Libération diffuse une tribune contre la baisse du niveau sonore des concerts
On l’oublie souvent mais le monde de la musique est aussi soumis aux aléas de la politique que les autres domaines que sont l’agriculture, la finance ou l’éducation. Un débat s’ouvre cette semaine suite à la publication d’une tribune dans Libération, dénonçant un décret, le n° 2017-1244 pour être précis, imposant une baisse du niveau sonore toléré dans les établissement musicaux et dans les évènements en plein air. Ce décret, annoncé le 7 août dernier, fût relayé par divers médias, comme Franceinfo, 20 Minutes ou Le Figaro. La tribune est lancé par une liste d’acteurs prestigieux du monde de la musique. Laurent Garnier, Jack Lang, Jean-Michel Jarre, Jeff Mills sont en tête de liste, mais signent également des festivals et des salles tels Solidays, le Hellfest, la Techno Parade, Nuits sonores ou le Rex Club parmi tant d’autres. Ceux-ci demandent le retrait pur et simple de ce décret qui doit s’appliquer définitivement le 1er octobre 2018.
Cette nouvelle réglementation est défendue par le gouvernement pour des raisons de santé publique. Il entend protéger l’audition du public en baissant le niveau sonore des salles et festivals de 105 à 102 décibels pondérés A. Comme ces dBA sont calculés selon un échelle logarithmique, cela revient à diviser le niveau sonore par deux. Le but est de protéger nos oreilles et de diminuer les nuisances sonores pour les voisins. Doivent être également mis en place des espaces ou des plages horaires pour le repos auditif. À cela s’ajoute l’obligation de proposer des solutions de protections auditives individuelles, des bouchons d’oreilles donc, d’enregistrer en continu les niveaux sonores et de conserver ces enregistrements. Cela ne signifie pas d’enregistrer à proprement parler des concerts mais d’en conserver juste la mesure sonore.
La tribune dénonce un sacrifice de la liberté artistique, cette nouvelle limitation dénaturant les oeuvres et prestations des musiciens. Selon les intervenants, celle-ci affecte particulièrement l’effet des basses, qui entrainera une chute du chiffre d’affaires suite à la désaffection du public. Les musiques reggae, dub et électroniques seront particulièrement touchées. « Vivre la musique, c’est l’entendre, l’écouter à un volume suffisant pour en être physiquement transporté. Les musiques électroniques, festives et aventureuses, fleurons de la créativité française, illustrent parfaitement ce désir d’une plénitude sensorielle. » pouvons-nous lire dans le texte publié dans Libération.
Mais ce sont les dispositions techniques qui sont également critiquées : l’installation des outils de contrôles ou des salles de repos risque de compliquer la situation financière des petits établissements qui ont déjà du mal à conserver l’équilibre. De plus, le niveau sonore peut différer en fonction de l’emplacement de la mesure, ce n’est jamais une valeur égale dans toute la salle. La disposition des enceintes serait amenée à changer… Bref un casse-tête pour les professionnels du secteur, même si l’intention du gouvernement est louable.