival, s’éclatait à remixer « Dame tu cosita » en version drum and bass avec La Dame, cette productrice bruxelloise, une dizaine de danseurs du collectif Essevesse a fendu la foule armée de leds pour qu’on les repère. Pendant vingt minutes, ils ont livré une performance aussi contemporaine que sensuelle, qui s’approchait de l’univers du collectif La Horde. Les couples ont enchainé les portés, souvent non-genrés. Merci à l’art et à Essevesse pour faire exploser les clichés.

Pour clôturer le festival, la Cartonnerie s’est transformée en ballroom, cet évènement issu de la culture afro-américaine et homosexuelle. Le hangar s’est paré d’un catwalk allant jusqu’au milieu de la salle, où la House of Revlon s’est illustrée avec son voguing survolté sur un set mêlant disco, techno et house sélectionné par… The Blessed Madonna. Oui, oui on parle bien de la « meilleure DJ féminine du monde » par Mixmag en 2016. La « Vierge Noire », icône LGBT++, était la première impressionnée par la performance des vogueurs : son visage encadré de ses épaisses lunettes noire s’illuminait au rythme des grands-écarts. L’effet est immédiat : une fièvre s’empare des danseurs, comme du public. Les habitués de la scène ballroom claquent des doigts plus qu’ils n’applaudissent, et scandent les pseudoymes des vogueurs. Le set se finira par son hymne « Serotonin Moobeams », dont les paroles du refrain « Bet I hit you with that bad bitch thunder » (« Je parie que je t’ai frappé avec cette saloperie de tonnerre ») ne se sont jamais avérées aussi vraies.

Meilleur moment : Sourire devant la différence de taille entre la perche Boys Noize et Belaria, ce qui ne les empêchait pas de sautiller à l’unisson derrière leurs platines.

Pire moment : quand un Marseillais du Bon Air nous dit d’attendre son « collègue » et qu’on cherche désespérément du regard un membre de l’équipe de staff alors qu’il s’agissait évidemment d’un simple ami…

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