Live Report : Ce jour où Leto et Guy de Bezbar se sont affrontés
Ce 5 octobre 2022 , les deux emblèmes du rap parisien Guy de Bezbar et Leto se sont affrontés lors d’un tout nouvel événement : le Redbull Soundclash. Pendant plus de deux heures, ils nous ont offert une double performance, basée sur un concept simple mais efficace. : deux rappeurs, deux scènes, un show. Les deux cracks du rap français ont profité de cette occasion pour annoncer la sortie d’un album commun et une date à l’Olympia. Que demander de plus ?
Une longue file d’attente se presse encore contre les murs du Centquatre tandis que l’évènement tant attendu se rapproche à grands pas. On s’empresse de récupérer nos bracelets presse face à un staff débordé par le monde qui s’agglutine devant l’entrée du bâtiment (et c’est bon signe). On n’a même pas fait 100 m à l’intérieur qu’on croise Di-Meh et Kanoë, venus assister à ce duel immanquable. Pour cause : ce soir, au-delà des deux hommes, ce sont deux quartiers de Paris qui s’affronteront dans la nef du Centquatre. Le rappeur Leto représentera le 17ème arrondissement (Porte de Saint-Ouen) tandis que Guy portera haut et fort les couleurs du 18ème (Barbès). Dès notre arrivée dans les lieux, les gens se dirigent d’emblée dans leurs camps respectifs, à savoir la scène rouge pour Guy ou la scène bleue pour Leto. Les deux scènes, placées aux extrémités de la salle, se font face. Au centre, une petite estrade trône. C’est là qu’on retrouve la DJ de la soirée et que le maître de cérémonie se tiendra. Et qui de mieux, pour tenir les rênes de cette rencontre, que l’inimitable Baloo, personnage atypique connu des réseaux et fin connaisseur de la sphère rap de ces dernières années.
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Baloo, à l’aise en toute circonstances, commence à chauffer la salle, comme si il avait fait ça toute sa vie. Soudain, un décompte apparaît sur les écrans respectifs des deux scènes. Le premier rappeur à débouler sur scène n’est autre que le Coco Jojo, le surnom de Guy, qui est bien évidemment accueilli comme il se doit par un public en transe. Représenter Barbès, ce n’est pas rien. Redoublement d’acclamation lorsque Leto, aussi appelé Mozart Capitaine Jackson, débarque sur la scène opposée. Les deux artistes interprètent à tour de rôle trois de leurs sons pour la première manche. Un bon moyen de tester la température du public et d’inaugurer l’applaudimètre.
Alors que la salle commence à doucement se chauffer, Baloo annonce l’heure du round two. Les deux rappeurs vont devoir interpréter un son de leur répertoire en utilisant le sample du hit ultime d’Aya Nakamura, « Pookie ». Les premières notes chaloupées du morceau résonnent, faisant danser tout le monde illico presto, tandis que Baloo hurle « C’est l’heure de prendre les numéros les gars« . Grand classique.
Pour la troisième manche, les deux artistes partent en takeover et doivent échanger leurs prods. On assiste en direct à la reprise de « Paris c’est magique » sur une instru du Guy, et ça passe franchement bien. C’est d’ailleurs à ce moment là que se forment les premiers pogos de la soirée. Pour sa quatrième manche, Baloo défie les deux rappeurs de kicker sur des prods totalement opposées à ce qu’ils ont l’habitude de faire. On découvre une version revisitée du freestyle “Guantanamo” de Leto tandis que Guy fait sauter toute la foule sur une reprise hyper dansante de “Full Black”. L’attention se redirige ensuite vers la scène bleue pour une version brésilienne de « Rihanna ». Un combo qui marche forcément bien.
Vient l’heure du round five. Un de nos préférés. Pour cette partie de la soirée, les rappeurs ont eu carte blanche. La foule réagit au quart de tour lorsque Baloo annonce la venue d’invités. On a même pas le temps de dire ouf que SDM (pépite du 92i repérée par Booba) débarque sur la scène rouge de Guy de Bezbar. Leto, lui, nous offre une reprise explosive de “Macaroni” en duo avec Da Uzi. À l’issue de cette manche les deux artistes, qui ne veulent pas en rester là, sont invités par Baloo à se rejoindre sur la petite scène placée au centre. Pour interpréter leurs sons communs (“La Calle 4”, “1 à 10”, “Trop Frais”…) Comme une clôture en apothéose au milieu du ring, qui se solde d’une annonce d’album commun et d’une date à l’Olympia. Euphorie dans la salle, acclamations, le pochette de l’album (réalisée par le seul, l’unique Fifou) s’affiche sur les écrans géants. En somme, une rencontre annoncée comme un clash qui n’était en fait qu’un prétexte pour nous permettre d’apprécier l’alchimie des deux sur scène, tout en mettant en lumière leur complémentarité. On n’a rien contre, bien au contraire.
Au final, voilà ce qu’on retient de ce Soundclash : d’un côté, une pépite du quartier de la Goutte d’Or qui, après avoir reconquis le public avec son banger « Bebeto » en 2020, s’était retrouvé propulsé sur le devant de la scène avec un premier album abouti, Coco Jojo. De l’autre coté, un diamant brut bien installé issu du duo Pso Thug qui au fil des années avait mis tout le monde d’accord, grâce à une technique infaillible et des placements parfaits. On a pu constater grâce à cette expérience qu’une incroyable synergie se dégageait de ce duo. Unis comme jamais, ils sont décidément de ceux qui ont Paris dans la peau et qui parviennent à le faire ressentir dans leurs textes, leurs mélodies, leurs attitudes. On a hâte de découvrir ce projet commun Jusqu’aux étoiles qui sortira le 11 novembre prochain et surtout, de retourner l’Olympia avec eux le 2 février 2023.
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Meilleur Moment : L’annonce de l’album, bien évidemment. Pour le coup, personne ne l’avait vue venir.
Pire Moment : Quand on est reparti du centquatre sans avoir croisé Bebeto.
Le live intégrale en replay juste ici et le premier extrait de leur futur album juste là.